Environ 80% de nos cellules immunitaires logent dans les intestins.
En effet, le microbiote, anciennement appelé flore intestinale, est un ensemble de micro-organismes que nous abritons dans l’intestin et qui assurent notre défense contre les pathogènes. On peut aisément en conclure que préserver l’intégrité de ce microbiote est capital pour conserver un bon système de défense.
Un dysfonctionnement intestinal aura donc pour conséquences une baisse de l’immunité, laissant la porte ouverte aux virus, bactéries et autres intrus pathogènes.
Le microbiote est composé d’environ 100 000 milliards de bactéries, soit trois fois plus que le nombre de cellules humaines. Ces hôtes que nous hébergeons représentent un poids qui varie entre 1 à 2 kilos. Ils représentent plusieurs centaines d’espèces déjà répertoriées et les chercheurs en découvrent régulièrement de nouvelles.
Un écosystème bien rodé
Au sein même de l’intestin, existe un écosystème composé de trois éléments majeurs qui fonctionnent en interaction, chacun ayant un rôle décisif dans le système de défense.
Il y a d’abord la muqueuse intestinale, qui représente une surface d’échange énorme, on la compare d’ailleurs souvent à la surface d’un terrain de tennis.
Cette muqueuse, lorsque tout va bien assure un rôle de barrière et de filtre.
Elle empêche les micro-organismes indésirables de pénétrer dans la circulation sanguine et en revanche laisse passer les bons nutriments.
La muqueuse abrite une grande partie du système immunitaire, composé des globules blancs. Ils sont chargés de la défense de l’organisme face aux intrus.
Enfin, le microbiote, qui adhère à la muqueuse intestinale contribue à notre protection en régulant l’ensemble de notre organisme.
Les différentes espèces sont réparties sur l’ensemble du tube digestif avec une concentration maximale au niveau du côlon.
On en trouve également beaucoup dans la lumière intestinale et au niveau de la muqueuse.
Les bactéries doivent impérativement rester localisées dans le tractus digestif, au risque de devenir délétères.
Il existe pour les contenir des barrières physiques et chimiques.
L’équilibre du microbiote, une nécessité
Le microbiote est donc l’ensemble des microbes qui peuplent nos intestins. Ce microbiote contient des bactéries bénéfiques et pathogènes.
Pour que l’équilibre soit maintenu, il est nécessaire que les bactéries bénéfiques, soient majoritaires, on parlera alors d’un microbiote diversifié ou d’eubiose.
Cet équilibre reste néanmoins fragile et sensible.
En cas de déséquilibre, on parlera de dysbiose.
On se trouve alors face à un microbiote appauvrit, où les pathogènes prennent la place laissée vacante par les bonnes bactéries.
Une dysbiose peut être la résultante de nombreux facteurs comme une alimentation dénaturée, le stress, l’âge, la prise excessive de médicaments dont les antibiotiques ou encore certaines maladies. L’équilibre du microbiote sera déterminant pour notre santé.
Les conséquences d’une dysbiose
Elles sont multiples et à l’origine de nombreuses maladies chroniques, cancers, obésité ou encore autisme.
La dysbiose impacte également le cerveau.
Il existe en effet une connexion neuronale au travers du nerf vague entre le cerveau et l’intestin.
L’ensemble de ces fibres motrices et sensorielles forment en quelque sorte une autoroute qui sert de voie de communication entre les deux organes.
Il y a d’ailleurs davantage de neurones dans les intestins que dans le cerveau, d’où l’appellation de « deuxième cerveau » pour les intestins.
Ceci explique l’influence de l’intestin sur notre état émotionnel.
De fait, en cas de dysbiose, les pathogènes peuvent passer la barrière hémato-encéphalique et occasionner des états dépressifs.
On considère qu’un certain nombre de dépressions pourraient ainsi être améliorées en rétablissant un état d’équilibre au sein du microbiote.
Comment fonctionne ce système de défense
Notre muqueuse intestinale sert de barrière entre l’intérieur et l’extérieur de notre corps.
Le tube digestif correspond en effet à l’extérieur, partant de la bouche pour aller jusqu’à l’anus. On parle de fait de lumière intestinale.
Il existe 4 grand systèmes de protection, au sein même de la muqueuse.
C’est toute une organisation qui est mise en place, basée sur la reconnaissance, le contrôle, l’équilibre et la cohabitation, dans l’unique but de nous préserver des pathogènes.
