Au début du 20e siècle, les maladies cardiaques étaient devenues un énorme problème.
A cette époque, les chercheurs qui étudiaient la cause de la maladie cardiaque ont noté une tendance frappante …
Les peuples de certains pays autour de la mer Méditerranée (comme l’Italie et la Grèce) avaient très peu de maladies cardiaques par rapport notamment aux américains.
Les chercheurs ont pensé que la raison de leurs taux faibles de maladies cardiaques était leur régime alimentaire sain.
Ce régime était riche en végétaux, notamment les fruits, les légumes, les grains entiers, les pains, les légumineuses, les pommes de terre, les noix et les graines.
Ils utilisaient aussi de grandes quantités d’huile d’olive extra vierge et aussi de vin rouge, mais aussi des quantités modérées de poissons, de volailles, de produits laitiers et d’œufs. La viande rouge n’était consommée que rarement.
Bien que ce type de régime a été adopté depuis longtemps autour de la Méditerranée, il a récemment gagné en popularité auprès du grand public. Il serait un bon moyen d’améliorer la santé et prévenir les maladies.
Depuis lors, de nombreuses études ont été menées sur ce régime, avec plusieurs essais randomisés contrôlés … qui sont la référence absolue en sciences.
Cet article jette un regard objectif sur 5 essais contrôlés à long terme sur le régime méditerranéen. Ils sont tous publiés dans des revues respectés évaluées par des pairs.
Les Etudes
La plupart des participants sont des gens qui ont déjà des problèmes de santé tels que le diabète et le syndrome métabolique, ou qui sont à risque élevé de maladie cardiaque.
La majorité des études ont porté sur des marqueurs communs de santé tels que le poids, les facteurs de risque de maladie cardiaque et les marqueurs du diabète. Les études plus large et à plus long terme ont également examiné les aspects terminaux durs comme les crises cardiaques et la mort.
1. L’étude PREDIMED
L’étude PREDIMED a fait la une en 2013 pour avoir souligné une réduction substantielle des maladies cardio-vasculaires.
Ce fut une grande étude, avec un total de 7447 personnes qui présentaient un risque élevé de maladie cardiovasculaire. Elles ont été randomisées sur trois régimes différents :
- Un régime méditerranéen avec l’ajout d’huile d’olive extra vierge (Med + huile d’olive).
- Un régime méditerranéen avec l’ajout de noix (Med + Noix).
- Un groupe témoin faible en gras.
Personne n’a été chargé de réduire les calories ou d’augmenter l’activité physique. Cette étude a duré pendant près de 5 ans et de nombreux articles ont été écrits à ce sujet, certains d’entre eux examinant différents facteurs de risque et points terminaux.
Voici 6 articles (1.1 à 1.6) de l’étude PREDIMED.
1.1 Estruch R, et al. Primary Prevention of Cardiovascular Disease with a Mediterranean Diet (Prévention primaire des maladies cardiovasculaires avec un régime méditerranéen). The New England Journal of Medicine, 2013.
Détails : 7447 personnes avec un risque cardiovasculaire élevé ont été randomisées: un groupe qui adoptait un régime méditerranéen avec de l’huile d’olive, un régime méditerranéen avec des noix ajoutées, et un groupe témoin faible en gras. L’étude a duré 4,8 ans.
Dans cet article, les chercheurs ont d’abord examiné le risque combiné de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de décès d’origine cardiovasculaire.
Résultats : Le risque de survenue de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de décès par maladie cardiovasculaire combinés a été réduit de 30% dans le groupe Med + huile d’olive, et 28% dans le groupe Med + Noix.
Quelques détails supplémentaires :
- Les résultats ne sont significatifs que chez les hommes, pas chez les femmes.
- Le risque d’AVC a diminué de 39% dans les groupes de régime méditerranéen.
- Il n’y avait aucune différence statistiquement significative pour les crises cardiaques.
- Les taux d’abandon étaient deux fois plus élevés dans le groupe témoin (11,3%), par rapport aux groupes de régime méditerranéen (4,9%).
- Lorsqu’on examine les sous-groupes, les personnes ayant une pression artérielle élevée, des problèmes de lipides ou d’obésité ont répondu le mieux au régime méditerranéen.
- Même si cette étude a été saluée comme un succès, il n’y avait pas de différence statistiquement significative de la mortalité totale (risque de décès).
Conclusion : Un régime méditerranéen complété avec l’huile d’olive ou des noix peut réduire le risque combiné d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque et de décès par maladie cardiovasculaire. Il n’y avait aucun effet statistiquement significatif chez les femmes et aucune réduction de la mortalité.
