Plus que jamais, les adolescents sont sollicités par le monde moderne, les informations que leur fournissent les nouvelles technologies et par toutes les interactions que leur procure l’utilisation des réseaux sociaux.
L’adolescence est une période charnière dans le vécu du futur adulte.
Elle signifie beaucoup d’ajustements face à des transformations physiques, psychiques et psychologiques.
L’adolescent vit parfois cette étape dans l’isolement, le déni ou la rébellion.
Face à une société, des parents et un système éducatif centrés uniquement sur la performance scolaire à tout prix, n’ayant que peu d’espace pour « avoir le temps » de s’y ajuster, l’adolescent est souvent enfermé dans un comportement d’échec.
Afin de répondre aux exigences qui leur sont demandées, qu’elles soient parentales, sociétales, de performance scolaire, extrascolaire, technologique ou encore physique, les adolescents multiplient les activités, mais leurs transformations physiques et morphologiques sont parfois un frein.
Sans cesse sollicités, ils peuvent se sentir stressés, anxieux et dispersés.
Ils sont également extrêmement fatigués (dorment beaucoup, sont làs dès le matin, manquent d’énergie) et se replient sur eux-même.
Les ados vivent réellement une révolution hormonale, qui peut se montrer pesante.
On ne (re)mesure pas la réelle portée sur le quotidien.
Ce que l’on prend pour de la paresse, du désintérêt ou de la rébellion, est un passage naturel obligatoire.
Les adolescents vivent un réel décalage entre leur maturité en construction et leur processus naturel de développement.
Tout cela peut rendre parfois difficile les relations avec les parents, les professeurs, les camarades, la société entière.
C’est une période transitoire qui est souvent assimilée comme de la régression et qui peut entamer leur confiance en eux.
Reconnecter les ados et leur entourage avec les étapes naturelles de leur développement rééquilibrerait leurs relations et permettrait également de pondérer les demandes qui leur sont faites.
Car même si ces demandes sont pavées de bonnes intentions, elles sont souvent précoces ou inadaptées et peuvent parfois être en contradiction avec les capacités physiques, intellectuelles ou émotionnelles de ces adolescents fraichement sortis de l’enfance.
Les ados qui se font accompagner expriment souvent leur peur de ne pas pouvoir répondre aux attentes qu’ils pressentent.
Tous à leur façon manifestent leur crainte ou incapacités du moment.
Les parents expriment souvent leur inquiétude quant à l’incapacité de leur ados mais ne se rendent pas compte que leurs attentes contribuent à les amplifier !
L’école, dans le modèle de la « punition ou de la récompense » concernant les résultats, alimente cette impasse morale et mine encore plus leurs ressources.
Et la société quant à elle, ne leur pardonne aucun écart.
Pour se protéger, l’adolescent est contraint de répondre par le refus à toute forme d’autorité et vit par conséquent une période transitoire caractérisée par le fléchissement scolaire, voire l’abandon, la réaction et s’auto exclura pour se protéger de toutes ces sollicitations anxiogènes.
Nous n’avons plus ici l’enfant docile qui n’a pas coupé le « cordon ombilical » avec les parents ni l’enfant motivé « pour faire plaisir à ses parents » quand il reçoit de bonnes notes.
C’est un futur adulte opposé à toute forme de pression et de devoir social.
Un futur adulte qui s’éloigne du cocon familial et qui commence à flirter avec l’indépendance et fait ses propres expériences, loin du noyau familial.
C’est désormais «quand je veux, quand je peux, si j’ai le temps et que j’en ai l’envie ».
Une étude édifiante de l’Unicef concernant les ados en France en septembre 2014, mentionnait que plus du tiers des jeunes était en situation de souffrance psychologique, et cette proportion augmenterait avec l’âge, atteignant 43 % chez les plus de 15 ans.
La prévalence des idées suicidaires, de la tentative de suicide et des conduites addictives chez les adolescents était elle aussi d’une ampleur inquiétante.
Et là, on s’est éloigné de la problématique de l’échec scolaire, car la souffrance psychologique peut venir se superposer à l’échec scolaire et ouvrir d’autres « portes » vers de plus grands dangers.
Des chiffres inquiétants pour les adolescents et pas uniquement en France, puisque l’échec scolaire, est presque une fatalité dans ce monde en ébullition, et il voyage à travers les frontières.
Pour ne parler que de la Tunisie dont je suis originaire, nous assistons depuis quelques années à une grave crise dans l’école publique et à un décrochage scolaire important.
Entre 1981 et 2015, l’abandon scolaire aurait touché plus de 4,3 millions d’élèves en Tunisie d’après les chiffres du ministère de l’Education. 106.000 élèves auraient quitté le système éducatif en 2015 sans diplôme. Un constat et des chiffres qui révèlent l’enracinement d’un fléau social grandissant en Tunisie.
Pour revenir à la France, au-delà d’une nécessaire sensibilisation sur les conséquences sociales et économiques que cela engendrerait pour le pays, et la nécessaire mobilisation des acteurs concernés, à savoir la famille, les institutions et la société civile, il convient de comprendre le phénomène aussi sous le prisme psychologique et comportemental.
Si l’on fait l’économie de cette compréhension, celle relative aux « besoins psychologiques » de l’adolescent, nous contribuerions à créer des « catégories vulnérables »
Une catégorie « de décrochés » qui serait du pain béni pour toute « forme d’emprise ».
Une génération désenchantée que l’on peut embrigader et pervertir à souhait, dans une société au fond qui n’est pas prête à les accueillir.
