Par quels mécanismes agit la sophronisation ?

Nous pouvons agir, pour provoquer les variations des états de niveaux de conscience, essentiellement par deux voies :

La première voie est la voie corticale descendante. On sait que pour l’école pavlovienne les états hypnotiques seraient la conséquence d’une inhibition corticale due à un stimulant répété et monotone.

La seconde est celle d’une action ascendante, soit par la voie de la sensibilité générale, soit par celle du S.R.A.A., en procé­dant à l’isolement sensoriel et répétant des stimuli monotones, monocordes. De même, les ordres idéo-moteurs de relaxation musculaire, de libération des tensions, favorisent grandement le changement d’état de conscience et le passage à des niveaux plus profonds. Pour quelques auteurs, il y aurait une troisième voie aussi importante : la voie affectivo-émotive.

On sait, à l’heure actuelle, que l’hypothalamus se compose très schématiquement de deux zones : !’nue antérieure où les noyaux hypothalamiques ont une action trophotrope anabolique de repos, de récupération ; l’autre postérieure, ayant une action ergotrope de réveil, de vigilance, d’activité, de lutte. Or cette région hypothalamique présente des connexions étroites avec l’hypophyse, c’est-à-dire avec le complexe endocrino-végétativo­ émotif. Le système limbique jonc lui aussi un rôle important dans l’intégration des phénomènes émotivo-affectifs du fait de ses connexions avec le système réticulaire activateur ascendant. On sait que l’affectivité et l’émotivité sont en rapport avec l’at­tention et avec la facilité d’apprentissage. On sait aussi qu’au cours d’émotions violentes, intenses, on peut observer parallèle­ ment à des altérations importantes de la conscience une dimi­nution, voire une disparition, du tonus musculaire. Ces faits sont comparables par certains côtés à ceux que l’on observe au cours des états sophroniques. Le circuit d’Adey-Nauta, qui assure la connexion du S.R.A.A., du système limbique et des voies de la sensibilité générale, pourrait expliquer ce phénomène, de même que le circuit de Papez et McLean. Papez, en 1937, a formulé l’hypothèse de l’existence d’un circuit nerveux des émo­tions qui, quoique très conjonctural à l’époque, s’est révélé remarquablement efficace comme schéma de travail. Pour Papez,

!’hypothalamus, le gyrus cingulaire, l’hippocampe et leurs inter­ connexions représenteraient la base anatomique des émotions. Il suggère en outre que les influx peuvent être renvoyés du gyrus cingulaire vers l’hippocampe par le cingulum. Dans cette conception, les émotions peuvent venir par « incitations corti­cales » et, dans ce cas, les influx pénètrent dans le circuit par l’hippocampe, ou bien il résulte de l’excitation de !’hypotha­lamus ; dans ce dernier cas, c’est le cortex du gyrus cingulaire qui est la région réceptrice pour l’expérimentation de l’émotion en tant que résultat des influx provenant de la région hypothala­mique ; de même, l’aire striée est considérée comme réceptrice des excitations photiqnes rétiniennes.