Remontées acides

Remontées acides, si c’était de l’hypochlorhydrie ?

Quand on parle de remontées acides, on pense tout naturellement qu’elles sont dues à un excès d’acide dans l’estomac, responsable de douleurs, de sensation de brulures, parfois d’irritation jusque dans la gorge … etc. Alors que très souvent ces désagréments sont au contraire liés à des sécrétions digestives insuffisantes, notamment une production trop faible d’acide chlorhydrique : c’est l’hypochlorhydrie.

 

Dans certains cas, la sécrétion est même quasiment nulle, on parle alors d’achlorhydrie.

Problème, les symptômes de l’excès et de la carence sont quasiment les mêmes…ce qui fait que dans les deux cas on vous prescrira des anti acides ou IPP (inhibiteur de la pompe à protons) qui, non dénuées d’effets secondaires, sont totalement inadaptés s’il s’agit d’hypochlorhydrie… bien qu’il puissent paradoxalement apporter un soulagement dans les premiers temps.

Mais si l’hypochlorhydrie n’est pas prise en compte, non seulement les douleurs et le reflux risquent bien de s’installer dans la durée, mais c’est l’ensemble de l’organisme qui sera impacté.

Quels symptômes ?

Ce sont des symptômes classiques de gastrite, souvent accompagnés de troubles digestifs « bas » : transit irrégulier, syndrome du colon irritable…etc.

A cause de la mauvaise absorption des nutriments, des carences diverses peuvent être présentes : anémie, déficit en minéraux …etc.

Le reflux gastro oesophagien est souvent présent, car s’il n’y a pas assez de sécrétion acide les fermentations bactériennes s’installent et produisent beaucoup de gaz ; on a alors la sensation inconfortable d’avoir l’estomac gonflé.

C’est cette dilation qui comprime le sphincter de l’œsophage et favorise des remontées, non un excès d’acide…

La sensation d’être repu dès les premières bouchées est très fréquente.

Les symptômes sont souvent améliorés par la prise d’aliments acides : fruits, vinaigre, jus de citron, miel…mais comme la consommation d’anti acide, ce n’est surtout pas une habitude à garder car en épuisant le système digestif elle contribue à entretenir le déséquilibre.

Des conséquences étendues à tout le système digestif

L’estomac joue un rôle central dans la digestion grâce à l’acide chlorhydrique qu’il produit dans sa paroi : si cette sécrétion est insuffisante, les aliments seront mal dégradés lors de leur passage et leurs nutriments ne seront pas extraits et absorbés de façon satisfaisante par l’organisme.

L’acide chlorhydrique stimulant également la fabrication des enzymes digestives par le pancréas, c’est l’ensemble du processus de digestion qui est affecté.

De plus, sa carence favorise le développement de bactéries intestinales pathogènes. C’est la porte ouverte au syndrome du colon irritable ou à l’hyperperméabilité intestinale et son cortège de conséquence.

 

Comment l’hypochlorhydrie s’installe t’elle ?

Il s’agit souvent d’un épuisement progressif du système digestif, souvent lié à des erreurs alimentaires quotidiennes : le système digestif doit alors en permanence « faire toujours plus » et se fatigue… Attention au grignotage entre les repas : répété tous les jours, il oblige le système digestif à travailler non stop.

Une alimentation carencée en protéine peut également favoriser l’hypochlorhydrie, car c’est leur apport qui stimule la muqueuse stomacale à fabriquer de l’acide chlorhydrique.

Le stress est un facteur favorisant car l’hypochlorhydrie est également liée à un déséquilibre du système nerveux autonome ; un mode de vie stressant favorise la prédominance de la branche inhibant les sécrétions digestives.

La banalisation de la prise d’anti acide au long cours peut également favoriser l’installation d’une hypochlorhydrie, d’autant plus que leur prise n’est pas toujours adaptée.

Les IPP, pas si anodins

Près d’un quart des français en ont consommé en 2015 et pourtant une étude de l’Assurance maladie datant de 2009 estimait déjà que 15 % des prescriptions n’étaient pas justifiées.

Pire, ce chiffre monte même à 80% selon l’ANSM, lorsqu’ils sont prescrits comme complémentaire en cas de traitement anti inflammatoire (AINS). Et comme ces médicaments sont en vente libre, on imagine le pourcentage de prises injustifiées en cas d’automédication…

Selon une étude américaine [1] portant notamment sur deux molécules très courantes, (oméprazole et lansoprazole) la prise de ces médicaments sur une durée dépassant 3 mois induit une augmentation des probabilités de maladies cardio-vasculaires, rénales, et des cancers gastro-intestinaux. De bonnes raisons de les éviter si leur prise n’est pas nécessaire…

Attention la prise de plantes ou de compléments alimentaires à visée anti acides est également contre indiquée en cas de sécrétions acides insuffisantes ; alcaliniser même naturellement de façon régulière le milieu stomacal ne fera que perturber le processus de digestion. Leur prise ponctuelle est une alternative intéressante, mais leur usage prolongé ne doit pas masquer une éventuelle hypochlorhydrie.

Que faire ?

En premier lieu se rapprocher d’un thérapeute d’expérience pour mettre au point une alimentation sur mesure ; c’est la base.

Ensuite établir un programme personnalisé : gestion du stress, prise de plantes qui stimulent les sécrétions digestives (menthe, badiane, gentiane…)

Le choix d’un remède homéopathique personnalisé peut être aussi d’un grand secours.

Dans tous les cas c’est un programme personnalisé à suivre quelques mois et de bonnes habitudes à garder toute la vie… mais le jeu en vaut la chandelle !

 

Article rédigé par Marie Chetaille,
Naturopathe
Une question ? chetaille.marie@orange.fr

 

[1] Source : « Estimates of all cause mortality and cause specific mortality associated with proton pump inhibitors among US veterans: cohort study », British Medical Journal, mai 2019.