Résistance à l’hypnose: Quelles sont les causes ?
Quoiqu’il soit très facile, dans la très grande majorité des cas, d’induire un état hypnotique chez un sujet consentant et coopératif, le thérapeute rencontrera de temps en temps dans sa pratique des sujets avec lesquels il aura des difficultés plus ou moins importantes, plus ou moins difficiles à surmonter.
Si l’on n’arrive pas à induire l’état hypnotique à la première séance, si le sujet se montre résistant au cours de la séance suivante, il y a certainement une raison à cela, raison que vous devez découvrir de manière à y remédier.
Il faut d’abord faire préciser au sujet ce qu’il a ressenti pendant l’induction, ce qui l’a gêné. On constate alors, dans un certain nombre de cas, que la techni que d’induction n’était pas adaptée à la personnalité du sujet, qu’elle contenait des mots ou des images lui faisant évoquer des faits ou des souvenirs précis incompatibles avec la sensation de détente et de relaxation nécessaire.
Les causes les plus fréquentes de résistance sont :
- une technique d’induction non adaptée à la personnalité du sujet ou une mauvaise préparation psychologique à l’induction ;
- la crainte : soit celle d’un échec, le sujet étant très anxieux, ce qui a pour conséquence de déclencher des mécanismes inhibiteurs, soit celle, consciente ou non, de l’état hypnotique lui même ;
- l’absence de motivations réelles ;
- l’existence de facteurs personnels entraînant une attitude fondamentale de négation ou de résistance ;
- les réactions défavorables à l’égard du thérapeute.
Nous allons étudier successivement ces différentes causes de résistance.
La mauvaise préparation psychologique à l’induction
Bon nombre de difficultés d’induction sont dues à des entre tiens préparatoires insuffisants. Il faut expliquer au malade le principe de la technique utilisée habituellement, c’est-à-dire la sophronisation avec induction par relaxation, en insistant sur la notion d’une relaxation musculaire profonde bien conduite et en lui en faisant comprendre tout Je bénéfice. Certains mots, certaines images, ont chez des malades une résonance très particulière liée à des souvenirs angoissants ou désagréables. D’autre part, beaucoup de malades, qui ont recours à l’hypnose en dernier ressort après avoir épuisé la gamme des thérapeutiques habituelles, sont très anxieux et redoutent d’être réfractaires à cette thérapeutique, ce qui, précisément, peut gêner considérablement l’induction.
La crainte
Dans un certain nombre de cas, chez les sujets apparemment coopératifs et désireux d’éprouver la transe hypnotique, il peut y avoir une résistance inconsciente, le sujet ayant inconsciemment peur de l’état hypnotique. Une des manifestations les plus fréquentes de cette résistance inconsciente est le retard au rendez vous ou le rendez-vous manqué. Les analystes freudiens interprètent le fait d’arriver en retard comme une résistance à la thérapeutique.
Alors qu’il était encore tout enfant, il se peut qu’autour de lui on ait eu peur de l’hypnose, qu’il ait entendu à ce sujet des histoires extraordinaires comme celles de Raspoutine et qu’en grandissant dans un monde qui associait l’hypnose à un pouvoir étrange, occulte, surnaturel, il ait conservé au plus profond de lui-même une peur à l’égard de ce phénomène. Si vous lui demandez pourquoi il a peur de l’hypnose, alors que vous lui avez expliqué qu’il n’y a là rien de surnaturel, et que si une personne ne veut pas être hypnotisée et refuse de faire ce que lui dit l’hypnotiseur, elle ne le sera pas, aucune adhésion intellectuelle ou rationnelle n’empêchera la crainte acquise pendant l’enfance de conditionner sa résistance. Certains sujets peuvent avoir vu des numéros d’hypnotiseurs de music-hall au cours desquels des suggestions posthypnotiques grotesques ont été données à des sujets, ce qui leur fait redouter consciemment ou non l’hypnose. Chacun de nous, dans une certaine mesure, a peur de perdre son contrôle et cette peur d’être dominé par l’autre ou mis à sa merci, peut être à l’origine de fortes résistances.
Antre facteur important de résistance, la peur pour beaucoup de sujets de révéler au cours de la transe certains détails de leur vie privée qu’ils veulent garder secrets.
L’absence de motivations
Lorsqu’un sujet n’a vraiment pas de motivations profondes pour entreprendre un traitement par l’hypnose, il développe une résistance spontanée ; c’est par exemple le cas de celui qui vient consulter, poussé par son épouse, mais qui dans son for intérieur n’a aucune envie de cesser de fumer.
L’existence de facteurs personnels :
Certains sujets ont, dès leur enfance, une résistance innée ou acquise à l’égard de la suggestion. (C’est par exemple le cas d’un enfant qui développera des sentiments négatifs vis-à-vis d’un parent ou des parents dominants ; chaque fois que ceux-ci disent à l’enfant de faire quelque chose, il fait exactement l’inverse.) En grandissant, cette relation entre parents et enfant s’aggravera, l’enfant supportant de plus en plus mal l’autorité parentale. Dans ces conditions, le thérapeute consulté sera immédiatement considéré comme jouant le rôle d’un personnage dominant, celui du père ou de la mère, ce qui entraînera l’apparition d’une résistance. Quelques malades essaient également pendant l’induction de contrecarrer systématiquement toute suggestion. L’anamnèse permet en général de mettre en évidence que ces sujets, depuis leur plus tendre enfance, supportaient mal l’autorité, essayant d’y échapper par tous les moyens.
Une réaction défavorable à l’égard du thérapeute :
Une autre cause de résistance, qui est très difficile à manipuler, est que certains de vos malades peuvent avoir une antipathie spontanée à votre égard. Vous éprouvez alors de très grosses difficultés à établir une relation médecin-malade valable avec eux. Dans ces conditions, il vaut mieux leur conseiller de voir un autre thérapeute.