Méthionine et glycine : est-il néfaste de manger trop de viande ?

La viande faite à partir des muscles des animaux est riche en acide aminé méthionine, mais relativement pauvre en glycine.

Beaucoup de spéculations circulent sur les communautés en ligne dédiées à la santé, notamment le fait qu’un apport trop élevé en méthionine et trop faible en glycine peut favoriser l’apparition de certaines maladies en créant un déséquilibre dans le corps.

L’article suivant examine en détail les données scientifiques derrière ces hypothèses.

 

Que sont la méthionine et la glycine ?

La méthionine et la glycine sont des acides aminés.

Elles font partie de la structure des protéines, avec 20 autres acides aminés. On les trouve dans les protéines alimentaires, et ont plusieurs fonction importantes dans notre corps.

Méthionine

La méthionine est un acide aminé essentiel. Cela signifie que nous devons nous en procurer via notre régime alimentaire pour survivre.

Heureusement, il est facile d’en consommer. On la trouve en diverses quantités dans la plupart des protéines alimentaires, en particulier les protéines animales.

Le blanc d’œuf, les fruits de mer, la viande et certains fruits à coque et graines en sont riches. Voici quelques exemples d’aliments riches en méthionine (1) :

  • Blanc d’œuf : 2,79g/100g.
  • Spiruline en poudre : 1,15g/100g.
  • Bœuf maigre : 1,14g/100g.
  • Noix du Brésil : 1,12g/100g.
  • Agneau maigre : 1,09g/100g.
  • Bacon : 1,07g/100g.
  • Parmesan : 0,96g/100g.
  • Blanc de poulet : 0,92g/100g.
  • Thon : 0,88g/100g.

L’une des fonctions principales de la méthionine est de servir de « donneur de méthyle », accélérant ou stabilisant les réactions chimiques du corps.

Conclusion : La méthionine est un acide aminé essentiel, présent en abondance dans les œufs, fruits de mer et la viande.

Glycine

Comme la méthionine, la glycine se trouve en diverses quantités dans la plupart des protéines alimentaires.

La meilleure source est la protéine animale collagène, la protéine la plus abondante chez les êtres humains et de nombreux animaux (2).

Le collagène ne se trouve cependant pas en grande quantité dans la viande que l’on achète au supermarché, à moins que vous ne préfériez des coupes de moins bonne qualité.

On le trouve surtout dans les tissus conjonctifs, les tendons, les ligaments, la peau, le cartilage et les os – tout ce qu’on associe généralement avec de la viande de qualité médiocre.

La gélatine, une substance faite à partir de collagène, est une autre source de glycine. La gélatine est souvent utilisée en tant qu’agent gélifiant dans la cuisine et la production d’aliments.

Parmi les sources alimentaires de gélatine, on trouve les desserts gélifiés et les bonbons en gélatine. C’est également un additif présent dans de nombreux produits alimentaires, comme le yogourt, le fromage à la crème, la margarine et les crèmes glacées.

Voici quelques exemple d’aliments riches en glycine (1) :

  • Gélatine en poudre : 19,05g/100g.
  • Couenne de porc : 11,92g/100g.
  • Farine de sésame à faible teneur en graisse : 3,43g/100g.
  • Peau de poulet : 3,25g/100g.
  • Blanc d’oeuf : 2,60g/100g.
  • Bacon : 2,60g/100g.
  • Bœuf maigre : 2,17g/100g.
  • Seiche : 2,03g/100g.
  • Agneau maigre : 1,75g/100g.

La glycine n’est pas un acide aminé essentiel. Cela signifie qu’il ne nous est pas nécessaire de nous en procurer via notre régime alimentaire pour survivre. Le corps peut d’ailleurs en produire lui-même à partir de l’acide aminé sérine.

Cependant, les données suggèrent que la glycine synthétisée à partir de sérine n’est pas en mesure de satisfaire entièrement les besoin du corps. C’est pourquoi nous pouvons avoir besoin d’en consommer grâce aux aliments (3, 4).

Conclusion : La glycine est un acide aminé non essentiel que l’on trouve en grande quantité dans la peau, les tissus conjonctifs, les ligaments, les tendons, le cartilage et les os.

