« Toute maladie commence dans l’intestin » – Hippocrate
Hippocrate, le père de la médecine moderne, était un homme sage.
Une grande partie de son savoir, qui est actuellement vieux de plus de 2000 ans, a survécu au test du temps.
La citation ci-dessus en fait partie.
Évidemment, toutes les maladies ne commencent pas dans l’intestin. Par exemple, cela ne s’applique pas aux maladies génétiques.
Toutefois, il existe des preuves que de nombreuses maladies métaboliques chroniques commencent bel et bien dans l’intestin.
Cela a beaucoup à voir avec les différentes bactéries intestinales résidant dans notre appareil digestif, ainsi que l’intégrité de notre paroi intestinale (1).
Selon de nombreuses études, les produits bactériens non désirés appelés les endotoxines peuvent parfois « s’échapper » et pénétrer le système sanguin (2).
Quand cela arrive, notre système immunitaire reconnaît ces molécules étrangères et prépare une attaque contre elles, ce qui résulte dans des réponses inflammatoires chroniques (3).
Cette inflammation provoquée par l’alimentation peut provoquer une résistance à l’insuline (conduisant à du diabète de type 2), une résistance à la leptine (causant l’obésité), à une stéatose hépatique, et a été sérieusement reliée à une grande partie des maladies les plus graves au monde (4, 5, 6).
Gardez à l’esprit que c’est un domaine de recherche qui se développe rapidement. Aucune réponse claire n’a été trouvée pour l’instant, et il y a des chances que la science soit complètement différente dans quelques années.
Qu’est-ce qu’une inflammation, et pourquoi vous devriez vous en occuper
Juste pour être certain que nous sommes tous sur la même longueur d’onde, je souhaite expliquer brièvement ce qu’est une inflammation.
Je ne rentrerai pas dans trop de détails, car les inflammations sont extrêmement compliquées.
Elles impliquent des dizaines de types de cellules et des centaines de molécules de signalisation, qui communiquent toutes de façon très complexe.
Expliqué simplement, une inflammation est une réponse du système immunitaire à des envahisseurs étrangers, des toxines ou une lésion cellulaire.
Le but d’une inflammation est d’affecter la fonction des cellules immunitaires, des vaisseaux sanguins et des molécules de signalisation, pour initier une attaque contre les envahisseurs étrangers ou les toxines, et commencer à réparer les structures endommagées.
Nous connaissons tous les inflammations aiguës (à court terme).
Par exemple, si vous êtes piqué par un insecte, ou si vous cognez votre gros orteil contre le pas de la porte, vous serez enflammé.
La zone deviendra rouge, chaude et douloureuse. C’est une inflammation en action.
Une inflammation est généralement considérée comme étant une bonne chose. Sans elle, les bactéries et virus pathogènes pourraient facilement prendre le contrôle de notre corps et nous tuer.
Toutefois, il existe un autre type d’inflammation qui peut être dangereux, car il est déployé de façon inappropriée contre les cellules du corps (7).
C’est un type d’inflammation actif tout le temps, et qui peut être présent dans votre corps entier. On l’appelle souvent inflammation chronique, inflammation de bas grade ou inflammation systémique (8).
Par exemple, vos vaisseaux sanguins (comme vos artères coronaires) peuvent être enflammés, ainsi que la structure de votre cerveau (9, 10).
On pense actuellement que l’inflammation systémique chronique est l’un des principaux moteurs de certaines des maladies les plus graves au monde (11).
Cela comprend l’obésité, les maladies cardiaques, le diabète de type 2, le syndrome métabolique, la maladie d’Alzheimer, la dépression et de nombreuses autres (12, 13, 14, 15, 16).
Toutefois, nous ne savons pas exactement ce qui cause l’inflammation en premier lieu.
Conclusion : L’inflammation est la réponse du système immunitaire aux envahisseurs étrangers, aux toxines et aux lésions cellulaires. On pense que l’inflammation chronique, qui implique le corps entier, est le moteur de nombreuses maladies mortelles.
Endotoxines ; ce qu’il se passe dans l’intestin devrait rester dans l’intestin
Il y a plusieurs billions de bactéries dans l’intestin, connues collectivement sous le nom de « flore intestinale » (17).
Certaines de ces bactéries sont amicales, d’autres non.
Ce que nous savons, c’est que le nombre et la composition des bactéries intestinales peut grandement affecter notre santé, qu’elle soit physique ou mentale (18).
Certaines des bactéries dans l’intestin contiennent des composants appelés lipopolysaccharides (LPS), aussi connus sous le nom d’endotoxines (19).
Ce sont de grandes molécules qui se trouvent dans la paroi cellulaire des bactéries appelées bactéries à Gram négatif (20).
Ces substances peuvent causer une réaction immunitaire chez les animaux. Lors d’une infection bactérienne aiguë, elles peuvent conduire à de la fièvre, à une dépression, à des douleurs musculaires et même à des chocs septiques dans de graves cas (21).
Toutefois, ce qui n’est pas aussi connu c’est que parfois ces substances peuvent « s’échapper » de l’intestin et se rendre dans le système sanguin, soit constamment soit juste après les repas (22, 23).
Quand cela arrive, les endotoxines activent les cellules immunitaires via un récepteur appelé toll-like receptor 4, ou TLR-4 (24, 25).
Les quantités sont trop faibles pour causer les symptômes d’une infection (fièvre, etc.), mais elles sont suffisamment importantes pour stimuler une réponse inflammatoire chronique, qui peut faire des ravages dans le temps (années, décennies).