1.2 Salas-Salvado J, et al. Effect of a Mediterranean Diet Supplemented With Nuts on Metabolic Syndrome Status (Effets d’un régime méditerranéen complété avec des noix sur le statut du syndrome métabolique.). JAMA Internal Medicine 2008.
Détails : Les données de 1224 personnes dans l’étude PREDIMED ont été analysées après 1 an, cherchant si le régime alimentaire a aidé les individus à inverser le syndrome métabolique.
Résultats : La prévalence du syndrome métabolique a diminué de 6,7% dans le groupe Med + huile d’olive et de 13,7% dans le groupe Med + Noix. Les résultats n’ont été statistiquement significatifs que pour le groupe Med + Noix.
Conclusion : Un régime méditerranéen complété avec des noix peut aider à inverser le syndrome métabolique.
1.3 Montserrat F, et al. Effect of a Traditional Mediterranean Diet on Lipoprotein Oxidation ( Effets d’un régime méditerranéen traditionnel sur l’oxydation des lipoprotéines). JAMA Internal Medicine 2007.
Détails : 372 individus de l’étude PREDIMED qui étaient à risque cardiovasculaire élevé ont été évalués au bout de 3 mois, examinant les changements dans les marqueurs de stress oxydatif comme les LDL oxydés (ox-LDL).
Résultats : Les niveaux des LDL oxydés ont diminué dans les deux groupes de régime méditerranéen, mais n’ont pas atteint la signification statistique dans le groupe témoin faible en gras.
Conclusion : Le régime méditerranéen a provoqué des réductions de LDL cholestérol oxydé, ainsi que des améliorations dans plusieurs autres facteurs de risque de maladie cardiaque.
1.4 Salas-Salvado J, et al. Reduction in the Incidence of Type 2 Diabetes With the Mediterranean Diet: Results of the PREDIMED-Reus nutrition intervention randomized trial (Réduction de l’incidence du diabète de type 2 avec le régime méditerranéen : Résultats de l’intervention nutritionnelle de l’essai randomisé PREDIMED-Reus). Diabetes Care 2011.
Détails : 418 participants non diabétiques de l’étude PREDIMED ont été évalués au bout de 4 ans, en regardant leur risque d’avoir développé le diabète de type 2.
Résultats : 10 et 11% des individus dans les groupes de régime méditerranéen sont devenus diabétiques, comparativement à 17,9% dans le groupe témoin faible en gras. Le régime méditerranéen réduit le risque de développer le diabète de type 2 de 52%.
Conclusion : Un régime méditerranéen sans restriction calorique semble être efficace pour prévenir le développement du diabète de type 2.
1.5 Estruch R, et al. Effects of a Mediterranean-Style Diet on Cardiovascular Risk Factors (Effets d’un régime de type méditerranéen sur les facteurs de risque cardiovasculaires). Annals of Internal medicine, 2006.
Détails : 772 participants à l’étude PREDIMED ont été analysés en ce qui concerne les facteurs de risque cardiovasculaires après une période d’étude de 3 mois.
Résultats : Le régime méditerranéen a provoqué des améliorations dans divers facteurs de risque cardiovasculaires, y compris les niveaux de sucre dans le sang, la pression artérielle, le ratio cholestérol Total : HDL, et la protéine C-réactive (CRP).
Quelques détails supplémentaires :
- Sucre Dans le Sang :A diminué de 0,30 à 0,39 mmol / L dans les groupes de régime méditerranéen.
- Pression Artérielle Systolique :A diminué de 5,9 et 7,1 mm Hg dans les groupes de régime méditerranéen.
- Ratio de Total : HDL :A diminué de 0,38 et 0,26 dans les groupes de régime méditerranéen par rapport au groupe faible en gras.
- Protéine C-Réactive :A diminué de 0,54 mg / L dans le groupe Med + huile d’olive, mais n’a pas changé dans les autres groupes.
Conclusion : Par rapport à un groupe témoin à faible teneur en gras, un régime méditerranéen peut avoir des effets bénéfiques sur divers facteurs de risque des maladies cardiovasculaires.
1.6 Ferre GM, et al. Frequency of nut consumption and mortality risk in the PREDIMED nutrition intervention trial (Fréquence de la consommation des noix et risque de mortalité dans l’essai d’intervention nutritionnelle PREDIMED). BMC Medicine, 2013.
Détails : 7216 participants de l’étude PREDIMED ont été évalués après 5 ans.
Résultats : Après 5 ans, un total de 323 personnes avaient trouvé la mort, avec 81 décès cardiovasculaires et 130 décès dus au cancer. La consommation de noix était liée à un risque 16-63% plus faible de décès pendant la période d’étude.