 

Quel est le problème avec la méthionine ?

La viande de muscle est relativement riche en méthionine, qui peut être transformée en un autre acide aminé appelé homocystéine.

Contrairement à la méthionine, l’homocystéine ne se trouve pas dans la nourriture. Elle est fabriquée par le corps lorsque la méthionine est métabolisée, principalement par le foie (5).

Une consommation excessive de méthionine peut causer une augmentation du taux d’homocystéine dans le sang, surtout chez les personnes qui manque de certains nutriments comme l’acide folique (6).

L’homocystéine est très réactive dans le corps, ce qui la rend potentiellement néfaste en grande quantité. Un taux élevé d’homocystéine a d’ailleurs été lié à plusieurs maladies chroniques, comme les maladies cardiaques (7, 8).

C’est pourquoi les compléments de méthionine ou les protéines animales peuvent avoir des effets indésirables sur le fonctionnement des vaisseaux sanguins (9).

Cependant, il n’existe actuellement pas de preuve concrète qu’un taux élevé d’homocystéine peut, de lui-même, causer des maladies cardiaques. Il peut s’agir simplement d’un facteur de risque indirect, statistiquement associé à la cause réelle.

Quelques études ont démontré que réduire le taux d’homocystéine grâce à l’acide folique ou d’autre vitamines B après un infarctus ne diminue pas la fréquence d’épisodes récurrents au niveau du coeur ou du système circulatoire (10, 11, 12).

De plus, des méta-analyses ont découvert que réduire le taux d’homocystéine avait peu, voire pas d’effet sur de futures occurrences de maladies cardiaques, ou sur les risques de décès (13, 14).

Conclusion : Un taux élevé de méthionine peut entraîner une élévation du taux d’homocytéine, qui a été associée aux maladies cardiaques et à d’autres maladies chroniques. Il reste encore à déterminer si l’homocystéine en est réellement la cause.

 

Équilibrer l’homocystéine

Le corps est équipé d’un système permettant de garder l’homocystéine à un niveau convenable.

Le processus implique principalement le recyclage de l’homocystéine pour la transformer en acide aminé cystéine, ou en méthionine.

Quand ce système ne fonctionne pas, le taux d’homocystéine augmente. Le taux de méthionine peut aussi être bas lorsque le recyclage de l’homocystéine est défectueux.

Il existe trois moyens par lesquels le corps peut réduire le niveau d’homocystéine : la méthylation due à l’acide folique, la méthylation indépendante de l’acide folique, et la trans-sulfuration.

Différents nutriments sont requis pour que chacun des ces trois mécanismes fonctionne.

1. Méthylation due à l’acide folique : Ce procédé reconverti l’homocystéine en méthionine, et aide à garder un taux faible d’homocystéine (15).

Trois nutriments sont requis pour en assurer le bon déroulement :

  • Acide folique : Cette vitamine B est probablement le nutriment le plus important dans le maintien à des niveaux convenable du taux d’homocystéine (16, 17, 18).
  • Vitamine B12 : Les végétariens manquent souvent de vitamine B12, ce qui peut entraîner une augmentation du taux d’homocystéine (19, 20).
  • Riboflavine : Bien que la riboflavine ne soit pas nécessaire à ce processus, elle peut avoir des effets de limitation sur l’homocystéine (18, 21).

2. Méthylation indépendant de l’acide folique : Il s’agit d’un processus alternatif qui reconverti l’homocystéine en méthionine ou en diméthylglycine, ce qui permet de garder un taux d’homocystéine convenable (15).

Plusieurs nutriments sont requis pour assurer son bon fonctionnement :

  • Triméthylglécine ou choline : Aussi appelée bétaïne, la triméthylglycine se trouve dans de nombreux aliments végétaux. Elle peut également être produite à partir de choline (22, 23, 24).
  • Sérine et glycine (25).

3. Trans-sulfuration : Ce processus réduit le taux d’homocystéine en la transformant en acide aminé cystéine. Cela ne réduit pas le niveau de base d’homocystéine, mais peut en atténuer les piques après un repas.

