Lorsqu’une femme envisage de devenir mère, elle peut rencontrer des difficultés à concevoir. Même s’il existe des facteurs d’infertilité féminines et masculines connus, les chemins menant à la grossesse peuvent parfois sembler obscurs. Pourquoi certaines réussissent-elles rapidement à tomber enceintes, tandis que d’autres doivent attendre une éternité ?
Le parcours PMA, le parcours du combattant
Le parcours de Procréation Médicalement Assistée (PMA) implique de nombreux rendez-vous avec des professionnels de la santé et une multitude d’examens. Ce processus peut être long et l’attente, parfois insupportable, alors que le désir d’agir et d’essayer est intense.
La PMA est souvent décrite comme une véritable montagne russe émotionnelle, et cela ne se limite pas seulement aux hormones à s’injecter ! Les étapes sont nombreuses et, si l’une d’elles réussit, la suivante peut échouer, créant ainsi des transitions brutales entre espoir et déception.
On peut ainsi comprendre que l’infertilité est fréquemment ressentie comme une injustice par les personnes concernées. La question « pourquoi moi ? Pourquoi nous ? » revient souvent. Ce sentiment est amplifié lorsqu’on observe des proches devenant parents facilement et rapidement, alors que son propre parcours est long, complexe et douloureux. Il arrive même de penser que d’autres méritent moins d’avoir des enfants, ce qui peut entraîner un sentiment de honte et culpabilité.
La colère face aux remarques maladroites de l’entourage ou du personnel médical (« vous êtes encore jeunes » « vous avez le temps ») et l’idée que l’on mérite un enfant plus que d’autres sont autant d’émotions qui nourrissent la honte et la culpabilité au quotidien. De plus, il peut y avoir une culpabilité envers son partenaire, en se disant « c’est ma faute si nous ne pouvons pas avoir d’enfant » ou au contraire de la colère « c’est ta faute ». La peur de voir le couple se fissurer est omniprésente.
Un isolement psychologique
La durée, la complexité et les enjeux d’un parcours de PMA le rendent véritablement unique et difficile à partager, même avec ses proches. On ressent à la fois une profonde incompréhension et une fatigue face aux discours parfois inappropriés ou insipides de ses amis. Cette incompréhension crée un fossé de solitude.
« Avoir l’impression que sa vie est sur pause » est une expression fréquemment utilisée par les femmes engagées dans un parcours de PMA. Elle illustre bien la sensation de vivre constamment sous l’emprise des contraintes liées à la PMA : injections à des horaires fixes, rapports sexuels planifiés, emploi du temps chargé de rendez-vous et timing strict qui imposent un rythme de vie non choisi, empêchant ainsi de partir librement en vacances ou de programmer des sorties selon ses propres envies, alors même que l’on n’a pas d’enfant ! La PMA devient alors le centre de notre existence, occupant nos pensées en permanence, même à notre insu.
De plus, le fait de tomber cliniquement enceinte ne garantit pas que le fœtus atteindra le terme et donnera naissance à un bébé en parfaite santé. Les risques de fausse couche sont plus élevés, et de nombreuses complications peuvent survenir au cours de la grossesse. Ainsi, pour une femme enceinte par PMA, il est difficile de se réjouir pleinement dès l’annonce de la grossesse, une réalité que l’entourage ne comprend pas toujours.
Un accompagnement en hypnose
L’hypnose ne saurait se substituer à un traitement médical et il est important d’être suivie médicalement tout au long du parcours PMA. Cependant, un accompagnement en thérapie et notamment en hypnose en parallèle peut être très intéressant. L’hypnose peut servir de complément aux soins médicaux, offrant un soutien et une écoute psychologique et émotionnel tout au long du parcours.
Les séances d’hypnose doivent se faire impérativement en complémentarité avec un suivi psychiatrique si la patiente a des antécédents pathologiques, comme la dépression chronique.
Pourquoi l’hypnothérapie et pas une psychothérapie ?
Si elles ne sont pas contradictoires et peuvent tout à fait être complémentaires, contrairement aux séances avec un psychologue, les séances d’hypnose permettent d’accéder à l’inconscient, cette partie de l’esprit qui contient des pensées, des souvenirs, des émotions et des désirs qui ne sont pas accessibles à la conscience. Ces éléments peuvent influencer nos comportements, nos décisions et notre corps sans que nous en soyons pleinement conscients.
L’hypnose permet d’accéder à l’inconscient en induisant un état de relaxation profonde. Dans cet état, le patient est plus réceptif aux suggestions et aux changements de perception. En travaillant directement avec l’inconscient, l’hypnothérapeute peut aider à modifier des comportements indésirables, à traiter des peurs (« je ne vais pas y arriver » ou « je vais avoir mal ») ou des traumatismes (fausse couche, deuil périnatal), ou à désancrer des croyances limitantes (« je ne mérite pas d’être mère » « je ne serai jamais mère »).
Une thérapie brève pour aider un parcours long
L’hypnose fait partie des thérapies dites brèves, permettant d’obtenir des résultats significatifs en quelques séances. Cela peut être particulièrement bénéfique pour les personnes cherchant un soulagement rapide de leurs symptômes. Les séances sont généralement orientées vers des objectifs spécifiques, ce qui permet d’atteindre des résultats concrets en peu de temps.
