Cela fait quelques temps maintenant que vous suivez mes questionnements sur l’agriculture et ce qu’elle apporte tant à l’humain qu’à notre planète.
Récemment, j’ai comparé pour vous l’agriculture bio industrielle et l’agriculture non bio non industrielle. Je n’ai fait que vous évoquer très brièvement l’agriculture bio non industrielle.
Pour en savoir davantage, je suis allée à la rencontre de Michael, de La ferme des mille saveurs.
VéroV : Michael, bonjour. J’ai récemment parlé de l’agriculture bio industrielle qu’on retrouve essentiellement dans les grandes surfaces. Dîtes-moi, ces entreprises de bio industriel suivent-elles le même cahier des charges que vous ?
Michael : Bonjour Véronique. Ces entreprises ont le même cahier des charges que nous. La différence, est que j’ai choisi d’aller plus loin dans le bio. Il y a des techniques qu’il est possible de mettre en place dans une exploitation à taille humaine qui me permettent d’éviter l’utilisation de bon nombre de produits autorisés en AB. Il y a des choses étonnantes… Si on prend le cas des pyrethrines, qui sont autorisés: ces insecticides issus de la famille des chrysanthèmes attaquent le système nerveux de tous les insectes sans distinction. La biodiversité est alors mise en péril.
VéroV : Personnellement, qu’utilisez-vous comme produits ?
Michael : Le seul produit que j’utilise, et encore en dernier recours seulement, est le Novodor. C’est une bactérie (Bacillus thuringiensis) qui bloque le système digestif de la larve du doryphore qui s’attaque aux pommes de terre et aux aubergines. Je n’utilise pas d’autre produit. Pour lutter contre la mouche du chou qui commet des ravages important par exemple, j’utilise des filets anti-insecte que je mets en place lors des premières chaleurs.
En revanche, il est évident que si nous utilisons tous les produits autorisés dans le cahier des charges du label bio, nous tuons la biodiversité, qui pour moi est la clé d’une agriculture BIOLOGIQUE. L’agriculture biologique au sens propre du terme doit faire cohabiter un maximum de vie animale et végétale dans un même milieu. Si nous éradiquons tous les insectes, nous ne pouvons plus compter sur les auxiliaires de culture comme la coccinelle par exemple qui va se nourrir de pucerons, et je ne m’étendrai même pas sur l’importance des abeilles pour la pollinisation.
J’utilise également des associations de cultures que je trouve intéressantes (l’odeur de l’oignon éloigne la mouche de la carotte et celle du poireau) et les rotations de cultures qui permettent d’éviter la prolifération de maladies et de ne pas épuiser la terre, un peu de bouillie bordelaise pour les plants de tomate et un peu d’extrait d’ail. Une fois qu’on a redonné vie à la terre, on peut dire qu’on fait du bio. C’est un peu comme faire un retour à l’agriculture telle qu’elle était pratiquée avant la seconde guerre mondiale et avec les connaissances et la technologie que l’on a aujourd’hui.
VéroV : Et le consommateur, comment peut-il choisir ses produits ?
Michael : Aujourd’hui le label AB ne dit pas tout. Il faut vraiment aller voir les producteurs, parler avec eux, leur poser des questions. Il y a les AMAP qui permettent d’avoir un réel échange avec le producteur et offre la possibilité de visiter les exploitations. En ce qui me concerne, dès cet été, je vais proposer des paniers (entreprises, CE et sur Monségur en local), je serai sur le marché le vendredi matin et j’aimerai mettre en place des partenariats avec les cantines scolaires en association avec d’autres maraîchers bio.
VéroV : Que pensez-vous des prix du bio pour les consommateurs ?
Michael : Ce n’est pas plus cher pour le consommateur d’acheter de bons produits bio en direct avec un producteur que d’aller acheter des légumes classiques français en grande surface sauf pour ce qui est des carottes, pommes de terre, haricots verts et poireaux qui sont des légumes que l’ont peut cultiver à grande échelle, mécaniser la récolte et donc baisser les coûts.
Au delà du prix, c’est un choix de vie qui demande un peu plus de temps que d’aller en grande surface. Dans notre société actuelle nous avons complètement mis de coté l’importance de consommer sainement.C’est une aubaine pour les industriels qui proposent des plats tout prêts en misant sur le coût et le gain de temps au détriment d’une qualité gustative et nutritive.
Pour ma part, j’ai fait le choix d’utiliser des variétés anciennes qui sont plus résistantes, plus goûteuses et ont de bien meilleures qualités nutritives.
VéroV : Si vous pouviez vous adresser directement aux consommateurs, qu’aimeriez-vous leur dire ?
Michael : Continuez à encourager et à soutenir les petits producteurs qui préservent la vie, qui préservent la nature. Il peut y avoir de très belles rencontres à faire, plutôt qu’en ouvrant une boîte de conserve. Il est temps de redécouvrir et de manger à nouveau des produits authentiques et de prendre plaisir à les cuisiner.
VéroV : Merci Michael.
Michael : Merci Véronique.
Prenez soin de vous et portez-vous bien !
Propos recueillis par Véronique Vauclaire
Naturopathie – Sophrologie – Reiki
Tel: 06.75.93.83.83
Ecrivez moi: veronique.vauclaire@sfr.fr
Site: veronique-vauclaire.fr
La ferme des mille saveurs – Le Bois à Roquebrune (33580)
Vous pouvez retrouver la ferme sur sa page Facebook ou poser vos questions à Michael par mail à l’adresse contact@lafermedesmillesaveurs.fr
Mise en garde : Un avis médical est indispensable avant l’application d’un traitement naturel. Seul votre médecin connaît vos antécédents médicaux et les interactions que certaines plantes pourraient avoir avec votre traitement. Ces conseils sont d’ordre purement général et ne s’adaptent pas forcément à votre cas. De plus, je ne saurai être tenue responsable d’une mauvaise utilisation des plantes ou produits que j’aurais conseillés de manière générale.