Veda et cycle karmique

Selon les Veda, la naissance humaine est ce qu’il y a de plus difficile à obtenir dans le cycle karmique. C’est le plus grand acte de transforma­tion dont un être humain fait l’expérience. Le libre arbitre est notre divin droit de naissance, comme le sont nos capacités d’auto-réflexion et de distrac­tion. C’est la distraction qui a, en partie, créé notre état présent de confusion et de chaos. La terre a existé pendant des cycles immenses avant notre arrivée.

Quand nous connaîtrons la beauté du magnétisme cosmique parmi toutes les formes de vie, nous commencerons à nous connaître. Présentement, nous nous occupons de nos moi individuels, et de recherches extérieures, qui nous éloignent de la vibration universelle. L’univers est une entité cohérente maintenue en mouvement majestueux par   l’espace  [akt1sha,  l’éther]. Être obsédés par notre quête d’unicité et d’excellence personnelles, en ignorant cette immensité donneuse de vie et ce qu’elle contient, est un comportement d’adolescents immatures. Et à l’inverse, êtree obsédé par les malheurs de notre planète et perdre de vue le soi véritable, qui est conscience et préconscience, est également un manque de maturité.

Mais il n’y a rien d’intérieur ni d’extérieur : le microcosme est homologue au macrocosme, la vibration (spanda) n’est pas divisée en moi et le monde, en sujet et  objet.

Selon les Veda, le corps entier est renouvelé totalement tous les sept ans [année climatérique]. Néanmoins, la maladie persiste au-delà des cycles de renouveau, parce que nous sommes incapables de faire la transition entre nos moi séparés et empiriques et l’état total de cognition. Nous vivons dans le passé et le futur, prisonniers des concepts de temps et d’espace. En réalité, le présent intemporel et illimité est toujours avec nous. Nous avons seulement besoin de nous rappeler cela – être dans notre nature véritable, être présent dans nos actes, si présent qu’ils deviennent des non-actes, écarter les ouï-dire, les croyances parasitaires, des mensonges parareligieux ou parascientifiques, être, vivre,  simplement.

Ce soi conscient est appelé l’Âtman, !’Esprit – il  y  a  crois  ‘soi’  :  l’âtman  intérieur  ( antahkarana), l’ acman extérieur (corps, deha), et  l’ âcman suprême, paramâtman, le Soi véritable, qui n’est relatif à rien, et que nous sommes véritablement. C’est ce Soi qui est la source de notre équilibre véritable. La santé n’est pas la  recherche  séparée d’un corps parfait ou l’édification d’un mental intellectuel, ou même d’austères  pratiques spirituelle . La vie à laquelle les sages se réfèrent dans 1 ayurveda est l’union ferme du corps,  du mental et de l’esprit. C’est un équilibre de ces trois facteurs, et l’harmonie de chaque soi avec la nature, la famille et tous les êtres vivants. Quand nous reconnaissons que la fragmentation est la source de toute maladie,  nous pouvons commencer à bénéficier des pratiques d’une vie holistique.

Le mot dosha signifie littéralement  «faute, erreur, danger, qualité nuisible, maladie, défaut». C’est la définition donnée par les anciens de notre nature empirique. I.:âtman est  la seule  perfection. Ce qui est manifesté est soumis  à l’impermanence, et ne peut ê re que défectueux. C’ est au moyen de notre existence fragmentaire, imparfaite, que nous pouvons apprendre à inviter le soi cognitif.  Plus nous résidons dans le soi cognitif, plus nous nous rapprochons du soi ‘conscient’, l’Â rman. Nous pouvons nous efforcer d acquérir un équilibre dans notre namre dynamique et erratique, et aspirer à la connaissance du Soi, qui est le Soi même,  car il n’est pas de connaissance dont le Soi serait  l’objet,  et l’ego le sujet – car le Soi est  le  connaissant,  jamais le connu . C ette nacure suprême, immuable, indivisible, ineffable, est la nature  véritable  de notre esprit. C’est ce que véritablement,  tattvata, nous sommes. C’est la seule perfection à  laquelle nous puissions aspirer.  Mais  il est erroné et lourd  de s’efforcer d’entretenir un corps parfait, une vie parfaite, une santé parfaite, car les exigences de ces efforts dérobent la force vitale. Ce  que  nous pouvons raison nablement faire, c’est aspirer à une vie   d’équilibre, sans excès. Elle permet de se débarrasser de l’obsession de la perfection entretenue par le mental, et du durcissement d’une volonté imbibée d’inimitié. L’ayurveda est la recherche d’un équilibre. Une vie équilibrée n’a pas d’ extrêmes, et très peu de fragmentation.