Personne n’a spécialement envie de ressentir de la douleur. C’est normal, puisque ce n’est pas une sensation très agréable. Mais la douleur a un but et une utilité, et de nos jours, alors que la science permet de mieux en mieux de contrôler la douleur sans forcément la comprendre, il est temps de réévaluer nos croyances sur la douleur.
La douleur est complexe. Toutefois, on est quasiment tous capable de comprendre la raison biologique qui l’explique. Comprendre la biologie de la douleur peut changer la manière dont vous y pensez et du coup, la rendre moins menaçante et effrayante et vous permettre de mieux la maîtriser. Il est temps de s’équiper des connaissances et des outils nécessaires pour apprendre à gérer cette épidémie!
Nos idées reçues sur la douleur
Voici un petit questionnaire auquel vous pouvez vous amusez à répondre. Si vous répondez « oui » à moins 3 questions, vous faites partie de la majorité des gens qui ont des idées reçues sur la douleur qui ne sont pas vraies.
- Quand vous avez mal, est-ce que vous pensez qu’un professionel de la santé peut régler le problème et vous débarrasser de cette douleur? Oui/Non
- Est-ce que vous pensez qu’il est important de faire disparaître la douleur avant de reprendre vos activités habituelles? Oui/Non
- Est-ce que vous prenez souvent un médicament pour calmer la douleur, ou qu’elle soit moins gênante? Oui/Non
- Est-ce que vous pensez que si la douleur augmente, c’est parce que vous vous êtes blessé ou que vous avez aggravé votre blessure? Oui/Non
- Est-ce que vous pensez souvent que les médecins ont raté un élément (important ou non), ou qu’il faut faire plus de tests pour trouver la cause de votre douleur? Oui/Non
- Est-ce que vous pensez que si une radiologie, un IRM ou un scanner montre une pathologie anatomique, qu’elle explique toujours votre douleur? Oui/Non
Pourquoi ressent-on la douleur?
Tout le monde peut avoir des douleurs, vous n’êtes pas le seul. Rien qu’à ce moment précis, environ 20% des personnes dans le monde ressentent une douleur qui persiste depuis plus de trois mois. Mais pourquoi est-ce que cela arrive?
Tout d’abord, il faut revenir aux bases. Généralement la douleur peut se classer de deux manières différentes: la douleur aiguë et la douleur chronique (ou douleur persistante).
La douleur aiguë: C’est le type de douleur que vous ressentez quand vous vous coupez le doigt avec une feuille de papier, ou que vous toucher une casserole un peu trop chaude. La douleur est très utile pour ce genre de situation parce qu’elle est causée par le signal que le cerveau envoie. Il détecte l’action comme une menace potentielle, et, par conséquent, fait en sorte de vous faire retirer le doigt pour faire cesser le contact avec la menace. Une fois que la menace est passée, les tissus cellulaires n’ont plus qu’à guérir, et chaque type de tissus guérit en une durée plus ou moins longue. Une fois la zone guérie, la douleur disparaît quasiment toujours.
La douleur chronique (ou persistante): Lorsque la douleur persiste et que vous avez l’impression qu’elle vous gâche la vie, c’est dur de comprendre quel est son but ou son utilité. Mais même dans le cas de douleur qui est présente depuis des années, elle est toujours bien là et aussi vive parce que le cerveau trouve qu’il existe toujours une menace ou un danger et il pense qu’il doit vous protéger. L’important est de comprendre comment le cerveau en est arrivé à cette conclusion et pour quelle raison.
La complexité de la douleur: elle provient de plusieurs facteurs
Depuis peu de temps, les médecins ont compris que leurs connaissances cliniques qui les aident à expliquer ce qui se passent dans les tissus n’explique qu’une partie de la douleur. Il se trouve que même en sachant en détails ce qui se passe physiologiquement, un médecin ne peut pas prédire l’intensité de la douleur que vous ressentez.
