Rhumatisme articulaire aigü: Symptômes, Prévention, Traitement

Le rhumatisme articulaire aigu est de loin la plus dangereuse et la plus fréquente des maladies graves du jeune âge. Il peut être insidieux, parfois difficile à reconnaître, se manifestant par des symptômes si bénins que la maladie reste ignorée ; après la première poussée, il demeure souvent à l’état asymptoma­tique tout en causant des lésions cardia­ques graves.

La période d’infection active peut s’étendre sur des mois, provoquant une atteinte inflammatoire du coeur parfois très grave. Une forme plus légère d’infection est également susceptible de causer des ravages considérables. Le repos absolu au lit est donc impératif dans tous les cas.

La pénicilline, en permettant de ré­duire l’infection streptococcique, a dimi­nué les risques de cinq fois. La maladie frappe le plus souvent entre l’âge de sept et quinze ans.

Rhumatisme articulaire aigu Causes :

La maladie est déclenchée habituellement par une infection strep­tococcique (angine ou pharyngite). A ce stade, elle est infectieuse, au même titre que toute autre affection des voies respiratoires, mais lorsqu’elle évolue vers la fièvre rhumatismale, elle perd son caractère contagieux. La prédisposi­tion au rhumatisme articulaire aigu reste mal connue. On ne sait pas pourquoi certains enfants en sont frappés, alors que d’autres se rétablis­sent complètement après une angine. La maladie survient plus souvent dans les couches pauvres de la population et chez les enfants dont les parents en ont été atteints. Un enfant issu d’un milieu aisé et n’ayant aucun antécédent familial peut également contracter la maladie, mais la probabilité est plus faible.

Danger : Le risque le plus grave est une atteinte cardiaque irréversible, pouvant comporter des lésions valvulaires et musculaires. La maladie laisse parfois des déformations invalidantes ; trop souvent, elle évolue vers une issue fatale. Des parents vigilants sauront prévenir la plupart mais non la totalité des récidives.

Rhumatisme articulaire aigu Symptômes :

L’apparition peut être brutale ou insidieuse. La fièvre rhu­matismale commence à se développer lorsque l’enfant relève d’une infection streptococcique des voies respiratoires (angine). Une nouvelle montée de fièvre apparaît, accompagnée d’arthrite mi­gratrice. L’inflammation atteint en pre­mier lieu les grosses articulations, puis les petites. Les chevilles, les genoux et les poignets deviennent rouges, tuméfiés, chauds, sensibles ou douloureux. La maladie s’accompagne également de façon caractéristique d’anémie, de tachycardie, de sueurs abondantes, d’un malaise général, de perte d’appé­tit, de pâleur ; le poids reste station­naire.

Les manifestations cutanées sont cou­rantes. Elles comprennent des nodules siégeant à la périphérie des os et l’éruption sur la peau de taches arron­dies pourpres ou rouges.

Il peut y avoir parfois des saigne­ments de nez.

Les douleurs abdominales sont fré­quentes, mais en l’absence de symp­tômes plus spécifiques, elles ne consti­tuent pas, en général, un signe de fièvre rhumatismale.

Le symptôme le plus grave est la cardite, ou inflammation du cœur, et la Fibrillation auriculaire 132. Les formes sévères s’accompagnent également de toux, de douleur thoracique et d’essoufflement.

Une fièvre rhumatismale de faible intensité évoluant de façon insidieuse est une forme particulièrement dangereuse, car elle risque de passer inaperçue. La plupart des symptômes évidents sont en effet absents, sauf un pouls anormale­ment rapide. L’enfant se fatigue vite, sa croissance et sa prise de poids sont sensiblement ralenties.

Rhumatisme articulaire aigu Traitement :

Le repos absolu au lit et le traitement antibiotique sont impéra­tifs. Les médicaments comme la corti­sone ou l’aspirine ne font qu’atténuer la douleur, et leur abus peut entraîner des nausées, des vomissements et des bourdonnements d’oreille. Après la dis­parition totale des symptômes et le retour du pouls à la normale, l’enfant doit continuer à garder le lit pendant encore deux semaines (sans prendre de l’aspirine, celle-ci pouvant masquer les manifestations de la maladie).

L’amélioration se manifeste habituel­lement par une prise de poids et un regain d’appétit. L’alimentation a une grande importance, le régime devant être bien équilibré. Si l’enfant a un appétit médiocre, son alimentation de­vra comporter des compléments vitaminiques et de l’huile de foie de morue. Le traitement requiert généralement du pragmatisme et de la prudence. La fièvre rhumatismale diffère sensiblement des autres maladies. Elle suit son cours, puis disparaît, ou semble disparaître, mais peut être suivie d’une ou de plusieurs rechutes. Les récidives sont caractéristi­ques, survenant en général dans les trois années qui suivent la première crise. Leur traitement prophylactique est fon­damental, toute nouvelle poussée de rhumatisme articulaire aigu pouvant aggraver l’atteinte cardiaque.

Dans nombre de cas, l’opération chirurgicale à cœur ouvert pour réparer les valvules entraine un rétablissement spectaculaire allant parfois jusqu’à la guérison totale.

