Le triple réchauffeur en médecine traditionnelle chinoise

Le triple réchauffeur

Le « triple réchauffeur » (San-tsiao) était, comme son nom l’indique, producteur de chaleur. Il correspondait à la triple activité des systèmes respiratoire, digestif et génito-urinaire. Le réchauffeur supérieur (Chang-tsiao) était en rapport avec l’œsophage. Le réchauffeur moyen (Tchong-tsiao) était assimilé à la cavité gastri­que. Le réchauffeur inférieur (Hia-tsiao) était confondu avec l’urètre. Le système du « triple réchauffeur » n’a pas toujours reçu les mêmes définitions. Il s’agit en général de trois étages du tronc, sus-diaphrag­matique, sus-mésentérique et sous-mésentérique.

LE CŒUR

Quand les battements sont très fréquents et très forts, on dit qu’ils sont de type Yang. La respiration est lente, les membres sont froids, la sudation est accrue. On observe une pâleur chez le sujet et une précordialgie. La langue est couverte d’un enduit blanc. Le pouls est faible. Il convient alors de conseiller une médication chaude et tonifiante. On prescrit le Foutseu (Radix Aconiti) le Kouei Tche (Cortex Cinnamomi) le Tang chen (Radix Codonopsitis) le Siuan tsao-jen (Semen Zizyphi), etc.

Dans les palpitations de type Yin, le patient est angoissé. Il souffre d’insomnie. Sa bouche est sèche et son pouls est fin. Dans ce cas, il est nécessaire de « nourrir » le Yin avec le Tang-kouei (Radix Angeticae sinensis), le Pai-chao (Radix Paeoniae lactiflorae) ou le Semen Zizyphi…

L’inflammation est traitée à l’aide de Houang-tien (Rhizoma Cop­tidis), de feuilles de bambou et de graines de lotus.

LE FOIE

Le foie est un organe très important : on dit qu’il s’ouvre « sur la cavité de l’œil ». Quant l’ictère ou jaunisse apparaît aux conjonctives, on diagnostique traditionnellement une insuffisance Yin. On ordonne les plantes cholérétiques qui stimulent la sécrétion biliaire, et les cholagogues qui facilitent l’évacuation des voies extra-biliaires (Artemisia capillaris, Curcuma longa, Paeonia albiflora, Taraxacum officinale, etc.).

 

LA RATE

li est ici important de connaître la signification exacte des termes techniques. Ce qu’on appelle le « vide de la rate », par exemple, n’est rien d’autre qu’un affaiblissement de la mobilité de la rate, et cela se traduit par le vomissement, la constipation et le ballonnement. Le traitement doit être fortifiant. On prescrit le Tang chen (Radix Codonopsitis), le Pai-chou (Rhizoma Atractylodis macrocephalae), le Chan-yao (Rhizoma Batatatis), etc.

 

LES POUMONS

Une déficience du «souffle» des poumons se signale par une toux grasse et une insuffisance respiratoire. Là aussi, la langue est chargée (porteuse d’un enduit blanc). Le pouls est faible. On doit tonifier le « souffle » (K’i) avec le Tang-chen (Radix Codonopsitis), le Haï-eut chen (Radix Pseudo-stellariae) ou le Houang ti (Radix Astragali).

Il ne faut pas confondre te symptôme précédent avec l’insuffisance Yin des poumons, marquée par une toux sèche et une élévation de température. Dans ce cas, la langue est rouge, le pouls est fin. Il faut donc « humidifier » les poumons et c’est la raison pour laquelle on recommande le Cheng-fi (Radix et Rhizoma Rehmanniae), le Pai-ho (Bulbus Lilii), le T’ien-tong (Radix Asparagi), le Mai-long (Radix Ophiopogonis), le Pei Cha-chen (Radix Glehniae) et le ti kou p ‘i (Cortex Lycii radicis).

 

LES REINS

Le rein, viscère pair, est l’organe le plus important de la médecine traditionnelle chinoise. Lui aussi est étudié sous son aspect Yin ou sous son aspect Yang. Parmi les maladies s’y rappor­tant, on distingue le « vide Yang des reins », que la clinique assimile à un « affaiblissement du feu du Ming-men » (Porte du destin), sym­bole de la fonction rénale (fonction d’élimination).

