3 phénomènes incroyables que l’on peut obtenir avec l’hypnose

INHIBITION DES RÉACTIONS ALLERGIQUES

Diehl et Heinichen ont démontré, dans un travail expérimental poussé, que par les suggestions appropriées on pouvait modifier quantitativement les tests cutanés de certains allergènes. Black et ses collaborateurs ont repris ces travaux et démontré expérimentalement que l’on pouvait effectivement modifier les réac­tions d’hypersensibilité retardées de von Pirquet dans la tuberculose, ainsi que les réactions d’hypersensibilité immédiates (H.T.I.) qui s’observent dans les allergies telles que l’asthme, l’urticaire, le rhume des foins, et sont étroitement liées au psychisme du patient.

ALTÉRATIONS DES FONCTIONS SENSORIELLES

Comme nous venons de le voir, la sophronisation peut influen­cer considérablement les fonctions motrices. Elle agit également au niveau des cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher peuvent être modifiés ; les perceptions du sujet pouvant être annulées, augmentées ou diminuées.

La vue

Des expériences ont montré qu’en état sophronique profond la vision de certains sujets pouvait être améliorée considérable­ ment et cela bien au-delà de leurs capacités d’effort volontaire. Hartland rapporte des expériences faites sur des sujets myopes où la vision de loin fut considérablement améliorée en état sophronique profond.

A l’état de veille, sans verres, la distance maximale à laquelle ces sujets ponvaient lire une page de journal était de 30 cm ; avec les verres correcteurs, elle était de 1,82 m. En état de somnambulisme, le même sujet était capable de lire la même page à 1,82 m sans verres correcteurs. On peut aussi diminuer partiellement la vision, et même provoquer une cécité totale par suggestion, comme l’a montré Erickson. Lundholm et Dorcus ont démontré pour leur part que, chez les malades présentant une cécité suggérée, le réflexe pupillaire, le clignement d’œil et les réactions de défense contre une lumière trop violente persistent, et qu’il n’y a aucune modifica­tion de l’onde alpha de l’encéphalogramme. Erickson a égale­ment expérimenté la possibilité d’induire par suggestion une cécité élective de certaines couleurs (achromatopsie) qui avait tous les caractères de l’achromatopsie organique.

L’ouïe

Certains auteurs comme Sterling, Miller, Schneck, Bergman, ont écrit que la sophronisation ne pouvait améliorer l’acuité auditive lorsqu’elle était déjà maximale à l’état de veille. Un reproche majeur peut leur être fait : celui de n’avoir pas fait, leur sujet étant en état de transe, de suggestions appropriées d’amélioration de l’ouïe, ce qui ôte toute valeur à leurs travaux. Masson a montré que l’acuité auditive et la discrimination des bruits peuvent augmenter sensiblement en transe profonde. Il a décrit, et nous avons nous-même refait cette expérience pour la vérifier, le cas d’un sujet en transe profonde auquel il avait sug­ géré une amélioration considérable de son audition. Ce dernier devenait alors capable d’entendre un réveil placé dans une chambre adjacente, réveil qui était parfaitement inaudible à l’état de veille et dont il put, par surcroît, signaler  instantanément les arrêts déclenchés par manipulateur. Ces faits sont caractéris­tiques de la phase ultra-paradoxale décrite par Pavlov.

Erickson enfin a étudié d’une manière remarquable la surdité induite qui peu t être sélective (le sujet ne percevant pas les sons d’une certaine fréquence) ou totale.

Peterson et Black, en se servant de stimuli auditifs, se sont efforcés de déterminer d’une manière précise le lieu du blocage nerveux en état sophronique. Pour ce faire, ils ont cherché à faire naître une légère névrose expérimentale chez des volon­taires, grâce à une technique de conditionnement simple, et ils ont étudié les conditions d’apparition et de disparition de certains symptômes dans des conditions de contrôle très rigou­reuses. Pour ce faire, ils ont enregistré simultanément l’électro­ encéphalogramme, les mouvements respiratoires, le rythme car­diaque, le réflexe galvanique cutané et les signaux utilisés grâce à un appareil à canaux multiples. Ils conditionnaient les sujets en leur faisant entendre un ton de fréquence élevée, 310 cycles­ seconde pendant 5 secondes, et, à la quatrième seconde, le sujet recevait une décharge électrique douloureuse au niveau d’un doigt. Ils faisaient également entendre un ton de fréquence basse, 130 cycles, auquel n’était jamais associée de sensation douloureuse. Au bout d’une semaine, l’audition du ton de fré­quence élevée déclenchait une réaction de peur avec accélération du rythme cardiaque. L’audition du ton de fréquence basse s’ac­compagnait au contraire, en général, d’une sensation de relaxa­tion avec ralentissement du cœur. Paterson et Black étudièrent spécialement le rythme cardiaque et le réflexe psychogalvanique. Dans une première expérience, ils induisirent une anesthésie sophronique de la main chez certains sujets et tentèrent de les conditionner. Il était évident que, si cc conditionnement s’avérait possible, en dépit de l’anesthésie, Paterson et Black auraient eu le droit de conclure que les sujets en état sophronique essayaient essentiellement de  » jouer un rôle » ; mais, si aucune réaction de peur n’apparaissait, il était logique de conclure que l’influx douloureux était bloqué entre la peau et le cortex ; en fait, ils ne purent conditionner les sujets dont la main était anesthésiée par suggestion. Par ailleurs, ils suggérèrent en état sophronique, à des sujets conditionnés, une surdité élective à une vibration de fréquence élevée : ils ne notèrent aucune réaction de peur