On sait que les facteurs de risques de la délinquance sont multiples et l’exclusion sociale nourrit entre autre les « comportements déviants » car l’oisiveté est dangereuse et l’inaction encourage la marginalisation mais aussi, la survenue de troubles mentaux, et même des troubles somatiques.
La précarité peut être à l’origine de nombreuses maladies somatiques.
Ces enfants peuvent aussi venir « sur le marché » du travail mais ils seront inadaptés.
Étant trop précoces et peut préparés, ils ne pourront pas s’y intégrer convenablement.
Mauvais apprentissages, exclusions, nous fabriquons alors une génération « perdue ».
Tant que l’on ne prendra pas en compte « leur différence » pour comprendre que peut être ces enfants, ces adolescents ont juste des besoins « particuliers » et qu’ils ne doivent pas être laissés sur le bord du chemin pour autant… cette spirale infernale continuera.
Mettre en place les bases d’un meilleure sensiblité sur le sujet en vue de combattre ce phénomène serait une première avancée.
Mais il faut aussi comprendre ce qui amène ce décrochage, outre le climat social et économique, c’est la déliquescence d’un système éducatif qui doit se réinventer.
L’échec scolaire ne doit plus être appréhendé comme une fatalité, ou le révélateur d’une société moderne en crise.
La prise en charge de ces « écoliers » de la seconde chance est impérative, voire vitale, pour le bien de tous.
En leur proposant des formations de rattrapage et une éducation « sur mesure » qui tiendrait compte de leurs handicaps et besoins et de leurs spécificités, on dirait à ces enfants « que l’on continue de croire en eux ».
Le droit au retour à l’école leur devrait être possible ainsi qu’un accompagnement dans la durée.
Et pour cela, il faut créer les conditions d’accueil qui tiennent compte de tous les paramètres d’accompagnements : psychologique, thérapeutique, éducatif…
Ecouter et entendre la souffrance de ceux qui sont en décrochage
Il faut voir l’enfant ou l’adolescent en souffrance avant l’élève.
Les prises en charge doivent d’abord considérer l’enfant qu’il y a derrière le patient et derrière l’élève.
Les prises en charge doivent se faire de façons coordonnées.
Les enfants ont droit à la fois aux soins et à l’éducation et pour ce faire, les intervenant des deux métiers doivent être en lien et en cohérance afin d’agir de façon optimale sur l’enfant.
L’Ecole pour tous et l’école de la deuxième chance ne devraient pas être de la simple rhétorique, mais la reconnaissance de leur souffrance morale également.
L’initiative devrait réunir l’association et les efforts des établissements scolaires, des institutions, des partenaires privés, des associations et des collectivités afin d’améliorer les conditions de vie à l’école.
Le changement des mentalités encouragera le mieux vivre ensemble entre élèves et professeurs avec respect et déontologie.
Cette relation de couple ne sera durable que si l’adolescent ou l’enfant en souffrance sera aussi vu et accompagné sous un prisme pédagogique et psychologique approprié et en même temps.
Les thérapies classiques et la sophrologie peuvent être utiles pour accompagner le décrochage scolaire et ses souffrances.
Le rythme de vie de l’adolescent est quelque peu effréné à une période où ce dernier est constamment « sollicité », notamment son mental et son système nerveux sympathique.
Ce qui entraine beaucoup d’action… au détriment de son système nerveux parasympathique… où il manque cruellement de plages et d’espace de repos… et c’est bien cela, le déséquilibre !
Il faut comprendre que les raisons des échecs scolaires chez les adolescents sont nombreuses : problèmes familiaux, stress, fatigue, manque de confiance, de concentration, difficultés d’apprentissage, de motivation, de projection, d’hyperactivité, d’ennui, ou d’angoisse…
En tant que sophrologue, mon travail sera principalement axé sur la nécessité de revoir tous les paramètres de sa vie au quotidien et de tenter de les compartimenter pour éviter qu’il se disperse et qu’il rentre dans un comportement de procrastination ou de « déséquilibre » dans le faire « trop » ou « pas assez » ou « rien du tout ».
Il est important pour l’adolescent d’apprendre à écouter son corps d’abord puis à « se poser », à évacuer ses angoisses et croyances limitantes sur son incapacité à « réussir », pour enrayer le cercle vicieux du stress: je respire mal = je stresse et je me fatigue.
Lire: Les exercices de respiration favorisent le bien-être)
L’idée est de l’amener à vivre son quotidien et ses transformations dans la sérénité.
Une fois le calme installé en lui je vais travailler sur le retour de la vitalité pour ensuite booster « ses capacités » qui lui permettront d’acquérir confiance et estime de soi.
Entrant dans une spirale positive, l’ado va se projeter dans des situations à réussite et non plus en échec.
Comme dans un genre de préparation mentale qui lui permettrait de se projeter « en maitrise et gagnant ».
Pour ma part, il s’agit d’un processus évolutif avec un accompagnement durable (12 séances).
*Les techniques corporelles utilisées en sophrologie que l’on appelle relaxation dynamique travaillent sur le rééquilibrage entre corps et mental et des visualisations mentales en « situation »afin que l’échec scolaire ne soit plus une fatalité…
Article rédigé par Fériel Berraies Sophrologue,
Certifiée RNCP spécialisée Enfance et Adolescence
Découvrez le Site :www.feriel-berraies-thérapeute.com
Son profil therapeutes.com
Lui écrire : fbsophro@gmail.com
* Enfants, Ados, les aider à dormir enfin, Michèle Freud, psychothérapeute, Editions Albin Michel