Therapeutes Magazine : Pourquoi et comment et vous êtes-vous formée à l’hypnose ?
Nico Toublanc : Nous n’apprenons pas à l’école à nous servir de notre cerveau ni de notre cœur. Nous nous privons ainsi d’une partie importante de nos capacités. C’est dommage, non ? L’hypnose, enrichie par les connaissances en neurosciences qui progressent énormément, est une porte vers nous, notre cerveau et notre cœur.
C’est pourquoi je me suis formé en 2004 dans l’un des organismes historiques de l’hypnose thérapeutique en France, l’IFHE.
J’ai obtenu ma certification de praticienne hypnose et PNL puis je me suis formé en complément dans un autre organisme, l’Arche, dans lequel j’ai accompli également le cursus complet. C’est là que j’ai réalisé à quel point notre inconscient est incroyablement puissant, et un peu facétieux aussi, et combien l’hypnose est passionnante et bénéfique.
Depuis, je continue à me former quasi chaque année à d’autres approches et outils comme l’AT (Analyse Transactionnelle), l’EFT (Emotional Freedom Technique), le coaching génératif, qui enrichissent ma pratique, parce que je considère qu’on ne finit jamais d’apprendre, a fortiori dans un domaine où la compréhension de la psychée humaine évolue si vite.
Therapeutes Magazine : Quel est l’intérêt de l’hypnose pour vos clients ?
Nico Toublanc : Pouvoir évoluer, se libérer et se développer d’une façon aussi agréable que super efficace !
Réussir à faire des choses qu’ils ne réussissent pas à faire consciemment.
Débloquer les fameux « c’est plus fort que moi », et tous ces comportements et habitudes bloquantes qui leur sont nuisibles et sur lesquelles ils aimeraient avancer.
Mais aussi se poser, s’apaiser, s’accepter beaucoup plus facilement.
Therapeutes Magazine : Comment se passe une séance avec vous ?
Nico Toublanc : J’ai tendance à vouloir aller assez vite dans le vif du sujet.
Je dirais que le point de départ est celui d’arrivée. Autrement dit, la 1ère étape est de clarifier l’objectif de la personne : autrement dit ce qu’elle veut, vraiment.
Ce qui n’est pas si facile. La plupart d’entre nous avons de bonnes dispositions pour savoir ce dont nous ne voulons plus, mais ça se corse souvent lorsqu’il s’agit de savoir ce que nous voulons à la place.
Or, c’est indispensable pour avancer. Nous ne pouvons pas atteindre quelque chose que nous ne nous représentons pas.
Quand vous voulez vous rendre géographiquement quelque part, la 1° chose à déterminer est de savoir à quelle adresse. Parce que comment définir votre itinéraire sinon ?
Sinon, ça s’appelle se balader. Ce qui est plaisant, mais moins efficace si l’idée est bien d’avancer.
Psychologiquement, c’est pareil.
Passer, par exemple, de « je ne veux plus être stressé » à « j’ai envie de rester serein même face à mon boss », de « j’aimerais bien avoir confiance en moi » qui est évidemment louable, mais flou, d’autant qu’on ne sait pas toujours ce que ça veut dire concrètement, à « je décide de croire en mes capacités et de faire ce qu’il y a à faire pour », ou de « je veux perdre du poids » à « je veux me sentir légère et entrer dans mon 38 ».
Et là, ma casquette de coach et ma connaissance des outils du questionnement sont vraiment utiles.
C’est seulement une fois que c’est clair, mais aussi motivant, que l’on passe à une phase d’hypnose.
Cette étape va permettre de « décoincer » ce qui bloque, d’apporter un autre ressenti, de faire si besoin ce que j’appelle une petite mise à jour de programme.
Je précise que ce n’est pas moi toute seule qui fait le travail. J’accompagne.
Donc je fais AVEC la personne, et pas à la place de la personne.
Parce que je crois que l’intelligence collective est + forte et + solide. Et que c’est aussi très réjouissant de se dire qu’on a co-construit son propre changement, non ?
Therapeutes Magazine : Visio ou vraie vie, qu’est ce que vous proposez ?
Nico Toublanc : Les deux, bien sûr. Soit dans le calme de mon cabinet face à mon jardin, ce qui est vraiment apaisant et ressourçant, soit si la personne n’a pas envie, on ne peut pas se déplacer, en visio.