à l’audition de cette fréquence. Les sujets conditionnés présen­taient, ainsi que le prouvèrent les audiogrammes, une surdité élective pour les vibrations de fréquence élevée, les autres étant clairement perçues. Il faut admettre qu’il existait un blocage entre l’ouïe et le cœur, au niveau des fibres afférentes ou effé­rentes du cortex. Une expérimentation minutieuse démontra que le blocage se faisait au niveau cortical. Puis ils enregistrèrent ce que l’on appelle la réponse moyenne évoquée à uu stimulus auditif : on fait entendre à un sujet une série de « clicks » qui se produisent toutes les deux secondes et l’on enregistre, grâce à un dispositif approprié, les variations de potentiel au niveau de la zone corticale auditive. Celles-ci apparaissent si le sujet concentre son attention sur le « click », mais sont inexistantes si elle est concentrée sur autre chose, la lecture d’un livre par exemple. Etant donné qu’il n’y a pas de potentiel évoqué lorsque l’attention du sujet est détournée, il est évident qu’il ne pourra entendre le son si on le lui suggère en état sophronique et qu’il n’y aura dès lors aucune réponse corticale. L’expérimentation a prouvé, en fait, que les stimuli n’atteignent pas le cortex, le blocage se faisant sur les fibres afférentes. Il est très probable qu’il se situe dans un centre sous-cortical, au niveau du noyau cochléaire qui possède une indépendance relative par rapport au cortex. Il y aurait ainsi un véritable servo-mécanisme, le cor­tex pouvant déterminer au niveau du noyau cochléaire un blocage sélectif qui laisserait passer certains sons et pas d’autres.

Notons, en passant, que dans les expériences conduites par Black et Paterson la sophronisation était utilisée pour inhiber des réponses conditionnées ou non. Mais elle peut l’être égale­ment pour faciliter certaines réponses conditionnées. Si un sujet est difficilement conditionnable parce qu’il a un seuil de douleur trop élevé, il est extrêmement facile de le conditionner en une seule séance sous sophronisation. Ces auteurs ont en effet montré qu’un tel conditionnement suggéré persistait pendant plus de trois mois. Fait important, ils ont également démontré que la suggestion en état sophronique est en général plus forte que le réflexe conditionné établi. Si l’on conditionne un sujet à une augmentation du rythme cardiaque en réponse à un stimulus auditif et qu’avant l’audition du signal on lui donne en état sophronique la suggestion que l’accélération ne se produira pas,

la suggestion se révèle plus puissante que le réflexe conditionné, le cœur ne s’accélère pas.

L’odorat

L’odorat peut être altéré, augmenté, diminué ou supprimé par des suggestions en état sophronique.

Le goût

Bowles, Pronko et Hill ont montré qu’en état sophronique on peut, par des suggestions appropriées, neutraliser entre cer­taines limites les saveurs douces et amères et altérer la perception du sujet en lui faisant passer pour amère une substance absolument neutre.

Le toucher

On ne possède pas à l’heure actuelle de preuve expérimentale formelle qu’il soit possible d’améliorer le sens tactile d’une ma­nière très significative en état sophronique. Par contre, la sensi­bilité tactile peut être diminuée et même abolie par suggestion.

L’ANESTHESIE

L’anesthésie sophronique dont nous étudierons toutes les utili­sations en médecine, en dentisterie, en chirurgie, en obstétrique, mérite d’être étudiée en détail car elle est un des phénomènes les plus utilisés en thérapeutique et permet des démonstrations très spectaculaires.

La suggestion peut inhiber la sensibilité comme la motricité. Le sujet ne sent plus qu’on le touche, il ne sent plus la douleur.