Gestion du stress et de l’anxiété et régulation des émotions
Le parcours de PMA est émotionnellement éprouvant. L’hypnose induit naturellement un état de relaxation profonde, ce qui peut réduire l’anxiété et le stress liés aux traitements mais également accompagner les femmes dans la gestion des émotions : sautes d’humeur, irritabilité marquée, mais aussi sentiment de tristesse ou d’épuisement peuvent survenir, faisant ainsi augmenter le stress lié au parcours de FIV. Ces changements émotionnels sont des réactions naturelles aux médicaments et à l’intensité du traitement de fertilité et l’hypnose permet de réguler naturellement ses émotions.
L’hypnose permet également d’explorer des émotions refoulées liées à la fertilité, aux attentes et aux échecs, offrant ainsi un espace pour traiter ces sentiments. L’hypnose transforme alors l’impatience en une attente plus sereine et confiante.
Peut-on diminuer la douleur avec l’hypnose ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’hypnose ne réduit pas la douleur mais réduit la perception de la douleur lors des procédures médicales, comme les prélèvements ou les injections, en modifiant la manière dont le cerveau interprète les signaux de douleur. En utilisant l’hypnose pour se préparer mentalement à des interventions, les patientes peuvent se sentir plus en contrôle et moins anxieuses.
Les femmes accompagnées en hypnose peuvent également accéder à l’apprentissage de l’autohypnose favorisant ainsi l’autonomie dans leur bien-être en dehors des séances et notamment en gérant elle-même la douleur pendant les rendez-vous médicaux.
Reprendre confiance dans ce corps vide
L’hypnose peut être utilisée pour renforcer la confiance et l’estime de soi pendant cette période où le corps change déjà alors même qu’il n’est pas encore enceint. L’hypnose permet de remplacer les pensées négatives et modifier les croyances concernant la fertilité et la maternité. L’hypnose peut aider à identifier et à désancrer des croyances négatives en amplifiant les ressources et le sentiment de compétences du corps.
Visualisation
Les techniques de visualisation que l’on appelle « futurisation » peuvent aider les patients à imaginer un résultat positif, renforçant ainsi leur motivation et leur espoir.
Deuil périnatal
Le parcours de PMA étant semé d’embuches, il est possible que les parents soient confrontés à la perte d’un enfant pendant la grossesse (fausse couche, IVG, IMG, mort in utero) ou peu après la naissance (mort néonatale). Les parents touchés peuvent éprouver des sentiments de tristesse, de colère, de culpabilité, d’anxiété, et parfois des symptômes de stress post-traumatique (flashbacks, cauchemars, évitement des lieux ou des situations liées à la grossesse). Ce type de deuil est souvent mal compris surtout lors de fausses couches précoces et peut être minimisé par l’entourage et le corps médical. Le terme de fausse couche lui-même ne suggère-t-il pas que l’enfant n’était pas vrai, pas réellement là ?
L’hypnose (et l’EMDR dans le cas de symptômes de stress post-traumatique) peut jouer un rôle significatif dans le soutien des parents en deuil périnatal, en leur offrant un espace d’écoute sans jugement, des outils pour gérer leurs émotions, réduire le stress et honorer la mémoire de leur enfant en créant un lien durable avec celui-ci.
Dans certains cas, le travail sur le deuil en hypnose permet de faire le deuil de l’idéal de la famille en explorant d’autres formes de famille possibles (acceptation d’un parcours médical différent, adoption, etc).
L’hypnose favorise le processus de guérison en permettant une exploration en profondeur des sentiments et en renforçant la résilience émotionnelle.
Amélioration des résultats de traitement
Enfin, et pas des moindres, des études* suggèrent que la gestion du stress et l’amélioration de l’état mental grâce à l’hypnose peuvent avoir un impact positif sur les résultats des traitements de fertilité. En effet, un état mental positif favorise un environnement physiologique plus réceptif aux traitements.
Il n’est donc pas étonnant que l’hypnose soit utilisée dans les centres de PMA de certains de nos proches voisins européens, comme en Suisse, en Autriche et en Allemagne où la pratique est perçue comme routinière.
Article de Severine Bouchet, praticienne certifiée en hypnose ericksonienne : https://www.therapeutes.com/hypnotherapeute/paris/severine-bouchet
Études citées :
• Poehl, M., Bichler, K., Wicke, V., Domer, V., & Feichtinger, W. (1999). Psychotherapeutic counseling and pregnancy rates in in vitro fertilization. Journal of assisted reproduction and genetics, 16(6), 302-5.
• Levitas E, Parmet A, Lunenfeld E, Bentov Y, Burstein E, Friger M, Potashnik G, Impact of hypnosis during embryo transfer on the outcome of in vitro fertilization–embryo transfer: a case-control study. Fertility & Sterility. 2006 ; Volume 85, Issue 5, Pages 1404–1408
• “Hypnosis in In Vitro Fertilization: A randomized controlled trial” de Nash, M. R. and et al. (2011) dans la revue “Fertility and Sterility”
• Vyas, R., Adwanikar, G., Hathi, L., & Vyas, B. (2013). Psychotherapeutic intervention with hypnosis in 554 couples with reproductive failure. Journal of the Indian Medical Association, 111(3), 167-9, 173.
• “The effect of hypnosis on pregnancy rates in women undergoing assisted reproductive technology: a randomized controlled trial” de G. Elia, et al. (2016) dans la revue “Fertility and Sterility”