Une perméabilité intestinale accrue peut ainsi être le mécanisme clé derrière les inflammations chroniques provoquées par l’alimentation.
Quand les taux d’endotoxine dans le sang augmentent jusqu’à des taux qui sont 2-3 fois plus importants que la normale, cet état est appelé « endotoxémie métabolique » (26).
Les endotoxines peuvent soit être transportées dans la circulation sanguine avec la graisse alimentaire, ou peuvent fuir des jonctions serrées supposées prévenir les substances non désirées de passer dans la paroi intestinale (27, 28).
Conclusion : Certaines bactéries dans l’intestin contiennent un composant de la paroi cellulaire appelé lipopolysaccharide (LPS), ou endotoxines. Ces substances peut s’échapper dans le corps et provoquer une réponse inflammatoire.
Une mauvaise alimentation peut causer une endotoxémie, qui peut être le point de départ d’une maladie chronique
Une grande partie des études sur l’endotoxémie a injecté des endotoxines dans le système sanguin d’animaux de test et d’humains.
Ces études ont montré que cela conduit à une manifestation rapide d’une résistance à l’insuline, un élément essentiel du syndrome métabolique et du diabète de type 2 (29).
Cela entraîne également une augmentation immédiate des marqueurs de l’inflammation dans le sang, indiquant qu’une réponse inflammatoire a été activée (30).
Il est intéressant de noter que les études ont également montré qu’une mauvaise alimentation peut causer une augmentation des taux d’endotoxines dans le sang.
La majorité de ces études ont été effectuées sur des animaux de test, mais il existe quelques études sur des humains également.
Selon une étude sur les humains, comparant une alimentation « occidentale » à une alimentation « prudente » pauvre en matières grasses (31) :
« Faire suivre à 8 sujets en bonne santé une alimentation à l’occidentale pendant 1 mois a provoqué une augmentation de 71% des taux d’activité des endotoxines dans le plasma (endotoxémie), tandis qu’une alimentation prudente a réduit ces taux de 31% ».
Il existe également de nombreuses études sur des animaux suggérant qu’une alimentation « riche en matière grasse » à long terme peut causer une endotoxémie, et résulter en une inflammation, une résistance à l’insuline, l’obésité et en une maladie métabolique (26, 32, 33).
De nombreuses études sur des humains ont également montré que les taux d’endotoxines augmentaient après avoir mangé un repas malsain. Cela peut aussi être observé avec de la crème pure, et à la fois des repas riches et modérément riches en matière grasse (22, 34, 35, 36, 37).
La plupart des alimentations/régimes « riches en matière grasse » contiennent également des hydrates de carbone raffinés et des ingrédients industriels, ces résultats ne devraient donc pas être généralisés à une alimentation pauvre en glucides et basée sur de vrais aliments qui inclut beaucoup de fibre.
Certains chercheurs pensent que les hydrates de carbone raffinés augmentent les bactéries produisant les endotoxines, ainsi que la perméabilité intestinale, exerçant une « double pression » sur l’exposition aux endotoxines (38).
Il existe une étude à long terme sur des singes montrant qu’une alimentation riche en fructose raffiné peut également causer cela (39).
Le gluten, via ses effets sur la molécule de signalisation appelée zonuline, peut également accroître la perméabilité intestinale (40, 41).
En fin de compte, nous ne savons actuellement pas exactement quelle partie de l’alimentation cause une endotoxémie.
Cela semble être le résultat de plusieurs facteurs, comprenant à la fois les composants alimentaires et les différentes bactéries qui résident dans l’intestin, ainsi que de nombreux autres facteurs.
Conclusion : Les études chez les animaux et les humains ont montré qu’une alimentation malsaine peut augmenter la quantité d’endotoxines trouvée dans le système sanguin, ce qui pourrait conduire à une maladie métabolique.
En résumé
Malheureusement, les inflammations sont incroyablement complexes, et la façon dont elles sont liées à l’alimentation commence tout juste à être explorée.
Aucun agent alimentaire spécifique n’a été identifié, et il y a des chances pour que ce soit la « totalité » de l’alimentation et du mode de vie qui les influencent.
J’aimerais pouvoir vous offrir une liste d’aliments à manger, ou d’aliments et ingrédients à éviter, ou de compléments alimentaires à prendre. Mais la science n’y est tout simplement pas encore.
Notre meilleur conseil est de vivre une vie saine, avec beaucoup d’exercice et un bon sommeil.
Une alimentation basée sur de vrais aliments avec de nombreuses fibres prébiotiques est essentielle, avec un accent mis sur le fait de diminuer les cochonneries industrielles.
Un complément alimentaire probiotique peut également être utile, et certaines études montrent que les probiotiques peuvent aider à réduire l’endotoxémie et les inflammations en résultant (42).
Les aliments probiotiques, comme le yaourt avec des cultures actives ou vivantes, le kéfir et la choucroute peuvent également aider.
En fin de compte, les inflammations causées par des endotoxines bactériennes pourraient être le « lien manquant » entre une alimentation malsaine, l’obésité et toutes les maladies métaboliques chroniques qui nous tuent par millions.
Vous avez aimé cet article? vous aimerez probablement celui là: Comment ça, nous avons un deuxième cerveau ?
Sources et crédit photo :
https://fr.wikipedia.org/ https://authoritynutrition.com/
[/signinlocker]