C’est évidemment le confinement qui a accentué cette pratique et il s’est avéré que ça peut, contrairement à ce qu’on pourrait penser, avoir la même efficacité qu’en face-à-face.
Donc c’est une question de choix de chacun, logistique parfois.
Mes anciens clients de Paris par exemple font parfois le voyage, mais cela reste rare. La plupart ont recours à la visio et finalement, ça leur va bien aussi.
Therapeutes Magazine : Quel type d’hypnose utilisez-vous ?
Nico Toublanc : Ma formation de base est Ericksonienne, du nom de Milton H. Erickson, psychiatre américain, qui s’est auto guéri d’une poliomyélite à 17 ans et a été un des tous premiers à réaliser que l’hypnose pouvait être un merveilleux outil thérapeutique.
Mais, je me sens aujourd’hui plus proche de l’hypnose humaniste, parce que je suis profondément persuadée qu’une approche holistique, globale est beaucoup plus efficace sur la durée que de faire un focus serré uniquement sur le symptôme.
Je considère que j’ai un être humain dans son entièreté en face de moi et que son symptôme n’est qu’un message de l’inconscient, qui n’est pas arrivé là pour rien.
J’ajoute que j’aime beaucoup l’appellation de « développement personnel » parce que je trouve belle l’idée que nous pouvons, toutes et tous, nous développer personnellement.
Ce qui, de mon point de vue, ça va plus loin que « seulement » se libérer d’une addiction, d’une phobie, de kilos en trop ou de troubles du comportement alimentaire.
Therapeutes Magazine : Qu’est ce que ça apporte à vos clients que vous soyez coach et hypnothérapeute ?
Nico Toublanc : Cette double casquette me permet de réunir 2 aspects qui correspondent en fait à 2 aspects de nous : un côté cartésien et rationnel pour avoir une compréhension intellectuelle plus vaste que ce que l’on a en général quand on a « le nez dans le guidon » et un côté imaginatif, symbolique, ressenti, émotionnel, un peu « magique » et pour autant indispensable à nous.
Nous ne sommes pas des machines !
Et c’est rarement uniquement d’un point de vue intellectuel que l’on change. Je crois chaque jour un peu plus que ce sont notre corps et notre cœur qui sont les clefs du changement.
Et avec toutes les connaissances que l’on a aujourd’hui sur notre cerveau, ça devient une évidence que réconcilier rationnel et irrationnel, donc conscient et inconscient, est beaucoup plus pertinent que les opposer. Parce que ce sont ces 2 facettes qui font de nous un être humain complet.
Therapeutes Magazine : Quel est pour vous le point le + important dans votre façon de travailler ?
Nico Toublanc : J’ai envie d’aider les gens qui m’accordent leur confiance à atteindre les objectifs bien sûr, mais aussi et, peut-être surtout, à se réconcilier avec eux-mêmes, avec leur vraies valeurs.
Je travaille beaucoup sur la relation à soi, sur le fait d’apprendre non seulement à s’accepter, s’apprécier, voire s’aimer.
Donc à se respecter et à prendre soin de soi.
Les personnes, par exemple, qui n’ont pas confiance en elles, ont dans la tête et dans le cœur une représentation d’elles très dure.
Elles ont intégré l’idée qu’elles ne valent pas le coup, ne sont pas assez intelligentes, compétentes, valables,… voire qu’elles sont inférieures. Ce qui est évidemment complètement faux. Mais quand une croyance est bien ancrée en nous, la faire évoluer demande un vrai travail.
C’est donc le point le plus important à mon avis : réaliser à quel point nos croyances ont une influence énorme sur notre façon d’agir, de réfléchir, d’être au monde.
Et que les faire évoluer, consciemment et inconsciemment, est un élément fondateur pour évoluer soi.
Donc je travaille beaucoup sur les croyances, la représentation de soi, l’harmonie avec soi.
Therapeutes Magazine : Combien faut-il de séances ?
Nico Toublanc : Difficile de répondre précisément, tout dépend des problématiques, du contexte, mais aussi de la motivation et des éventuelles résistances. Chacun est un cas particulier.
Mais dans la majorité des cas, quelques séances permettent de bien avancer sur la problématique de départ.
Assez souvent, 3 séances suffisent. Et globalement, il est rare de dépasser les 8 à 10.
Mais il y a aussi des personnes qui souhaitent être accompagnées sur la durée. Certains de mes clients viennent me voir régulièrement, pour avoir un espace de pause et de parole, un éclairage extérieur, et/ou des pistes pour avancer.
