Les principes des lois de la suggestion hypnotique

L’induction d’un état hypnotique nécessite également la con­naissance des lois de la suggestion et quelques notions sur la manière dont celle-ci doit être donnée. La plupart de nos connaissances concernant ces lois découlent des travaux d’Emile Coué, un pharmacien nancéen qui avait mis au point, en 1800, une technique d’autosuggestion qui lui permit un certain nom­bre de constatations importantes. Les phénomènes de suggestion sont régis par trois lois :

Loi de la concentration de l’attention

Lorsque toute notre attention est concentrée sur une seule idée, autrement dit lorsque nous faisons du monoïdéisme, cette idée a tendance à se réaliser spontanément, à se transformer en acte. Cela est particulièrement vrai en état d’hypnose lorsque la suggestion s’adresse à l’inconscient alors que l’attention et, dans une certaine mesure, les facultés critiques du sujet ne sont plus en éveil. Ce fait peut expliquer l’échec de certaines suggestions trop autoritaires, répétées d’une manière trop insistante.

Loi de l’effet inverse

Cette loi a été formulée par Coué. Si un sujet pense : « Je devrais faire telle chose, mais je ne peux pas la faire », plus il essaie de faire cette chose, moins il en est capable. « La volonté que nous revendiquons si fièrement, écrivait Coué, cède toujours le pas à l’imagination, c’est une règle absolue.  Coué en donne des exemples très probants : les sujets insomniques ont souvent l’occasion de vérifier le bien-fondé de cette loi. Plus l’insomni­que essaie de trouver son sommeil, plus ce dernier le fuit. Nous marchons très facilement, par terre, sur une planche assez large. Si nous plaçons cette dernière entre deux chaises, nous pou­vons encore marcher facilement dessus. Par contre, si nous pla­cions cette planche à la hauteur des tours d’une cathédrale, nous serions sûrs de tomber en essayant de marcher dessus. Nos doutes nous empêchent de marcher ; étant donné que nous pen­sons que cela est absolument irréalisable, nous sommes à peu près certains de tomber.

Dans l’induction de la transe hypnotique, on observe parfois des difficultés de cet ordre : plus le sujet essaie d’être coopératif, plus il résiste à nos suggestions. Plus au contraire il reste passif, plus l’induction est aisée. On peut utiliser la loi de l’effet inverse pour l’induction et pour l’approfondissement de la transe comme nous le verrons.

Loi de l’effet dominant

Cette loi postule qu’une émotion forte tend toujours à rem­placer une émotion faible. Si par exemple vous vous trouvez dans une situation où la peur est plus forte que la colère, vous optez immédiatement pour la fuite. Si, au contraire, la colère est plus forte que la peur, vous passez à l’attaque. On sait par ailleurs que la peur coupe la faim, le sommeil, le désir sexuel, grâce à des mécanismes physiologiques régis par le diencéphale.

  • Loi de priorité dans le temps (Weitzenhoffer)  :

Toutes choses étant égales, quand on fait deux suggestions antagonistes, celle qui est faite la première a la priorité sur l’autre.

  • Loi de priorité de pro fondeur  (Weitzenhoffer)  :

De deux suggestions antagonistes, c’est celle qui est  associée à la profondeur la plus grande de la transe qui s’accomplit.

  • Loi de priorité de pénétration (Weitzenhoffer ) :

De deux suggestions antagonistes, celle qui est la plus « péné­trée » par des facteurs autres que la profondeur, a la priorité sur l’autre. (Par expression de « pénétré », Weitzenhoffer entend le degré, la stabilité, la permanence d’association préexistante de cette suggestion qui constitue déjà des déterminantes de com­portement.) Il ne faut cependant pas attacher une valeur absolue à ces deux dernières lois qui n’ont été mises en évidence que d’une manière indirecte.