Tous les efforts doivent être faits pour éviter l’invalidité. Dès que l’enfant a surmonté la phase active de la maladie, on doit l’aider à reprendre une vie normale. Le médecin pourra déterminer s’il est capable de pratiquer les exercices physiques et les jeux de son âge. Certains praticiens laissent l’enfant déci­der lui-même de l’effort qu’il se sent en mesure de tolérer sans nuire à sa santé. Les enfants hyperactifs doivent être maintenus au calme, et les inactifs stimulés.

Durant la longue période de convales­cence, l’enfant doit rester occupé de façon utile, toute fatigue excessive de­vant cependant être évitée. Les parents devront porter une attention parti­culière à son humeur, éviter de manifes­ter une trop grande anxiété ou au contraire une gaieté forcée. Un enfant très imaginatif devra être incité à parler librement de la manière dont il ressent sa maladie. La perception qu’il en a réserve souvent des surprises éton­nantes.

L’enfant a besoin avant tout d’un environnement heureux qui puisse le rassurer et favoriser ainsi son rétablisse­ment. On n’imagine pas l’incroyable capacité de l’esprit humain a réaliser sa propre thérapie.

Hygiène de vie chez un enfant avant eu une poussée de rhumatisme arti­culaire aiguë :

  • Neuf à dix heures quotidiennes de sommeil.
  • Activités à l’air libre chaque fois que possible.
  • Aération et ensoleillement suffisants.
  • Courte sieste dans l’après-midi.
  • Maintien d’une bonne condition géné­rale, avec une attention particulière à l’état des dents, aux cas d’infections mineures et aux rhumes.
  • Régime alimentaire comprenant beaucoup de légumes, de fruits, de céréales, de poisson. Le café, le thé et les préparations alimentaires indus­trielles sont contre-indiqués. Le manque d’exercice entraîne parfois une prise de poids excessive, souvent plus néfaste qu’une prise de poids insuffisante.
  • L’aspirine, ainsi que tout salicytate, est à administrer avec précaution ; son abus peut entraîner des effets se­condaires freinant le rétablissement.
  • Faire le maximum pour que l’enfant ait confiance en ses propres capacités à combattre la maladie.

Rhumatisme articulaire aigu Prévention :

Le meilleur moyen de prévenir le rhumatisme articulaire aigu est le traitement immédiat de tout cas d’angine accompagnée de fièvre, de pus dans la gorge et d’une tuméfaction des ganglions du cou. S’il s’agit d’une infection streptococcique, le médecin prescrira sans doute des antibiotiques. Toute infection des voies respiratoires supérieures, chez un enfant, devrait être traitée avec le plus grand soin.

Un traitement adéquat peut prévenir la survenue du rhumatisme articulaire aigu ou, le cas échéant, en atténuer les effets.

Prévention des récidives : Le pronostic est très favorable si la maladie peut être limitée à la première crise, celle-ci ne comportant habituellement pas d’at­teinte cardiaque.

  1. L’enfant devra faire l’objet d’un contrôle médical suivi depuis les pre­mières manifestations de la maladie.
  2. Si après une période de rémission, l’enfant semble se fatiguer facilement, manifeste une pâleur inhabituelle ou une prise de poids insuffisante, on peut craindre une récidive comportant le risque d’une atteinte cardiaque.

Après une première poussée de rhumatisme articulaire aigu, l’enfant doit être protégé au maximum des rhumes et de toute forme d’infection des voies respiratoires. Tout en évitant une anxiété exagérée, les parents doivent faire preuve de fermeté pour le tenir à l’écart des endroits surpeuplés où abon­dent les germes s’attaquant aux voies respiratoires.

Une douleur articulaire ou une légère montée de fièvre sont des signes annonciateurs d’une nouvelle crise.

Le traitement antibiotique doit être en général poursuivi sans interrup­tion pendant huit ou dix ans après la crise.

Résultat: Il est fonction du nombre de récidives et de l’étendue des lésions valvulaires. Le traitement antibiotique prolongé a permis de l’améliorer de façon sensible, tout en diminuant consi­dérablement le nombre des rechutes. La pénicilline a réduit de dix fois l’occur­rence de l’atteinte cardiaque. Le rhuma­tisme articulaire aigu n’en reste pas moins une maladie grave, largement répandue, à l’origine de la majeure partie des affections cardiaques de l’en­fance et d’une part non négligeable de celles de l’adulte.

Lorsque la maladie se manifeste de façon chronique, plusieurs années après la première poussée de fièvre rhumatis­male, elle entraîne habituellement des déformations valvulaires atteignant une ou plusieurs valvules du coeur. Cette évolution conduit finalement vers l’in­suffisance cardiaque, des évanouisse­ments répétés et une mort subite. Le traitement le plus efficace est une intervention chirurgicale à coeur ouvert permettant de réparer les valvules at­teintes ou de mettre en place une prothèse valvulaire. Le cathétérisme cardiaque permet d’évaluer l’étendue des lésions cardiaques et valvulaires. Il consiste à introduire une sonde dans une veine jusqu’à la cavité du coeur, permet­tant ainsi de mesurer les pressions du flux sanguin.

Malgré l’altération profonde de l’état de la plupart des patients, la chirurgie du cœur obtient de bons résultats, apportant une amélioration sensible et assurant une durée de vie supplémen­taire.

Les perspectives de guérison s’amélio­rent. Les progrès du traitement et une meilleure connaissance de l’origine de la maladie apportent un réel espoir de la voir un jour disparaître.