Les nutriments sont suivants sont nécessaires à son fonctionnement :

  • Vitamine B6 : Les personnes manquant d’acide folique et de riboflavine peuvent consommer des compléments de vitamine B6 pour réduire leur taux d’homocystéine (20, 26).
  • Sérine : La sérine alimentaire peut également réduire le niveau d’homocystéine après un repas. La glycine a des effets similaires (27, 28).

Si ces systèmes de fonctionnent pas correctement, le taux d’homocystéine peut augmenter.

Cependant, les nutriments ne sont pas le seul facteurs qui peut affecter le taux d’homocystéine. La génétique, l’âge, certains médicaments, et les problèmes de santé, comme les maladies hépatique et les syndromes métaboliques, ont également une influence.

Conclusion : Dans des circonstances normales, le corps peut lui-même garder le niveau d’homocystéine à un niveau convenable. Cela nécessite plusieurs nutriments, comme l’acide folique, la vitamine B12, la vitamine B6, la triméthylglycine, la sérine et la glycine.

 

Consommer trop de viande peut-il augmenter le taux d’homocystéine ?

Après avoir mangé un repas riche en protéines, ou pris des compléments de méthionine, le taux d’homosytéine peut augmenter en quelques heures. L’intensité de cette augmentation dépend des doses consommées (9).

Cependant, cette augmentation ne se produit que temporairement après un repas, et est tout à fait normale. En revanche, une augmentation du niveau de base d’homocystéine est un problème plus inquiétant.

Pour augmenter le niveau de base d’homocystéine, il faut une forte dose de méthionine pure. On estime cette dose comme équivalente à 5 fois l’apport journalier normal en méthionine (6, 28, 29, 30).

Réciproquement, de faibles doses n’augmentent pas le niveau de base d’homocystéine (31).

En d’autre mots, il n’existe pas de preuve concrète qu’un régime riche en viande de muscle augmente le taux de base d’homocystéine chez les personnes en bonne santé.

Bien que l’homocystéine soit un produit du métabolisme de la méthionine, l’apport en méthionine alimentaire n’est généralement pas la cause d’une augmentation du niveau de base d’homocystéine.

Les causes réelles d’une telle augmentation relèvent plutôt d’une inhabilité du corps à garder le niveau d’homocystéine à un taux convenable. Cela inclut le manque de nutriments, un style de vie néfaste, des maladies et la génétique.

Conclusion : Une forte dose de méthionine en complément peut augmenter le niveau de base de l’homocystéine. En revanche, manger de la viande de muscle n’entraîne qu’une augmentation temporaire qui diminue à nouveau plus tard.

 

Quel est le rôle de la glycine ?

La glycine peut réduire le niveau d’homocystéine après avoir mangé un repas riche en protéines (27).

Cependant, on ne sait pas encore si consommer beaucoup de glycine a des effets sur le niveau de base d’homocystéine. Davantage d’études sont nécessaires.

Un apport complémentaire de glycine peut apporter des bienfaits pour la santé.

Il a par exemple été démontré que cela diminuait le stress oxydant chez les personnes âgées, tout comme la cystéine, et d’autres études suggèrent qu’un apport complémentaire de glycine peut améliorer la qualité du sommeil (32, 33).

Conclusion : La glycine alimentaire peut aider à réduire temporairement la hausse du taux d’homocystéine après un repas riche en protéine. Les bienfaits pour la santé ne sont pas concluants.

 

À retenir

Il n’existe pas de preuve concrète selon laquelle consommer trop de méthionine de viande de muscle ou d’autres sources alimentaires cause une augmentation néfaste du taux d’homocystéine chez les personnes en bonne santé.

Bien que la glycine ne semble pas jouer un rôle important dans la réduction des piques temporaire d’homocystéine après un repas riche en protéine, ses effets sur le santé restent à déterminer.

Plusieurs autres nutriments sont également importants pour garder le taux d’homocystéine sous contrôle, et particulièrement la vitamine B12, la vitamine B6, la choline et la triméthylglycine.

Si vous consommez beaucoup d’aliments riches en méthionine, comme les œufs, le poisson ou la viande, assurez-vous d’avoir un apport suffisant en nutriments de ce type.

 

Sources et crédit photo :

https://fr.wikipedia.org/ https://authoritynutrition.com http://www.musculaction.com