L’été est la saison idéale pour consommer des fruits ; en effet quand il fait chaud ils sont particulièrement appropriés car riches en eau et rafraichissants. De plus, c’est quand les températures extérieures sont élevées que l’apport d’acides naturellement présents dans les fruits est le mieux géré par l’organisme. D’ailleurs on trouve la grande majorité des fruits pendant la saison chaude ou importés d’un pays chaud….
C’est donc le moment d’en profiter. Mais si on consomme habituellement les fruits en dessert, en entrée comme le melon ou encore en salade comme la tomate (mais oui c’est un fruit) est ce le bon moment pour notre organisme ?
Fruits aux repas, l’estomac…
La question de la prise des fruits aux repas est débattue depuis longtemps, mais peu de personnes savent vraiment pourquoi l’association d’un fruit avec un repas contenant céréales ou féculents est déconseillée.
Il est souvent évoqué la différence de temps de digestion des fruits, plutôt rapide (environ 2 heures) et celle des céréales, farineux ou féculents, beaucoup plus lente (environ 4 heures). Certaines personnes consomment alors tous leurs fruits en début de repas plutôt qu’en dessert. Les fruits étant alors en dessous du bol alimentaire, puisque consommés en premiers, pourraient alors être évacués dès la fin de leur digestion au lieu de fermenter en attendant. Sauf que la différence de durée de digestion n’est pas la seule incompatibilité entre les fruits et les féculents.
Une question de Ph
Tout se joue dans l’estomac : au cours de la digestion, le pH y subit de fortes variations ; très acide au début, grâce à la sécrétion naturelle d’acide chlorhydrique, il remonte progressivement au cours de la digestion pour devenir nettement alcalin pendant la dernière partie du processus.
Les féculents, les céréales et tous les aliments en contenant (pain, pâtes, riz, pommes de terre, biscottes, gâteaux, galettes de céréales…etc) sont des aliments dont la digestion nécessite un pH plutôt alcalin (c’est-à-dire au dessus de 7). Ils seront donc digérés plutôt en fin de processus, quand le pH a pu remonter.
Les fruits, eux, sont des aliments franchement acides. Leur présence dans l’estomac va augmenter l’acidité du milieu, s’opposant donc à la baisse naturelle du pH au cours de la digestion. Les féculents et les céréales ne bénéficieront donc pas de conditions optimales pour leur digestion.
C’est pourquoi la prise des fruits en début de repas ne peut pas résoudre à elle seule le problème : même s’ils sont éliminés plus rapidement, ils auront eu le temps d’augmenter l’acidité de l’estomac.
Pour les mêmes raisons, il faut éviter de les consommer trop tôt après un repas : il faut respecter un délai d’au moins 4 heures, pour être sûr qu’ils arriveront dans un estomac vide et qu’ils n’interféreront donc plus avec la digestion du repas précédent.
Des conséquences au niveau intestinal
La prise des fruits aux repas va d’abord occasionner une sensation de lourdeur digestive, de ventre gonflé, des ballonnements, des brûlures d’estomac, des remontées acides… etc. Mais dans un deuxième temps, elle aura des répercussions sur l’équilibre intestinal.
En effet, comme on l’a vu les fruits gênent la digestion des féculents et céréales quand ils sont associés ensemble. Ces derniers, s’ils sont digérés de façon incomplète ne seront pas utilisable tels quels par l’organisme. L’intestin, lui, ne peut que terminer le travail commencé dans l’estomac et non remplacer celui-ci s’il n’a pu effectuer sa part… Avec pour résultat des molécules alimentaires mal digérées qui vont perturber la flore intestinale, voir irriter la muqueuse de l’intestin. Un des nombreux rouages de l’hyperperméabilité intestinale, que l’on sait aujourd’hui responsable de divers problèmes de santé… La perturbation de l’équilibre intestinal aura également des répercussions sur le travail du foie.
Alors comment et quand manger les fruits ?
Tout dépend s’ils sont cuits ou crus. La cuisson détruisant les acides, aucune restriction concernant les compotes, gelées, confitures, clafoutis, crumbles, tartes aux fruits cuits ; vous pouvez continuer à cuisiner toutes ces recettes traditionnelles sans problème.
S’ils sont crus, tous les fruits doivent plutôt être consommés en dehors des repas, idéalement au goûter. C’est l’horaire où ils seront le mieux tolérés par l’organisme, et ils pourront ainsi être consommés entre deux digestions. Idem pour les jus de fruits. Suivant les tolérances digestives, l’organisme pourra évidement tolérer quelques écarts, mais le mieux est de s’abstenir au quotidien en s’accordant des jokers lors de sorties ou des week ends.
La tomate, traditionnellement considérée et consommée comme un légume, est pourtant bel et bien un fruit. Là encore la cuisson détruit les acides, mais la sauce tomate maison, bien cuite, est préférable à celle du commerce, qui garde d’ailleurs toujours un goût légèrement acidulé car cuite trop rapidement.
Et attention, le filet de jus de citron sur vos plats est indéniablement acide… pensez y, votre estomac vous dira merci !
Article rédigé par Marie Chetaille,
Naturopathe
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