Conclusion : La consommation de noix a été associée à un risque significativement réduit de décès sur une période de 5 ans.
2. De Lorgeril M, et al. Mediterranean Diet, Traditional Risk Factors, and the Rate of Cardiovascular Complications After Myocardial Infarction: Final Report of the Lyon Diet Heart Study (Régime méditerranéen, facteurs de risque traditionnels, et incidence des complications cardiovasculaires après infarctus du myocarde : Rapport final de l’Etude de Lyon). Circulation, 1999.
Détails : Cette étude a inclus 605 hommes et femmes d’âge moyen qui avaient souffert d’une crise cardiaque.
Ils ont été divisés en deux groupes, un groupe avec régime alimentaire de type méditerranéen (complété par une margarine riche oméga-3) et un groupe avec un régime « prudent » de type occidental, et suivis pendant 4 ans.
Résultats : Après 4 ans, le groupe suivant le régime méditerranéen était 72% moins susceptible d’avoir une crise cardiaque, ou de mourir d’une maladie cardiaque.
Conclusion : Un régime méditerranéen complété en oméga-3 peut être efficace pour prévenir les crises cardiaques chez les personnes qui ont déjà eu des crises cardiaques (prévention secondaire).
3. Esposito K, et al. Effect of a Mediterranean-Style Diet on Endothelial Dysfunction and Markers of Vascular Inflammation in the Metabolic Syndrome (Effet d’un régime de type méditerranéen sur le dysfonctionnement endothélial et les marqueurs de l’inflammation vasculaire dans le syndrome métabolique). The Journal of the American Medical Association, 2004.
Détails : 180 patients présentant un syndrome métabolique ont été randomisés pour suivre soit un régime méditerranéen soit un régime « prudent » faible matières grasses pendant 2,5 ans.
Résultats : A la fin de l’étude, 44% des patients dans le groupe de régime méditerranéen avaient encore le syndrome métabolique, par rapport à 86% dans le groupe témoin. Le groupe de régime méditerranéen a également eu des améliorations dans plusieurs facteurs de risque.
Quelques détails supplémentaires :
- Perte de poids :Le poids corporel a diminué de 4,0 kg (8,8 lb) dans le groupe de régime méditerranéen, par rapport à 1,2 kg (2,6 lb) dans le groupe témoin à faible teneur en matières grasses.
- Score de la fonction endothéliale :Il s’est amélioré dans le groupe de régime méditerranéen, mais il est resté stable dans le groupe témoin faible en matières grasses.
- Autres marqueurs :Les marqueurs inflammatoires (hs-CRP, IL-6, IL-7 et IL-18) et de résistance à l’insuline ont diminué de manière significative dans le groupe de régime méditerranéen.
Conclusion : Un régime méditerranéen semble être efficace pour réduire le syndrome métabolique et d’autres facteurs de risque cardiovasculaire.
4. Shai I, et al. Weight Loss with a Low-Carbohydrate, Mediterranean, or Low-Fat Diet (Perte de poids avec un régime à faible teneur en glucides, méditerranéen, ou à faible teneur en matières grasses). The New England Journal of Medicine, 2008.
Détails : 322 personnes obèses ont été assignées au hasard à un régime faible en matières grasses restreint en calories, un régime méditerranéen restreint en calories, ou un libre régime faible en glucides.
Résultats : Le groupe à faible teneur en matières grasses a perdu 2,9 kg (6,4 lb), le groupe à faible teneur en glucides a perdu 4,7 kg (10,3 lb) et le groupe de régime méditerranéen a perdu 4,4 kg (9,7 lb).
Les participants diabétiques avaient amélioré la glycémie et les niveaux d’insuline dans le régime méditerranéen, par rapport au régime faible en matières grasses.
Conclusion : Un régime méditerranéen peut être plus efficace pour la perte de poids et l’amélioration des symptômes du diabète, par rapport à un régime faible en gras.
5. Esposito K, et al. Effects of a Mediterranean-Style Diet on the Need for Antihyperglycemic Drug Therapy in Patients With Newly Diagnosed Type 2 Diabetes (Effets d’un régime de type méditerranéen sur la nécessité d’une thérapie d’un médicament antihyperglycémique chez les patients nouvellement diagnostiqué diabétiques de type 2). Annals of Internal Medicine, 2009.
Détails : 215 personnes en surpoids qui avaient été récemment diagnostiquées avec un diabète de type 2 ont été assignées au hasard à un régime méditerranéen faible en glucides, ou un régime à faible teneur en matières grasses. Cette étude a duré 4 ans.
Résultats : Après 4 ans, 44% du groupe de régime méditerranéen et 70% du groupe de régime faible en matière grasse avaient besoin d’un traitement avec des médicaments.