Le mucus, substance visqueuse et translucide, secrétée par les muqueuses internes est le premier système de protection.
La couche de mucus forme une barrière physique entre la muqueuse intestinal et son contenu.
Il contient une protéine, appelée mucine qui joue un rôle important dans la réponse immunitaire, elle diminue les substances inflammatoires et régule le développement des maladies auto-immunes.
Le deuxième système de défense est formé des bactéries, chargées d’identifier et d’anéantir les pathogènes.
Les entérocytes, cellules de l’épithélium intestinal constituent le troisième système protecteur. Leur rôle est de constituer un rempart solide et imperméable.
Ces cellules quand tout va bien forment une muraille puissante grâce aux jonctions serrées qui établissent une cohésion étanche entre les cellules.
Lorsqu’elles ne remplissent plus leur fonction d’occlusion, il y aura hyperperméabilité intestinale.
Dans ce cas l’intestin ressemble à une véritable passoire et laisse passer les toxines à l’intérieur du corps.
Enfin le quatrième et dernier système de protection est représenté par le tissu lymphoïde contenant les globules blancs, lymphocytes T et B et autres cellules immunitaires.
Les globules blancs sont chargés d’assurer notre défense.
Ils reconnaissent et détruisent les intrus.
C’est pourquoi, en cas d’infection, leur taux augmente, ils sont aux commandes pour nous défendre. Un microbiote équilibré sera en capacité de nous protéger, il participe ainsi à l’homéostasie de l’organisme.
Les autres rôles du microbiote en lien avec l’immunité
Lorsque nous mangeons des aliments riches en fibres, une partie n’est pas digérée par nos intestins, il s’agit des fibres solubles, que l’on appelle aussi prébiotiques.
En revanche, les bactéries intestinales vont fermenter ces fibres et produire des acides gras à chaines courtes, qui vont servir de substrat aux cellules du côlon.
Le butyrate, un des trois acides gras produit au cours de cette fermentation, possède des effets anti-inflammatoire, il joue à ce titre un rôle important au sein du système immunitaire.
Une alimentation riche en fibres solubles aura donc une importance primordiale dans la genèse de notre immunité.
De nombreux neurotransmetteurs sont fabriqués dans les intestins dont le tryptophane, précurseur de la sérotonine, hormone du bonheur, et de la mélatonine, hormone du sommeil.
Celui-ci est produit et transformé par certaines bactéries du microbiote.
Outre ses effets bénéfiques sur la régulation de l’humeur, du sommeil et de l’appétit, sa transformation aboutit à la production d’interleukines dont l’action est anti-inflammatoire et protectrice des muqueuses.
Le microbiote joue également un rôle dans la synthèse de vitamines notamment les vitamines K, B8, B9 et B12.
Il régule l’absorption de minéraux comme le magnésium ou le calcium. Un microbiote appauvri conduira donc à des carences et par voie de conséquence à une baisse d’immunité.
L’impact du stress sur la qualité du microbiote
Le stress chronique contribue à la perméabilité puis à l’inflammation de la muqueuse intestinale.
En cas de perméabilité, les toxines qui devraient normalement rester dans la lumière intestinale, pénètrent alors dans l’organisme au travers de la circulation sanguine.
Si ce phénomène devient récurrent, l’organisme s’intoxique, est débordé et finit par déclencher des réactions immunitaires contre lui-même.
Celui-ci ne reconnait pas ces molécules étrangères et va déclencher une réaction inflammatoire.
Le système immunitaire va ainsi être suractivé et bouleversé, entrainant possiblement une baisse de l’immunité, des maladies chroniques ou auto-immunes.
Les personnes sensibles au stress seront donc beaucoup plus sensibles aux infections.
Il sera donc important d’apprendre à gérer son stress et ses émotions.
Sans notre microbiote, pas de vie, pas d’immunité
Nous ne pouvons pas vivre sans nos bactéries, ce sont nos meilleures amies.
Nous leur offrons le gîte et le couvert, donnons-leur donc le meilleur afin qu’en retour elles puissent être en capacité de nous offrir leur meilleure protection.
Nous avons donc ce devoir de tout mettre en œuvre pour maintenir ce fragile équilibre et contribuer ainsi à notre bonne santé physique et mentale.
Laurence Guillon
Naturopathe à Lille (Nord) et à Colombes (Hauts de Seine)
Laurenceguillon.naturo@gmail.com
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