Les douleurs de la région des reins se répercutent au niveau des oreilles (bourdonnements, surdité). Elles expliquent l’intérêt nouveau de l’auriculo-médecine ». La lombalgie peut se compliquer en scia­tique et être traitée par une cautérisation du pavillon de l’oreille.
Dans le traitement du rein par les plantes, on indique, en cas de « vide Yin, la décoction des six drogues :

l. Cheng-ti (R.adix et Rhizoma Rehmanniae),

2. Chan yu-jeou (Fructus Cami),

3. Chan-yao (Rhizoma Batatatis),

4. Tan-p’i (Cortex Moutan),

5. Fou-ling (Poria),

6. Tso-sié (Rhizoma Alismatis).

Quant au « vide Yang » du rein, il est traité avec les six drogues précédentes, auxquelles on ajoute le Fou-tseu (Radix Aconiti) et le Jeou kouei (Cortex Cinnamomi).

L’ESTOMAC

L’embarras gastrique fébrile est caracterisé par une soif intense et une langue saburrale. Le pouls est ample. On constate l’insuffisance des évacuations intestinales et d’autre part, l’enflure des gencives, qui sont douloureuses. La bouche est sèche. Chez les sujets constipés, l’haleine est fétide et la langue jaune. Il faut purifier l’estomac et disperser le « feu » avec le Tche-mou (Rhizoma Anemarrhenae), les feuilles de bambou et le Ta-houang (Rhizoma Rhei).

L’embarras gastrique, sans fièvre mais avec renvois acides, s’accompagne d’un manque d’appétit et de constipation. La langue saburrale est associée à un pouls glissant.

L’INTESTIN GRÊLE

L’intestin grêle, qui prolonge l’estomac, est l’organe d’absorption des aliments. On doit donc combattre sa déshydratation, s’il y a lieu. Lorsque l’entérite se complique de trou­bles fonctionnels, on préconise les drogues dites , « humides » : Mou­t’ong (Caulis Hocquartiae), Mao-ken (Rhizoma Imperatae), Chan­tche (Fructus Gardeniae) et Tcho-ts’ien tseu (Semen Plantaginis). Dans les états fébriles, on ajoute du Houang-lien (Rhizoma Copti­dis). On traite également la diarrhée au moyen de drogues dites éva­cuantes: Plantago asiatica, Alisma plantago aquatica var. orientale, Pachyma hoelen avec du riz …

LE GROS INTESTIN

C’est le siège de la constipation. L’insuffi­sance d’évacuation intestinale et ses complications (douleurs intesti-
nales) sont justiciables du Semen Uni, du Semen Prinsepiae, du Tang-kouei (Radix Angeiicae sinensis) et du Trichosanthes. La pré­sence de sang dans les matières étant anormale, l’hémorragie est combattue avec le Houai-houa (Flos Sophorae) et le Ti-yu (Radix Sanguisorbae).

LA VÉSICULE BILIAIRE

Une crise douloureuse peut se mani­fester avec fièvre, nausées et vomissements. La « bouche amère » est un signe avertisseur. On recommande particulièrement le H ouang­k’in (Radix Scutellariae). Il est souvent associé au Tch’ai-hou (Radix Bupieuri) et au Pan-hia (Tuber Pinelliae).
Le traitement de la vésicule biliaire est étroitement lié à celui du foie.

LA VESSIE

La rétention et l’incontinence tiennent les premières places dans les troubles du fonctionnement de la vessie. Comme, en général, la fièvre ou la maladie diminuent sensiblement la quantité d’urine, on a fréquemment recours à toutes sortes de diurétiques : Haï kin cha (Spora Lygodii), Mou-t’ong (Gaulis I-locquartiae), Chan-tche (Fructus Gardeniae), Houang-pai ( Cortex Pheilodendri), etc. Certaines plantes sont également réputées pour faciliter l’expul­sion des concrétions de la vessie. Ainsi du Tong k’ouei tseu (Semen abutili), du Haï kin cha (Spora Lygodii) et du Nieou-si (Radix Achy­ranthis).

LE TRIPLE RÉCHAUFFEUR

Le «triple réchauffeur» (San­tsiao) est, comme nous l’avons vu, réparti en trois étages. La partie supérieure correspond au cœur et aux poumons. La partie moyenne à la rate et à l’estomac. La partie inférieure correspond au foie et aux reins. Cet organe joue un rôle essentiel dans l’élimination des sécrétions. Pour les troubles attribués à un défaut de fonctionnement du triple réchauffeur, on recommande spécialement le Lien-k’iao (Fructus Forsythiae), le Tch’ai-hou (Radix Bupleuri), le Ti-kou p’i ( Cortex Lycii radicis), le Ts’ing-p’i ou « Peau verte» (Fructus Aurantii immaturus) et le Fou-tseu (Radix Aconti).
Dans tous les ouvrages classiques les cinq viscères et les six orga­nes sont indiqués en concordance avec les cinq éléments.