D’autres, une fois qu’ils ont résolu leur trouble initial, reviennent pour une piqure de rappel.
Par exemple, il y a quelques jours, une jeune femme m’a appelée de ses vacances en Thaïlande parce qu’elle avait une petite « rebelotte » d’angoisses. Nous avons pu calmer la situation en visio en moins d’une heure.
Therapeutes Magazine : C’est quoi pour vous un bon hypnothérapeute ?
Nico Toublanc : Quelqu’un qui est à l’écoute, sans jugement, bienveillant mais, je crois, exigeant.
Moi, je veux le meilleur pour mes clients, donc j’ai envie qu’ils avancent et ma mission est de les y aider, pas de les laisser mariner ou s’enfoncer dans un marasme psychologique.
Dans l’empathie, mais, avec une belle énergie, capable aussi de canaliser, cadrer, réconforter, si nécessaire, sans tomber, pour autant, dans la pitié, mais aussi de canaliser, voire confronter dans certains cas, et plus « techniquement », avec une bonne compréhension de la psychée humaine, des schémas répétitifs, des croyances et des comportements qu’elles enduisent et bien sûr des techniques d’hypnose et d’accompagnement.
Therapeutes Magazine : Qu’est ce que vous conseilleriez à quelqu’un qui cherche un hypnothérapeute ?
Nico Toublanc : De réfléchir d’abord à ce qui lui permet de faire confiance. De quoi a-t-il vraiment besoin pour se sentir en confiance ?
Pour certains, au premier abord en tout cas, ce sera peut-être les diplômes et certifications, les années d’expérience, les recommandations de vive voix, les avis en ligne, pour d’autres, ce sera plus au feeling, à l’intuition.
De clarifier un peu ses attentes. De se demander pourquoi l’hypnose ? Qu’est-ce qu’on en espère ? Qu’est-ce qu’on a envie d’en retirer ? Parce que même si l’hypnose a un côté magique, çà n’est pas une baguette magique. Ça fait avancer beaucoup, beaucoup plus vite et mieux que bien d’autres pratiques, mais ça ne fait pas tout miraculeusement et ça demande d’être engagé dans son changement.
D’oser passer un coup de fil avant de prendre rendez-vous et écouter ce qu’on ressent quand on écoute l’interlocuteur au bout du fil.
Et peut-être enfin encore de vérifier les valeurs du thérapeute.
De plus en plus, nous les affichons sur nos sites, je trouve que cela donne une bonne idée de qui est le professionnel et l’être humain qui va guider, accompagner, être là pour soi.
Parce que quelle que soit la pratique, je crois qu’aucun accompagnement ne peut porter de jolis fruits s’il n’est pas basé sur une confiance en réciprocité.
Et je crois que c’est tant mieux !
Fiez-vous un peu sur votre conscient, en vous documentant un peu sur le professionnel, et sur votre inconscient, en écoutant tout simplement votre feeling. S’il n’est pas pollué par des croyances plombantes, il a toujours raison.
Therapeutes Magazine : Qu’est ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
Nico Toublanc : Le fait d’aider les gens à s’aimer eux-mêmes, à être plus respectueux d’eux-mêmes et vivre plus libres, plus heureux.
J’ai l’impression qu’à chaque fois qu’un de mes clients a amélioré son monde intérieur, ça va aider le monde extérieur à s’améliorer.
Je crois que lorsque l’on est bien avec soi-même, on ne peut qu’être bien avec le reste du monde.
La souffrance engendre la violence, donc la souffrance. On le voit tous les jours, et moi peut-être encore plus dans mon métier. J’ai l’impression que ce que je fais, ce que je tente d’apporter permet de casser ce cycle infernal.
Et quand j’y arrive, je veux dire quand j’arrive à aider quelqu’un à sortir de là, j’accomplis ma mission.
Un autre élément que j’adore dans mon métier, c’est de constater la créativité incroyable de notre imagination et de notre inconscient. C’est fou, en réalité ! Et à chaque fois que je vois ça, se déployer pendant un moment d’hypnose, je suis, encore après tant d’années, toujours aussi épatée.
Et le troisième point que j’adore dans mon métier, c’est la connexion très forte et profonde qui se crée avec la majorité de mes clients et clientes. Ce sont très souvent de belles rencontres enrichissantes et des moments de partage.