françoise mézières

Méthode Mézières, une révolution thérapeutique pour votre dos et vos douleurs

Françoise Mézières était une kinésithérapeute française (1909-1991), enseignante d’anatomie et de physiothérapie, inventeur du concept de chaîne musculaire et de la Méthode Mézières. Aux yeux de nombreux professionnels, elle a révolutionné la rééducation et apporté une nouvelle vision de la mécanique humaine.

La carrière de Françoise Mézières (1909-1991) a radicalement changé suite à une découverte empirique (c’est-à-dire basée sur l’observation).

Grâce à cette découverte, elle aurait trouvé l’origine de toutes nos malformations, développé un puissant outil thérapeutique pour nos dysfonctionnements et douleurs musculo-squelettiques, et formulé des lois biomécaniques totalement nouvelles.

Solitaire et résolue, elle osa s’interroger sur les bases théoriques de la physiothérapie, de l’orthopédie et de la plupart des formes de travail corporel.

1947 est l’année de la révolution française pour le monde de la thérapie manuelle. Au cours de cette année, Mézières a fait ce que l’on pourrait considérer, dans le domaine de la thérapie manuelle, l’une des plus grandes découvertes du XXe siècle.

Sa découverte primaire était tellement contraire aux enseignements orthodoxes qu’elle a passé deux ans à essayer de prouver qu’elle avait tort. Mais ses découvertes étaient réelles, pas une simple illusion. Les années suivantes ont été riches en nouvelles observations. Elle retourne à l’étude de l’anatomie, matière qu’elle enseigne depuis dix ans. Il lui a fallu vingt ans pour vérifier minutieusement la validité de ses observations et comprendre les mécanismes corporels mis en évidence. Une méthode de diagnostic et de traitement entièrement nouvelle, unique et révolutionnaire est née: la méthode Mézières.

Cette méthode repose sur des faits vérifiés. Néanmoins, elle a dû faire face à une opposition farouche car travailler de cette façon signifiait à l’époque qu’il fallait abandonner un attirail de machines intelligentes mais inutiles. La panoplie de corsets, d’appareils orthodontiques, d’inserts de chaussures, de tables de traction, de machines laser et à ultrasons devient obsolète lorsque l’on adopte l’approche Mézières.

Aussi, son travail est fatigant et difficile car lorsqu’une seule partie semble nécessiter des soins, il est nécessaire de traiter l’ensemble du corps. Les séances sont longues, elles exigent une attention soutenue et un effort physique de la part du thérapeute car les chaînes musculaires résistent avec force et ruse à toute tentative d’étirement.

La Découverte

L’histoire commence donc au printemps 1947.

Mézières « examine une nouvelle patiente: une femme grande et maigre dans la quarantaine, au dos très arrondi (kyphose). Souffrant de douleurs dorsales depuis deux ans, son torse entier avait été enfermé dans une attelle qui n’avait finalement pas rééquilibré ses déformations mais lui provoquait beaucoup de bleus. La patiente se plaignait particulièrement de ses épaules: elles étaient si douloureuses qu’elle ne pouvait plus lever les bras et donc ne pouvait plus travailler.

Mézières lui demanda de se déshabiller et de s’allonger par terre. Pour aplatir le dos de sa patiente, Mézières poussa sur ses épaules mais cette tentative provoqua une grande concavité (lordose) dans le bas du dos de la patiente. Pour contrer ce creux indésirable, Mézières a décidé de soulever les genoux du patient pour incliner le bassin et aplatir le bas du dos. Mais maintenant, c’est le cou qui présente une concavité phénoménale avec la tête projetée en arrière, et Mézières se trouve incapable d’inverser cette situation.

D’innombrables générations de thérapeutes ont dû rencontrer ce comportement musculaire, mais personne n’ a tiré les conclusions nécessaires avant Mézières: les muscles du dos sont trop raides, trop courts.

Les faits observés étaient incroyables.

N’avait-elle pas appris et enseigné que, avec un dos rond (kyphose), les muscles sont trop faibles, trop longs et trop élastiques?