Le groupe de régime méditerranéen a des changements plus favorables dans les facteurs de risque du contrôle de la glycémie et de maladies cardiaques.
Conclusion : Un régime méditerranéen faible en glucides peut retarder ou empêcher la nécessité d’un traitement médicamenteux chez les patients nouvellement diagnostiqués diabétiques de type 2.
Les essais contrôlés qui n’ont pas été inclus
Deux essais contrôlés (I, II) ne sont pas inclus parce qu’ils étaient de petite taille et de courte durée par rapport aux 5 autres études.
Risque de décès (mortalité)
Deux des études, l’étude PREDIMED et l’Etude de Lyon, étaient assez grandes et assez longues pour obtenir des résultats sur la mortalité, ou le risque de décès au cours de la période d’étude (1.1 et 2).
Afin de faciliter la comparaison, j’ai combiné les deux barres du régime méditerranéen de l’étude PREDIMED (huile d’olive vs noix) en un seul.
Dans l’étude de Lyon, le groupe de régime méditerranéen était 45% moins susceptible de mourir au cours de la période de 4 ans (par rapport au groupe à faible teneur en matières grasses). Cette étude est souvent saluée comme l’essai d’intervention nutritionnelle le plus réussi dans l’histoire.
Le groupe de régime méditerranéen dans l’étude PREDIMED était 9,4% moins susceptible de mourir, mais la différence n’a pas été statistiquement significative.
Risque de décès par maladie cardiovasculaire (crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux)
Les deux études PREDIMED et l’Etude de Lyon (1.1 et 2) ont toutes deux examiné la mortalité par crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux.
Comme vous pouvez le voir, le risque de mourir d’une maladie cardiovasculaire a été réduit de 16% dans l’étude PREDIMED (statistiquement non significatif) et de 70% dans l’étude de Lyon.
Le risque d’accident vasculaire cérébral a été réduit de 39% dans l’étude PREDIMED (31% avec l’huile d’olive et 47% avec les noix), ce qui était statistiquement significatif. Dans l’étude de Lyon, 4 personnes dans le groupe à faible teneur en matière grasse ont eu un accident vasculaire cérébral, comparativement à 0 dans le groupe de régime méditerranéen.
Perte de poids
Le régime méditerranéen n’est généralement pas prescrit comme un régime de perte de poids, il est plutôt considéré comme un régime alimentaire sain qui peut aider à prévenir les maladies cardiovasculaires et les décès prématurés.
Cela étant dit, les gens ont généralement tendance à perdre un peu de poids dans le régime méditerranéen.
Trois des journaux ont rapporté des chiffres de perte de poids (3, 4, 5) :
Dans chaque étude, le groupe méditerranéen a perdu plus de poids que le groupe à faible teneur en matières grasses, mais ce n’était statistiquement significatif que dans l’une des études (3).
Syndrome métabolique et diabète de type 2
Plusieurs de ces études ont montré que le régime méditerranéen pouvait avoir des avantages pour les personnes atteintes du syndrome métabolique et de diabète de type 2.
- L’étude PREDIMED (2) a montré qu’un régime méditerranéen avec des noix a aidé 13,7% des patients atteints de syndrome métabolique à inverser leur état.
- Un autre document de la même étude (1,4) a montré que le régime méditerranéen a réduit le risque de développer le diabète de type 2 de 52%.
- Esposito, 2004 (3) a montré que le régime alimentaire a permis de réduire la résistance à l’insuline, une caractéristique du syndrome métabolique et du diabète de type 2.
- L’étude Shai (4) a montré que le régime méditerranéen améliore la glycémie et les niveaux d’insuline par rapport au régime faible en matière grasse.
- Esposito, 2009 (5) a montré que le régime alimentaire pourrait retarder ou empêcher le besoin de médicaments chez les patients nouvellement diagnostiqués diabétiques de type 2.
Il semble assez clair que le régime méditerranéen est une bien meilleure option pour les patients diabétiques type 2 qu’un régime alimentaire faible en matière grasse.
Nombre de personnes qui ont abandonné les études
Toutes les études ont rapporté des taux d’abandon. Autrement dit, le pourcentage de personnes qui ont abandonné l’étude.
Aucune tendance claire n’a émergé dans les taux d’abandon entre le régime méditerranéen et le régime faible en matière grasse.
A Retenir
Il semble évident en examinant la preuve que le régime méditerranéen est très sain et peut aider à prévenir certains des plus grands tueurs du monde.
C’est évidemment une option bien meilleure que le régime standard faible en matière grasse qui est toujours recommandé dans le monde entier.
Source et crédits photos : authoritynutrition.com pxhere.com