Syphilis précoce (primaire et secondaire) : Symptômes, Prévention, Traitement

Syphilis précoce : primaire et secondaire

Bien que considérablement moins répandue que la blennorragie, la syphilis est une maladie beaucoup plus grave, l’un des plus mortels ennemis de l’hom­me. Dans ses formes précoces, primaire et secondaire, c’est une maladie plutôt bénigne. Mais si elle n’est pas traitée à ce stade, elle risque de rester asympto­matique pendant des années, dix ans, parfois plus, pour soudainement se manifester à son dernier stade, la syphilis tertiaire, redoutable et meur­trière. Pas un organe n’est alors épargné : le coeur, l’aorte, le cerveau, les yeux, le système nerveux central, la colonne vertébrale, les os, la peau, les testicules, le foie, l’estomac le larynx, la trachée sont atteints.

La honte que suscite la syphilis, l’ignorance et le manque de soins dont elle est l’objet en font encore, hélas, une maladie grave de notre époque, alors qu’il est si simple de la traiter à ses débuts, parfois par une unique injection de pénicilline.

Le Treponemapallidum, agent patho­gène de la syphilis, de forme spiralée, est très actif. La maladie se transmet par contact sexuel direct ou quasi direct. Actuellement, le nombre de sujets at­teints augmente sensiblement, pour la plupart des adolescents de quatorze à dix-huit ans qui, dans l’ensemble, ne consultent pas à temps, soit par igno­rance, soit par peur des réactions familiales. En l’occurrence, la colère des parents est beaucoup plus grave que la faute incriminée, la contamination étant purement accidentelle.

Nombre de cas infectieux, particuliè­rement chez la femme, ne sont jamais décelés ni traités, malgré la discrétion qu’assurent les médecins pour diagnosti­quer la maladie et soigner les deux partenaires.

L’incubation est habituellement de dix à trente jours, mais peut parfois durer jusqu’à trois mois. Les symptômes secondaires apparaissent de quatre à six semaines après les symptômes pri­maires.

Danger : Non traitée, la syphilis évolue tardivement au stade tertiaire, entraî­nant des lésions extrêmement graves, telles que les atteintes cardiaques, la sénilité précoce, la cécité, la surdité, les difformités, le tabès (incoordination des mouvements), enfin, diverses formes d’invalidité.

Syphilis précoce Symptômes :

Le premier signe est l’apparition d’un chancre (ulcération), papule indurée, rouge et légèrement en relief, siégeant au point d’innoculation, en général sur les parties génitales (verge ou vulve), mais parfois autour des lèvres, dans le pharynx ou dans l’anus. Ce chancre, dur et indolore au toucher même quand on le presse, s’ulcère rapidement. L’exsudat est clair et sem­ble superficiel, alors qu’en réalité il pénètre profondément dans les tissus, répandant le germe dans le sang et la lymphe. Les ganglions lymphatiques de l’aine se tuméfient.

Parfois, le chancre au stade primaire est inexistant ou si petit qu’on risque fort de le prendre pour un simple bouton. Ce cas s’observe plutôt chez la femme que chez l’homme. Toute lésion sur les parties génitales ou autour des lèvres est donc suspecte et doit faire l’objet d’une recherche de Treponema pallidum.

Le chancre, qui ne siège que sur les parties génitales ou la bouche, cicatrise spontanément au bout de trois ou quatre semaines s’il n’est pas traité. Il ne s’agit pas là d’une guérison. En effet, la maladie est en train d’évoluer vers son stade secondaire, avec des symptômes autrement plus sérieux qui vont affecter tout l’organisme.

