L’Institut de Botanique de Chine méridionale (Houa-nan, 1970), l’Institut de Materia Medica de Nankin (1972) et l’Institut de Médecine chinoise de Hang-tcheou (1973) ont repris les indications de la médecine classique chinoise contre la dysenterie. La dysenterie était une maladie qui se caractérisait par une diarrhée douloureuse et sanglante. On groupe actuellement sous le nom de dysenteries bacillaires les affections intestinales causées par les germes du type Shigella. L’amibiase intestinale est provoquée par un protozoaire (Entamœba dysenteriae) qui s’observe dans les régions chaudes.
Traitement naturel de la dysentrie et de l’amibiase: Traitement simple
L’ipéca et l’émétine sont les médicaments spécifiques de la dysenterie et de l’amibiase. L’ipéca,« racine vomitive» (T’ou-ken), est bien connue en Chine ( Ceplzaelis lpecacuanlza Willd.) (Rubiaceae); il est originaire du Brésil (Matto Grosso) et de l’Inde (Bengale). Il est également cultivé dans l’Ile de Formose, en Birmanie, en Malaisie et à Singapour. Le principal alcaloïde extrait de la racine d’ipécacuanha est l’émétine.
En Chine, l’émétine a été remplacée par diverses drogues locales. On a utilisé la lycorine, extrait du Che-souan, (Lycoris radiata Herb.) (Amaryllidaceae), dont les vertus thérapeutiques contre les états nauséeux étaient appréciés depuis longtemps par les traditionalistes. La lyeorine a été expérimentée contre l’amibiase.
Le traitement simple le plus récent paraît avoir été mené avec le Senecio scandens (séneçon grimpant) du Kouang-long. Le Ts’ien-li kou ang (Senecio scandens Buch-Ham) (Compositae) est recommandé en décoction contre la dysenterie. On a également préconisé, à Canton, des tablettes bactériostatiques à base de Senecio. Le Groupe de Recherche de Hang-tcheou (1973) a étudié les propriétés antidotes et antiphlogistiques du Senecio scandens et l’a indiqué contre la dysenterie bacillaire. La drogue la plus importante demeure le flouang-lien (Coptis teeta Wall.) (Ranuneulaceae). Le rhizome contient cieux alcaloïdes : la berbérine et la coptine.
La dysenterie bacillaire (LHsi) se manifeste par des nausées, des vomissements et de la fièvre. L’agent spécifique, le bacille décrit par Chantemesse et Widal (1888), siège dans le contenu inteslinal et la paroi du gros intestin. A Canton, on le traite à l’aide de tablettes de berbérinc (Houang-Uen-sou p’ien), Tabellae Berberini (Hydrochloridi) de 50 mg, 3 fois par jour.
L’Institut de materia Medica de Nankin prescrivait une autre Ranunculaceae, l’anémone pulsatille appelée Pai–t’éou wong (« vieillard à tête blanche »), comme antidiarrhéique et remède de la dysenterie amibienne (amibiase lntestinale).
Traitement naturel de la dysentrie et de l’amibiase: Traitement combiné
Le traitement combiné distingue aussi le traitement de la dysenterie et celui de l’amibiase. Le docteur A. Lebarbier a souligné, en 1975, l’intérêt des méthodes traditionnelles : « La dysenterie bactérienne est guérit par le seul 37 E, utilisé systématiquement avec succès dans cette maladie infectieuse sévère. »
Ce n’est qu’après avoir essayé et éliminé les autres points traditionnels que le 37 E fut retenu dans cette affection et utilisé dans tous les cas. Puncturé trois fois par jour, il assure la guérison et la négativation des coprocultures.
Le point n° 37 du méridien de l’estomac, Chang kiu-hiu, situé à environ un travers de doigt de la crête antérieure du tibia, est habituellement prescrit contre la diarrhée chronique et les états dysentériques. On traite le point E 37 (n°37 de l’estomac) soit à l’acupuncture (piqûre verticale) soit à la moxibustion (trois à sept moxas).
Le Radix Stephaniae ou Fang-ki, Stephania tetandra S. Moore (Menispermaceae est associé à la berbérine dans le traitement de la dysenterie bacillaire, mais le Houang-lien, réputé dépuratif du « triple réchauffeur » est à la base de tous les traitements combinés. La mixture dite des trois drogues : Houang-lien ( Coptis chinensis), Mou-hiang (Rosa banksiae) et Wou-mei (Prunus mume), est recommandée contre les selles diarrhéiques de la dysenterie bacillaire et les coliques douloureuses du gros intestin dans l’amibiase intestinale.