Certains hypnothérapeutes affirment que quelques-uns d’entre eux sont anesthésiés du fait de l’hypnose elle-même, sans suggestion ; c’est le cas de ceux qui peuvent atteindre l’état de somnambulisme ; ils sont, pour la plupart, spontanément insensibles à la douleur. On peut alors pratiquer des interventions chirurgicales majeures comme celles que fit Esdaile.

Ce mode d’anesthésie a d’énormes avantages sur l’anesthésie chimique. Il ne produit aucune réaction toxique, n’est absolument pas choquant et, donc, particulièrement indiqué pour les sujets gravement malades. Il maintient l’intégrité des réflexes de défense. Si le sujet vomit, son réflexe de toux n’est pas aboli ; il peut boire et déglutir sans difficulté. En outre, ses douleurs postopératoires peuvent être très facilement contrôlées par sophronisation.

En général, la récupération beaucoup plus rapide du malade permet un lever précoce évitant bien des complica­tions. Le degré d’analgésie que l’on peut atteindre par la sophro­nisation moyenne est très variable, le seuil de la perception douloureuse variant suivant les individus. En pratique, beaucoup d’interventions chirurgicales mineures peuvent être pratiquées en relaxation sophronique dans de très bonnes conditions d’anesthé­sie, l’état de relaxation obtenu grâce à l’induction sophronique inhibant l’anxiété du sujet.

Toute une série de travaux, en particulier ceux de Deynes, de Seares et de Levin, ont démontré que lorsque l’on provoque l’anesthésie par suggestions hypnotiques toutes les réactions habi­tuelles à la douleur sont inhibées. On n’observe en effet aucune modification du rythme respiratoire, du pouls, des réflexes psy­chogalvanique ou pupillaire. Wolff et Gode!ont démontré qu’il existe chez les sujets en état sophronique léger une élévation du seuil de la douleur qu’ils ont chiffrée à 40%.

La physio­logie ne permet pas de comprendre l’anesthésie hypnotique. En effet, cette dernière ne répond nullement à une topographie radiculaire. C’est ainsi que si l’on suggère à un malade une anesthésie du pied, dite « en botte », celle qui est obtenue ne répond nullement à la topologie complexe des différents nerfs sensoriels, ni aux différents territoires sensitifs. L’explication scientifique interdit d’admettre le phénomène, ce qui explique la réaction de Babinsky au début de ses études sur l’anesthésie suggérée :

« Ce n’est pas vrai, il triche ! »

En réalité, il ne faut pas oublier que le thérapeute parle au malade un langage ima­ginaire, symbolique, un langage du corps et que le patient répond également en langage du corps. Lorsque vous lui avez suggéré l’anesthésie de telle ou telle partie de son corps, vous lui avez introduit dans l’esprit une image (par exemple, « vous ne sentirez plus rien au niveau de votre pied »). Le sujet s’iden­tifie à cette image et refuse, dans son activité psychique inconsciente, tout message sensitif provenant de la zone sophronisée. Par contre, il enregistre les messages provenant des autres zones. On assiste alors à une suppression des images de la douleur et, par conséquent, à une suppression de celle-ci déterminant l’anes­thésie en botte. Une fois terminée l’intervention ayant nécessité l’analgésie sophronique, il faut faire disparaître cette analgésie par des suggestions appropriées avant de « réveiller » le sujet et lui permettre de s’en aller.

Avant de terminer ce chapitre au cours duquel nous avons essayé de résumer quelques phénomènes décrits au long de la transe hypnotique, nous désirons souligner l’importance des tech­niques dynamiques modernes de la sophrologie, dont la princi­pale est la relaxation dynamique de Caycedo. Cette méthode a en effet révolutionné tous les concepts élaborés sur l’hypnose jusqu’à présent. Elle a démontré que les différents phénomènes observés, et rattachés à des états de conscience plus ou moins « nébuleux » , pouvaient être utilisés en médecine moderne au cours d’une sophronisation dynamique.

Caycedo sophronise les groupes dynamiquement et, comme nous le verrons dans un chapitre ultérieur, il enseigne aux personnes entraînées aux processus sophroniques à utiliser la motricité, les « catalepsies », les mouvements automatiques, la paralysie, les altérations du tonus musculaire, la tension artérielle, la respiration, les sécré­tions. Il leur apprend le contrôle des fonctions sensorielles (vue, goût, ouïe, toucher, odorat, etc.) par un système de sophronisa­tion inspiré des techniques orientales et qui permet aux personnes (non aux sujets) de pratiquer les méthodes de ren­forcement psychosomatiques. Nous considérons donc que la mé­thode de relaxation dynamique de Caycedo est d’une importance capitale pour la compréhension des objectifs primordiaux de la sophrologie.