L’ayurveda est une branche du Veda, la tradition primordiale du sanatana dharma. Le premier des quatre Veda, le RgVeda, remonte à plusieurs millénaires.
Les références astronomiques, les modifications de la langue entre les quatre Veda, apprennent avec certitude que la date -1500 décrétée par les «indianistes» est ridiculement tardive (la raison de cette datation complaisante est le souci d’accorder l’antériorité aux ‘traditions’ proche-orientales ; ainsi, Max Müller, l’un des principaux indianistes employés par la Compagnie des Indes, fixait la création du monde à 4109 avant l’ère chrétienne!).
Et il se trouve que l’ayurveda, la science, ou connaissance (veda, vidya) de la vie (ayus, aussi, longévité), est l’un des quarre upaveda, c’est-à-dire «connaissance inférieure», attachés au Rg véda – mais sushruta le rattache à l’Atharva Veda, qui est le dernier des quatre Veda.
Les trois autres upaveda sont dhanurveda, la science militaire, qui se rattache au Yajitrveda, gandharvaveda la musique, rattachée au Sâma Veda, et sthâpatyashastraveda, l’art de la mécanique, qui se rattache à l’atharvaveda.
Les Veda furent écrits par les rshi, les «Voyants», qui étaient dans un état de «contemplation», «méditation», «vision», permanente, et connaissaient ainsi « naturellement » la nature, ou la non nature des choses. La «vérité» (satya) qu’ils voyaient était la vérité qu’ils étaient. Au lieu de se servir de microscopes et autres instruments qui amplifient l’ignorance, jusqu’à lui donner une allure très compétente, ils scrutaient le silence non mental contenant intemporellement tous les «souvenirs» de tous les temps.
L’ayurveda n’est pas seulement la science médicale hindoue, préventive et curative ; elle est
aussi une philosophie, un art de vivre. Traitant rarement des symptômes, l’ayurveda guérit en supprimant les causes de la maladie.
Les rshi ont enseigné ce dont les Occidentaux contemporains commencent à s’apercevoir, à savoir que les transgressions contre les lois de la Nature, contre notre propre sagesse intérieure, sont la cause de la maladie.
La maladie peut être d’origine physique ou karmique. Les maladies physiques sont dues à l’ usage excessif des sens, à une alimentation impropre, ou à l’ignorance des cycles des saisons ou de notre âge. Les maladies karmique sont la conséquence d’actions incorrectes accomplies dans cette vie, ou dans une vie antérieure.
Vers le VIIIe s., en Inde, quand la ‘renaissance’ [ce que nous appelons improprement ‘réincarnation’] fut reconnue comme une vérité, on comprit que le corps physique est la seule partie de nous qui meurt. Notre instrument psychique, ou antahkarana, qui est composé de l’intellect (buddht), du mental (manas) et de l’ego (ahamkâra), voyage vie après vie jusqu’à ce que nous atteignions la libération finale, moskha.
Nous traiterons des deux types de transgression, parce que, en fait, ils ne peuvent être séparés. Tant que nous ignorons une condition karmique [karma signifie action, rite sacré, et conséquence des actes passés ; c’est dans ce sens qu’il est utilisé ici, ndt], nous ne pouvons réaliser notre totalité ; tant que nous ignorons une loi naturelle, nous restons fragmentés.
L’ayurveda supprime la cause de la maladie en corrigeant ces transgressions et en réétablissant l’équilibre de notre système. Pour considérer notre entière nature cosmique, nous devons considérer toutes les parties composantes d’un être humain. Selon l’ayurveda, nous sommes composés de trois corps : physique, astral, et causal. La forme physique nous a été donnée comme véhicule pour pratiquer les sadhanas, les activités saines. Grâce à ces pratiques, nous sommes capables de comprendre nos trois corps, ou les trois aspects de notre nature. La nourriture, qui contient la mémoire de tous les temps, est un moyen très efficace d’équilibrer notre existence.
Selon les rshi, le prânava OM est le son primordial. Puis les cinq mahâbhûta, les cinq grands éléments, sont apparus. Ils prennent la forme, dans le corps humain, des trois dosha, humeurs corporelles. C’est à partir de ces trois dosha que notre constitution naturelle – notre prakrti, notre nature – est formée. Quand nous nous identifions avec ces éléments primordiaux, nous créons un pont qui nous permet de remonter au ciel : nous nous rapprochons de nos racines cosmiques.