L’utilisation des fruits dans la pharmacopée traditionnelle chinoise

La Chine est très riche en fruits comestibles.

Les botanistes en dis­tinguent plus de trois cents espèces, réparties en deux catégories : les fruits secs (gousses, capsules, akènes) et les fruits charnus (drupes, baies), recherchés à la fois par les gastronomes et les phar­maciens.

Au Nord comme au Sud, toutes les parties du fruit sont utilisées en médecine. Les traditionalistes ont sélectionné soixante­dix-neuf espèces de «fruits médicaux» (Fructus Aristolochiae, Fructus Broussonetiae, Fructus Crataegi, Fructus Daturae, Fructus Evodiae, Fructus Forsythiae, etc.).

Nord

Les arbres fruitiers du Nord, du Nord–Est et du Nord-Ouest – à l’exception du jujubier (le fruit contient un glucide, le ziziphoside, et de la vitamine C) et du kaki – sont connus des consommateurs occidentaux. Nous citerons les poires, les pommes, les pêches, les prunes, les abricots et les raisins. Mais parmi les produits locaux, la poire La-yang de la province du Chan-tong est très appréciée. Les « tétines de vache » du Ho-pei sont des raisins cultivés à Siuan-houa. Il faut les différencier des raisins blancs de Tourfan, sans pépins, des­tinés principalement à la fabrication des raisins secs. Les remarqua­bles pêches (symboles d’immortalité) du Chan-tong, qui proviennent de FeHcheng, atteignent aisément une livre.
Ye To-kiun a consacré, voici une dizaine d’années, de nombreuses monographies à la pomologie régionale.
La pomme est diurétique et dépurative. Elle contribue à la baisse de l’azote. Les Anciens connaissaient parfaitement les vertus diuré­tiques de la pomme et ses effets dépuratifs, écrit Jean Valnet. Ils les utilisaient de ce fait très fréquemment.

Or, de nombreuses expéri­mentations ont, depuis, permis de démontrer que l’usage de ce fruit entraîne effectivement une baisse de l’azote résiduel du sérum, avec une augmentation du potassium et de la réserve alcaline. On sait maintenant que grâce à ses sels potassiques et à son tanin, la pomme s’oppose à la formation de l’acide urique et qu’elle se trouve in­diquée chez les goutteux et les lithiasiques urinaires de variété urique.

Centre

Le bassin du Yang-tseu se place également parmi les producteurs importants. Les fruiLs juieux et sucrés du Tchêi-kiang ei àu Kiang­sou se caractérisent par une peau fine. On connaît la pêche de Fong­houa, la prune vineuse de Tong-hiang, la nèfle de la région du lac T’ai-hou, l’arbouse de Chao-hing et de Siao-chan, la mandarine de Nan-fong dans le Kiang-si, qui ne dépasse pas la grosseur d’une balle de ping-pong. Ce fruit savoureux, dénué de pépin, est appétis­sant.

Sud

La Chine méridionale, du fait de la variété de son climat qui s’étend de la zone tempérée à la zone tropicale, produit en abon­dance les agrumes, le Litchi, le Longan, la banane et l’ananas. Les grosses oranges de Swatow (province du Kouang-tong) excèdent parfois la livre. Les Rutaceae sont souvent indiqués en médecine : l’oranger, Citrus A urantium L., – carminatif; le cédratier, Citrus Medica L., – stomachique; le mandarinier, Cilrns Nobilis Laur.,-· digestif. Et le Citrus du Kouang-tong, dit « en forme de doigt de Bouddha » : (Fructus Citri sarcodactyli) est béchique et stomachique.
A Tseng-tch’eng (Province du Kouang-tong), les Litchi, charnus et juteux, ont la peau rouge près de la queue et verte à la partie infé­rieure du fruit. Ils approchent la taille d’un œuf. Les « Yeux de Dra­gon», appelés en dialecte cantonais Langan, sont exploités à Pou­tien dans la Province du Fou-kien. Ils ressemblent aux Litchi, mais leur chair transparente est moins parfumée.

Le Yang-t’ao, vulgairement appelé « Groseille à maquereau de Chine » est l’Actinidia Chinensis Planch. C’est le fruit le plus riche en vitamine C. Il résiste à la sécheresse et croît un peu partout clans le Kouang-si, le Kouei-tcheou, le Tchô-kiang et le Fou-kien. Trans­porté dans des conditions de sols moins favorables, il s’est bien pro­pagé à l’étranger et s’est parfaitement accommodé du climat français.