Nous rêvons toutes d’un vernis de bonne qualité et qui tienne longtemps. Les marques redoublent d’efforts pour nous vendre des vernis qui subliment nos ongles. Couleurs classiques, tendances, sexy, effets…les services marketing sont au top pour vanter la qualité de leurs produits. Ce qu’ils oublient de nous communiquer, c’est que certains composés (que l’on retrouve sur les vernis des plus grandes marques) peuvent s’avérer extrêmement toxiques pour l’organisme à long terme.
Les dangers des vernis à ongles
Grâce notamment aux différentes alertes (et études) lancées par l’UFC que choisir, tout le monde sait maintenant qu’il existe des produits chimiques dangereux dans le vernis à ongles, mais beaucoup d’entre nous pensent que notre contact limité avec le vernis humide est trop minime pour être véritablement dangereux. Après tout, nous ne le buvons pas !
Mais de nouvelles recherches pourraient changer votre façon de penser…
Une étude menée par l’Université Duke et l’organisation de défense de la santé publique Environmental Working Group (aux Etats Unis) suggère que nous absorbons au moins un produit chimique potentiellement perturbateur hormonal chaque fois que nous appliquons un vernis. Bien que l’impact de ce produit chimique sur notre santé ne soit pas encore très clair, le fait que notre corps puisse absorber des produits chimiques par le vernis à ongles est très préoccupant.
Le produit chimique en question est le phosphate de triphényle, ou TPhP. Les entreprises l’ajoutent aux produits pour les rendre moins inflammables, mais dans le vernis à ongles, on l’utilise pour que le produit adhère plus fortement à l’ongle.
Le TPhP est inscrit comme ingrédient dans environ 49 % des 3 000 vernis à ongles de la base de données de l’EWG, mais l’organisme soupçonne qu’il y ait davantage de sociétés qui utilisent ce produit chimique sans le divulguer. Le TPhP est aussi couramment utilisé dans de nombreux biens de consommation, comme les sièges en mousse, les produits de literie et les produits électroniques, ce qui pourrait expliquer pourquoi les chercheurs ont pu trouvé ce produit chimique chez une grande majorité de femmes enceintes. (1)
Les entreprises utilisent le TPhP dans les produits de consommation depuis qu’il a été breveté pour la première fois en 1910. Un rapport définitif de l’Organisation de coopération et de développement économiques, forum politique international pour les gouvernements de marché démocratiques, a conclut en 2002 que « parce que le TPhP ne cause presque pas d’irritation de la peau et une faible irritation des yeux, le produit chimique est de « faible priorité pour la poursuite des investigations » lorsqu’il s’agit de la santé humaine ». D’un autre côté, il est conseillé de consulter immédiatement votre médecin en cas d’ingestion accidentelle… (2) (3)
Cependant, de nouvelles études inquiétantes sur la capacité de ce produit chimique à perturber les hormones chez les humains et les animaux incitent les scientifiques et les activistes à faire davantage attention à ce que nous mettons sur notre peau. En particulier, l’étude de Duke soulève des questions sur les effets potentiels de l’absorption d’un faible niveau de TPhP au fil du temps.
Quels effets sur le corps ?
L’exposition aux produits de soins des ongles contenant des composants chimiques nocifs peut entraîner un certain nombre d’effets négatifs sur la santé: irritations de la peau, blessures aux yeux et réactions allergiques. On a pu également constaté des troubles de la pensée et de la mémoire, des symptômes neurologiques, des nausées, des problèmes respiratoires, des cancers et des contractions musculaires incontrôlables qui entravent les processus de reproduction et de développement.
Des études menées à l’Institut de prévention du cancer de la Californie ont documenté les effets sur la santé des professionnel(les) esthéticiennes, et des professionnels travaillant dans les usines de vernis. L’étude a révélé les effets négatifs suivants: maux de tête, problèmes respiratoires et irritations cutanées, et ces effets ont été associés à une surexposition aux solvants utilisés dans les vernis.
L’analyse d’urine révèle la présence de métabolites de TPhP
Pour voir si le TPhP pénètre dans le corps par le vernis sur les ongles ou par les particules dans l’air, les chercheurs ont réalisé une étude spécifique en séparant 2 groupes (qui utilisaient le vernis différemment).
Ensuite, ils ont testé l’urine des participants pour déterminer les niveaux de phosphate de diphényle, ou DPHP, un produit chimique créé lorsque le corps métabolise le TPhP. Ils ont comparé les résultats aux échantillons d’urine que les participants avaient soumis avant l’expérience et ont constaté que les niveaux de DPHP ont fortement augmenté chez les femmes qui avaient appliqué du vernis à ongles directement sur leurs ongles.
Environ dix à quatorze heures après s’être fait peindre les ongles, les participants avaient des niveaux de DPHP en moyenne sept fois plus élevés qu’avant l’expérience. Environ 10 à 20 heures plus tard, le produit chimique semblait atteindre un sommet et diminuer, ce qui indique que le vernis à ongles pourrait être une source d’exposition à court terme au TPhP.
Les alternatives ?
Choisir le bon vernis est essentiel à la croissance d’ongles forts et sains, mais aussi pour éviter (une fois de plus) l’exposition à des composés nocifs.
Pour rendre votre manucure hebdomadaire plus saine, abandonnez les produits chimiques dangereux.
Il existe pour vous aider une base de données qui s’appelle « Skin Deep » de l’EWG, et qui comprend des milliers de cosmétiques dépourvus de produits chimiques dangereux.
De nos jours, il existe heureusement beaucoup d’options plus saines. La plupart des marques offrent actuellement du vernis à ongles sans phtalate de dibutyle (DBP), sans toluène ou de formaldéhyde.
Doit-on s’inquiéter ?
Il faut relativiser ?
Richard Sachleben, porte-parole expert de l’American Chemical Society et chimiste organique depuis plus de 30 ans, souligne que la recherche sur le TPhP à ce jour semble indiquer que le produit chimique est peu toxique chez l’homme…à de faibles niveaux.
Le problème c’est que la recherche telle qu’elle est conçue ne permet pas d’établir si des niveaux élevés de TPhP nuisent réellement aux êtres humains. Le plus troublant, c’est l’influence potentielle du composé sur les hormones, mais il est vrai que ces études n’ont été menées que chez l’animal et montrent une corrélation, et non une causalité, chez l’être humain.