Conditionnement pavlovien: Réponse conditionnée et hypnose

La théorie physiologique qui est allée le plus loin dans l’expli­cation de l’hypnose est  certainement la théorie pavlovienne.

Avant d’en aborder l’étude, il convient de souligner que l’en­semble du travail de Pavlov a été fait sur l’animal et que, par conséquent, la théorie neurophysiologique  est une  généralisation de ce que Pavlov a découvert et décrit chez l’animal.

Reste à savoir si l’hypnose humaine et l’hypnose animale sont des phéno­mènes comparables, c’est-à-dire si les faits que Pavlov a décrits comme des mécanismes d’inhibition dans certaines conditions très particulières chez l’animal et qu’il a appelés « hypnose animale », ont un rapport quelconque avec l’hypnose humaine.

Pour Pavlov, l’hypnose est un sommeil partiel lié à une inhibition limitée à la fois topographiquement et en intensité. Si le cortex est presque totalement inhibé, il ne perçoit plus un ensemble d’incita­tions ; mais comme il n’est pas complètement inhibé, topogra­ phiquement, il reste des points vigiles qui permettront l’établis­sement d’un rapport entre l’hypnotiseur et !’hypnotisé.

Si, par exemple, vous dites à un sujet en état d’hypnose : « Vous n’en­tendez plus les bruits, mais vous  entendez  ma  voix »,  le sujet aura une inhibition de l’ensemble des perceptions des bruits, mais certaines zones corticales, considérées comme étant  de l’ordre de la compréhension de la parole, resteront vigiles et permettront au sujet une relation particulière avec son théra­peute.

Pavlov a décrit trois phases au processus hypnotique  :

1. L’égalisation

C’est une phase proche de l’état normal, disons la phase d’induction, où tous les excitants, quels qu’ils soient,  agissent de la même  façon.

2. Phase paradoxale faisant suite à la phase d’égalisation

La phase paradoxale est caractérisée par le fait qu’un excitant fort peut avoir une réaction faible et qu’un excitant faible peut avoir une réaction forte. C’est la  phase  d’état  de  l’hypnose  au  cours de laquelle les bruits extérieurs ne gênent pas le sujet : on peut claquer la porte. Toutes ces excitations sonores fortes ne gênent absolument pas le malade; par contre il perçoit  éleetivement le terpnos-logos, c’est-à-dire l’excitant verbal faible de l’hypnotiseur.

3. Phase ultra-paradoxale

A cette phase un résultat peut être obtenu par un stimulus négatif, c’est-à-dire un stimulus auquel les cellules cérébrales ne sont pas habituellement sensi­bles, auxquelles elles ne réagissent absolument pas à l’état  de veille.

A partir des travaux de Pavlov, qui sont d’une extraordinaire précision, on a voulu décrire toute une philosophie de la vie et de l’activité cérébrale supérieure ; ce travail a donné naissance à ce que l’on appelle « le pavlovisme ».

Cette philosophie scientiste mécaniste est une extrapolation simpliste et dangereuse des travaux expérimentaux de Pavlov qui est d’ailleurs, à l’heure actuelle, critiqué par les chercheurs soviétiques eux-mêmes depuis que la psychologie  a été réhabilitée officiellement au cours d’une importante réunion tenue sur l’initiative  de  l’Académie  des sciences et de médecine et des sciences pédagogiques  d’U.R.S.S., en mai 1962. Déjà, Horvai, éminent psychologue tchécoslovaque, écrivait en 1959 : «  La  théorie  pavlovienne  de  l’hypnose  n’est pas un dogme. Pavlov n’est pas arrivé  à élaborer  suffisamment ses idées… D’autres sont uniquement hypothétiques.  »

En  1962,  un éminent neurophysiologiste devait écrire  que  l’hypnose,  comme le sommeil, s’explique par l’inhibition corticale, mais que, malheureusement, personne n’a jamais su ce qu’était l’inhibition. Le problème posé par la théorie pavlovienne, qui est celui  de la validité du transfert des résultats expérimentaux  de l’ani­mal à l’homme, est loin d’être résolu. D’autant que pour condi­ tionner l’animal on utilise un excitant sonore,  par  exemple  le  coup de sonnette, alors que pour l’homme on utilise la parole. L’utilisation d’un stimulus verbal nous introduit dans une dimen­sion humaine qu’implique le langage: le monde de l’imaginaire et du symbolique.  Ce simple point de détail nous fait toucher du doigt les différences fondamentales existant entre les condi­tions expérimentales  des hypnoses animale et humaine.