La Pents’aologie (science de la Materia Medica) se présente comme une thérapeutique symptomatique confirmée par une longue expérience. (Et c’est pourquoi, sans doute, on a longtemps considéré la phytothérapie comme une discipline du passé.)
Pourtant, si les médecins traditionalistes visent toujours le même but (rétablir, dans l’organisme, un équilibre rompu) et emploient grosso modo pour ce faire les mêmes méthodes, on assiste à une remise en question du legs : il existe maintenant de nouvelles applications dans les préparations végétales.
Si les sulfamides, puis les antibiotiques fungiques, dit Fruictier, ont transformé la thérapeutique anti-infectieuse, il n’en reste pas moins que les agents désinfectants d’origine végétale peuvent rendre encore des services appréciables, soit à titre isolé dans les cas bénins, soit en association avec les antibiotiques comme adjuvants ou potentialisateurs, soit enfin en applications locales au moyen de pulvérisations, fumigations, instillations ou par voie d’aérosols.
Notre but n’est pas d’analyser le contenu des drogues ni même de juger de l’efficacité d’une pharmacie controversée mais de définir le comportement du traditionaliste dans l’environnement chinois.
La transformation de l’Académie de Médecine en Académie de Médecine traditionnelle chinoise, le 1er janvier 1975, correspond à une réforme des structures médicales. Elle constitue un changement de mentalité. Elle témoigne d’une volonté novatrice et met en lumière l’impact de la nouvelle réalité socialiste.
Les méthodes de formation des médecins aux pieds nus font appel aux techniques modernes comme aux procédés traditionnels. La lutte contre le cancer en Chine repose sur le dépistage de masse. Un million de ces médecins ont été envoyés clans les campagnes chinoises en 1974. Bien que les conditions réelles de leur exercice restent ignorées en France en 1975, on peut dire que les praticiens chinois entendent réagir contre les abus de l’académisme. Ils proposent la collaboration entre les tenants de la médecine traditionnelle et ceux de la médecine scientifique. Nous ne saurions esquiver les conséquences pratiques qui en découlent.
La matière que nous allons présenter ici comprend les éléments les plus simples. Nous partirons des enseignements donnés aux « médecins aux pieds nus ». Ce ne sont pas les bases théoriques de la botanique, mais seulement quelques indications des produits les plus utiles de la Materia Medica, et qui permettent de suivre les applications de l’Académie des Sciences médicales de Chine.
Elles sont mentionnées dans tous les Instituts de Médecine traditionnelle suivant des instructions planifiées. Le vieil empirisme expérimental et la collecte des plantes sur le terrain précèdent les « traitements combinés » en milieu hospitalier. Les prescriptions chinoises ne peuvent être assimilées aux « recettes de bonnes femmes » recueillies par Margaret Kreig ( 1964) dans La médecine verte, ni même, sur un autre plan, aux récits de M. Mességué sur Les hommes et les plantes ( 1970).
La médecine chinoise actuelle a choisi, de toute évidence, et à des degrés divers, de renoncer à l’érudition purement livresque. Elle en impose par son pragmatisme. Elle donne une place essentielle aux facteurs socio-économiques dans la recherche de solutions collectives.
La phytothérapie chinoise s’insère dans le vaste programme de prévention des maladies et de rénovation de la médecine traditionnelle.