Plus d’un tiers des cas de syphilis atteignent le stade secondaire, qui se manifeste de un à six mois (parfois même neuf) après l’éclosion du chancre. Le symptôme caractéristique est une éruption non prurigineuse de petites taches rosées sur le corps, qui disparais­sent pour réapparaître bientôt après une période de latence, simulant diverses maladies de la peau (c’est une des raisons pour lesquelles on a appelé la syphilis « le grand imitateur »). Ces éruptions cutanées sont infectieuses. Elles s’ulcèrent lorsqu’elles siègent sur les muqueuses, se couvrant d’un exsudât blanchâtre ou grisâtre. Tous les gan­glions lymphatiques de l’organisme sont gonflés. D’autres lésions atteignent les os, le foie, les reins et le système nerveux central. En outre, un sévère mal de tête, particulièrement la nuit, des douleurs osseuses et articulaires et une pharyngite sont habituels. La syphilis secondaire peut encore provoquer la calvitie, une inflammation de l’iris, une conjonctivite, une hépatite, des troubles rénaux et même la méningite.

Toutes ces manifestations correspon­dent en réalité à une lutte désespérée de l’organisme pour se débarrasser une fois pour toutes de la maladie – lutte qui aboutit dans moins d’un tiers des cas. Plus généralement, le germe survit mais reste à l’état latent pendant une période de plusieurs années. Cette rémission peut tromper le malade et lui faire croire à la guérison. Mais brusquement, les symptômes tertiaires se déclenchent, stade tardif de la maladie entraînant des lésions dévastatrices qui aboutissent à la mort.

De même qu’au stade primaire, les lésions secondaires cicatrisent spontané­ment sans laisser de traces apparentes. Pendant ces deux périodes, le malade reste contagieux et peut transmettre l’infection à son partenaire sexuel.

Syphilis précoce Traitement :

Une dose massive de pénicilline par voie intramusculaire, injectée d’habitude en deux fois dans chacun des fessiers, suffit à détruire le germe. On peut employer d’autres anti­biotiques, érythromycine ou tétracycline par exemple, administrés à larges doses pendant une quinzaine de jours, en particulier chez les malades allergiques à la pénicilline. Il faut rechercher les partenaires sexuels suspects afin de leur administrer le même traitement, même en l’absence de symptômes.

Diverses analyses permettent de déce­ler la présence du germe : examen à l’ultramicroscope, analyses de sang (ré­actions de Wassermann et Kahn), ana­lyse du liquide céphalo-rachidien (habi­tuellement pratiquée après le traitement de la maladie pour s’assurer de l’éradi- cation du germe).

Syphilis précoce Prévention :

Les germes spiralés de la syphilis (plus dangereux mais incompa­rablement moins résistants que les gono­coques, germes de la blennorragie) sont facilement détruits. Vivant et proliférant uniquement en milieu chaud et humide, les spirochètes meurent en quelques minutes dès qu’ils sont exposés à l’air.

La syphilis ne peut se transmettre par contact d’objets contaminés. C’est une légende de croire qu’on peut l’attraper sur le siège des toilettes. Si l’on se lave soigneusement les organes génitaux à l’eau et au savon cinq minutes après un rapport sexuel avec un partenaire à risques, il y a de fortes probabilités pour que le germe soit éliminé. Toute per­sonne ayant contracté la maladie se doit de le signaler et d’inciter le partenaire porteur du germe à consulter, afin que les autorités médicales compétentes puissent prévenir une éventuelle exten­sion de la contagion. La discrétion est toujours assurée, les médecins étant trop conscients de la délicatesse de la situation.

Résultat: La syphilis peut être consi­dérée comme définitivement guérie lors­que des analyses périodiques de sang ou de liquide céphalo-rachidien demeurent négatives pendant deux ans. La plupart des rechutes surviennent en effet dans le courant de la première année. Aux stades primaire et secondaire, la syphilis est relativement simple à traiter. Avec une thérapie adéquate et soigneusement contrôlée, entreprise précocement dès la confirmation du diagnostic, la guérison est pratiquement garantie. Mais plus le diagnostic est posé tardivement, plus la maladie devient rebelle. Au stade ter­tiaire, le traitement de la syphilis est difficile et les lésions qu’elle a déjà occasionnées sont définitives.

La syphilis est une des maladies les mieux contrôlées par la médecine. Sa guérison ne dépend plus que de la détermination du malade à se faire soigner, lui et le partenaire qui lui a transmis l’infection.