Le Cortex Fraxini (Oleaceae) est astringent. Il est conseillé contre les douleurs de l’intestin (colite). Il est mélangé avec le Houang-lien (Rhizoma Coptidis), le Houang-pai (Cortex Phellodendri) et le Pait’eou wong (Radix Pulsatillae). Cette décoction prise deux fois par jour est prescrite contre les diarrhées de la dysenterie.
Le traitement combiné dépend de la précocité du diagnostic. Les cas graves requièrent un traitement spécial à l’Anisodamine afin de corriger les troubles microcirculatoires. L’inhalation d’oxygène est prévue avec l’emploi des antibiotiques et de l’hydrocortisone. En 1970, l’hôpital des Maladies infectieuses de Lo-yang eut recours aux techniques les plus modernes. L’hôpital n° 1 de Tchang-tcheou, en revanche, utilisa systématiquement trois ans plus tard les décoctions traditionnelles contre la dysenterie bacillaire.
Les préparations végétales comportaient le K’ou-chen (Radix Sophorae.flavescentis, 31,25 g); le Ts’in-p’i ( Cortex Fraxini, 15,62 g) et le Kouang mou-hiang (Radix Saussureae, 14,69 g). Cette décoction fut employée dans le traitement des enfants atteints de dysenterie bacillaire aiguë. Les examens de laboratoire et la surveillance des porteurs de germes furent menés avec rigueur. Le traitement traditionnel est économique. L’emploi sur le terrain et l’action inhibitrice des drogues donnent pleine satisfaction.
Lutte contre les vers intestinaux, Nous signalerons de même quelques traitements simples et qui ont subi l’épreuve du temps contre les vers intestinaux. Ils sont appliqués en clinique. Les troubles intestinaux provoqués par les oxyures (vers blancs) sont soignés à l’aide du Cortex Meliae.
Le Cortex Meliae est l’écorce du lilas des Indes (Melia azedarach L.), appelée K’ou-lien p’i (Peau du Lien amer). Elle contient un alcaloïde : la margosine. L’écorce, séchée au soleil, est réduite en tranches. Elle constitue un anthelminthique réputé.
Les Ascaris (lombrics) sont des vers qui séjournent dans l’intestin grêle et provoquent des troubles gastro-intestinaux. Le traitement classique occidental est la Santonine tirée des armoises (Semen-contra). En Chine, on utilise les graines du Che kiun-tseu (Quisqualis Indica L.) qui contiennent un principe actif identique à celui de la santonine. Il faut rappeler que les lombrics peuvent remonter jusque dans la cavité gastrique. Le Fructus Quisqualis est un vermifuge. Il est couramment employé contre l’ Ascaris lumbricoides. Il correspond aux méridiens de la Rate et de l’Estomac.
Quant aux ténias, ce sont des vers plats et rubanés qui prolifèrent dans l’intestin. Le plus connu est le ver solitaire. Les Chinois utilisent comme ténifuge le Mylitta lapidescens. Il s’agit des fameuses Lei-wan (« pilules du tonnerre »), prises trois fois par jour pendant trois jours (une prise représentant 15 à 20 g). Cette drogue porte le nom savant de Sclerotium Omphaliae, Omphalia lapidescens Schrœter (Polyporaceae).
Fructus Aristolochiœ
Application nouvelle d’une drogue ancienne contre l’hypertension Ma teou-ling est le fruit d’Aristolochia debilis Siebold et Zuccarini (A ristolochiaceae). Ma teou-ling signifie littéralement « clochette du cou du cheval », Elle suggère la forme du fruit qui est de goût amer.
L ‘Aristoloche relève du » vaisseau des poumons » et du « vaisseau du gros intestin ». Elle est, par conséquent, béchique et vermifuge. Les fruits (à droite sur la planche) sont originaires du lieu-dit de Sin-tcheou (Aristoloche de Sin-tcheou). A gauche, la figure représente sans doute le Caulis Aristolochire, surnommé « plante grimpante des génies célestes » (T’ien-sien t’eng). La tige était recommandée contre les œdèmes. Quant à la fleur, elle évoque l’aspect d’une trompette. On trouve cette espèce dans le Tchéi-kiang, le Kiang-sou, le Hou-pet, le Ngan-houei, le Fou-kien et le Chen-si. D’après l’Essentiel de la Materia Medica (Pen-ts’ao p’in-houei tsing-yao, 1505).
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Il est fortement recommandé de demander un avis médical auprès d’un professionnel de santé avant d’envisager tout traitement.