Cela s’explique parce que chaque personne est différente, mais aussi et surtout parce que c’est le cerveau qui décide si quelque chose est douloureux ou non, quasiment sans exception. C’est lui qui contrôle tout, même la souffrance.
Des signaux sont envoyés par les nerfs au cerveau lorsqu’un tissu cellulaire périphérique est endommagé. Le cerveau se renseigne après du centre de la mémoire, du centre des émotions et du centre des sens ainsi qu’auprès des centres moteurs et du centre de la peur, et bien d’autres parties du cerveau. Et c’est seulement après avoir vérifié toutes les informations que le cerveau envoie des signaux de douleur qui peuvent être intensifiés ou réduits avec le temps et vos actes.
Qu’est-ce qu’on peut y faire?
- Vous pouvez onsulter votre ostéopathe pour avoir une estimation du temps qu’il faudra aux tissus endommagés pour guérir si vous ressentez une douleur aiguë ou combien de temps il faudra pour qu’il y ait un changement en cas de douleur persistante. Les manipulations du corps par l’ostéopathe et les mouvements que vous ferez pendant la séance serviront également à indiquer au cerveau qu’il n’y a plus de danger et que la menace est passée.
- Soyez positif, rappelez vous la douleur que vous ressentez a un but et une raison d’être, que même si la douleur risque d’être intense pendant un moment, vous pouvez essayer de rester calme, que c’est vous qui avez le pouvoir, et que vous pouvez la maîtriser, que si la douleur est là, c’est pour vous prévenir d’un problème sous-jacent comme une mauvaise posture, et qu’il vous suffit parfois de mieux vous tenir pour qu’elle disparaisse et éviter qu’elle ne revienne.
- Utilisez des techniques de relaxation comme le yoga, la méditation et toutes les autres activités qui vous calment. Cela peut être utile pour que la sensibilisation de la zone ordonnée par le système nerveux ne soit plus aussi dérangeante, car cela peut-être elle qui cause votre perception de la douleur.
- Bougez, restez en mouvement parce que c’est ce que votre corps est censé faire. Même si cela vous fait un peu mal, essayer de ne pas rester complètement sans bouger.
- Essayez de désensibiliser votre système nerveux central (autrement dit, votre cerveau) la douleur, vous pouvez le faire en suivant les points cités ci-dessus.
Toutes ces stratégies peuvent aider à faire paraître la douleur comme une menace moins importante. Cela peut vous aider à ne plus avoir peur de faire certains gestes ou mouvements et envoyer régulièrement des signaux au cerveau pour l’informer que ce n’est pas grave si le corps ressent un petit peu de douleur. Elle sera donc moins gênante.
Une ostéopathe explique:
« Tout le monde peut comprendre les bases des raisons scientifiques qui expliquent la douleur. Et c’est notre rôle, en tant qu’ostéopathes, d’apprendre ce genre de choses aux patients. Il faut que cet effort vienne à la fois du thérapeute et du patient. Il faut comprendre pourquoi le corps continue de percevoir un tissu cellulaire déjà guéri comme une blessure, donc une source de douleur. Pour cela, il faut revoir les idées reçues sur la douleur, les traumatismes passés, les expériences précédentes et travailler main dans la main pour développer des stratégies de contrôle de la douleur. »
Que faire, si j’ai une douleur constante?
- Vous pouvez poser des questions à votre ostéopathe sur la biologie de la douleur
- Vous pouvez préparer un programme ou une stratégie de gestion de la douleur en se basant sur tous les aspects qui peuvent la définir (comme: si vous suivez un traitement médicamenteux, si vous ressentez certaines émotions, selon votre alimentation et votre hygiène de vie ou si vous faites de l’exercice ou non)
- Ne vous laissez pas perdre patience s’il vous faut du temps pour apprendre à maîtriser la douleur, ou même si vous revenez en arrière, changer ses habitudes prend du temps
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