Mais ici, la concavité s’est échappée dans un nouvel endroit dès qu’elle a été aplatie. Le problème n’était pas le dos rond mais ce virage lordotique errant qui était aussi glissant qu’un savon. De plus, la pratique établie de travailler localement en aplatissant les convexités et en faisant saillie des concavités s’est avérée inutile ici car les muscles du dos se comportaient comme un seul muscle.

Mézières a été forcée d’accepter le fait que la concavité (ou lordose) n’est pas fixée en un seul endroit mais se déplace, comme la bulle dans un niveau spirituel, en fonction des positions relatives des différentes parties du corps. Mézières croyait, comme tous ses collègues, que les malformations sont causées par la faiblesse des muscles qui deviennent incapables de soutenir la colonne vertébrale dans sa forme et de contrecarrer la force de gravité.

Malgré ces théories, elle a décidé de travailler paradoxalement: allonger les muscles du dos, faire face aux creux et ignorer les bosses. Elle traitait sa patiente comme si elle souffrait d’une lordose totale. Après huit mois de séances hebdomadaires, ne traitant que les concavités, la patiente de Mézières s’est débarrassée de son appareil orthopédique et de ses douleurs, a grandi, a perdu son estomac proéminent sans exercices abdominaux et, comme elle pouvait à nouveau se servir de ses bras, elle est retournée au travail.

De nos jours, comment se déroule une séance ?

Le protocole

1. Les postures d’étirement

La base du travail du thérapeute est d’identifier les chaînes musculaires qui provoquent des douleurs ou des dysfonctionnements.

Il pourra alors choisir les postures qui, en fonction des possibilités du sujet, permettront de libérer les chaînes myo-fasciales rétractées tout en corrigeant tous les déséquilibres de façon simultanée.
En fonction des possibilités du sujet, elles visent à allonger les chaînes myofasciales rétractées et permettent de corriger les déséquilibres d’une façon simultanée tout en favorisant la liberté respiratoire.

2. Les massages

Les différentes techniques utilisées par le thérapeute visent à relacher les points douloureux et les spasmes musculaires. C’est également l’occasion d’agir sur le phénomène proprioceptif de récupération des sensations musculaires.

3. Les mobilisations

La Méthode Mézières ne consiste pas seulement en un travail statique, elle s’adresse aussi aux muscles de la dynamique, d’où l’importance de mettre du mouvement et du rythme dans la séance.

Véritable réponse aux mécanismes d’adaptation et de compensation du corps, la méthode Mézières offre une originalité et une efficacité, la plaçant en pointe dans le domaine de la kinésithérapie.

La durée moyenne

– De 45 à 60′, la durée d’une séance n’a aucun rapport avec l’âge du Patient.
– Celle-ci dépendra en fait de l’état du Patient au moment de sa séance.
– Chaque séance est totalement « adapté » au Patient.
– Une fois par semaine, sans exercices à la maison sauf cas assez rares.
– Plus de 60′ serait même l’idéal.

L’examen clinique

VOIR les dysmorphismes et déséquilibres du Patient
ECOUTER le vécu du Patient (ses expériences conscientes et inconscientes)
PALPER les tissus pour sentir les zones de grandes tensions, débusquer les douleurs masquées, connues ou inconnues du Patient, parfois situées loin des symptômes.

Quel état de la méthode Mézières en France ?

 

Étant donné les résultats spectaculaires de la méthode, il est surprenant qu’il n’ y ait pas plus de praticiens. La raison en est probablement le fondateur. Françoise Mézières était tellement convaincue par sa méthode qu’elle ne se souciait jamais des données scientifiques. Lorsqu’elle est décédée en 1991, elle a laissé ses étudiants sans aucune recherche médicale pour les appuyer, ce qui explique peut-être pourquoi la thérapie n’ a pas décollé.

Mais ces dernières années, l’Université de Strasbourg a repris le drapeau Mézières et développe la thérapie sous le nom de Reconstruction Posturale. C’est essentiellement la physiothérapie du nouveau millénaire « , affirme le professeur M Jesel de la Faculté de médecine de l’université. « C’est un travail extrêmement précis, mais les résultats peuvent être spectaculaires. »

Espérons qu’un plus grand nombre de thérapeutes se formeront à cette forme révolutionnaire de kinésithérapie.