Introduction
Est-ce normal de se mettre en mode « sur-réaction » lorsqu’on nous critique ou lorsqu’on nous juge ?
Les besoins d’affirmation, de soutien et d’encouragement sont des besoins universels et naturels cités dans les pratiques d’estime de soi et de communication bienveillante. Donc il est bien normal de ressentir ces besoins et de chercher à les nourrir.
Le problème se pose quand ces besoins non nourris nous conduisent soit dans une attitude de sur-réaction (violence, déprime, culpabilité,…) soit de dépendance à l’approbation, lorsque nous sommes face à une critique ou lorsque nous n’obtenons pas les encouragements ou la validation souhaités.
Quelle est alors la limite entre un besoin sain d’encouragement et une sur-réaction ou dépendance pathologique au besoin d’être soutenu ?
Quand cela devient un problème…
Tout d’abord nous sommes des êtres sociaux, et il est donc tout à fait normal d’avoir besoin d’être soutenu, entendu et encouragé, aussi bien en étant enfant qu’à l’âge adulte. Le groupe de personnes que nous côtoyons régulièrement influe sur notre humeur, notre énergie et même nos actions.
Les chercheurs parlent de la règle d’influence en donnant des exemples simples : un ami proche qui décide d’arrêter de fumer peut grandement nous influencer à arrêter également de fumer, une amie proche qui perd du poids peut grandement nous influencer à également maigrir… Tout est énergie disait très justement Einstein. Une énergie positive crée une énergie positive.
Donc dans le meilleur des mondes, nous sommes bien intentionnés, nous répandons de l’énergie positive en soi et autour de soi et nous nous soutenons les uns les autres reconnaissant chacun notre singularité, guidés par nos intelligences collectives et émotionnelles. Mais ceci n’est pas la réalité. Les êtres humains sont dès le plus jeune âge formatés par la compétition, et d’autres drivers que nous verrons ci-dessous. Ils ne sont pas conscients que tout est énergie et que l’autre n’est qu’un miroir de soi.
C’est à ce moment-là qu’arrivent la critique, le jugement, l’indifférence, … Et nous avons tous remarqué que nous ne sommes pas égaux face à la critique, au jugement ou à l’absence de soutien. Quand nous sommes critiqués, jugés ou quand nous ne sommes pas soutenus comme nous le souhaiterions, certains d’entre nous vont développer une forme d’indifférence, d’autres sauront prendre position de manière saine et s’affirmer en respectant leurs valeurs et leurs convictions, et puis d’autres vont entrer dans une forme de sur-réaction pathologique, les emmenant dans la déprime, la dépréciation de soi, la culpabilité, le sentiment d’être rejeté ou abandonné, la violence envers soi ou l’autre. D’où vient cette sur sur-réaction excessive ?
Les racines de la souffrance…
Elle vient de notre vécu, de nos expériences et de la valeur que nous nous attribuons ou que nous reconnaissons en nous, ce que nous appelons l’estime de soi.
Si nous n’avons pas reçu cet amour qui solidifie notre être, et je ne parle pas d’égocentrisme ou de narcissisme, je parle de cette relation de bienveillance, de tendresse et d’amour envers nous-même, de cette introspection que nous entretenons chaque jour (et qui nous aide à poser un regard tendre et bienveillant envers soi), de ce détachement du regard des autres, de cette ténacité à suivre nos rêves quoi qu’en pensent les autres, de cette force d’expression pour dire « non » même si cela déplait à ceux que nous aimons…
Mais la bonne nouvelle c’est que l’estime de soi se construit tout au long de la vie et nous savons aujourd’hui grâce à la plasticité cérébrale que notre cerveau évolue en permanence et que tout est possible si nous posons les actions justes et nécessaires pour modifier nos drivers.
C’est quoi les drivers ? Ce sont des programmes installés en nous, à notre insu, comme :
- Tu as de la valeur, seulement si ton entourage apprécie ce que tu fais.
- Tu as de la valeur, seulement si tout est parfait.
- Tu as de la valeur, seulement si tu ne fais pas de vague et que tu es discret.
- Tu as de la valeur, seulement si tout le monde t’aime.
- Tu as de la valeur, seulement si tu réussis (ta vie professionnelle, ta vie familiale, ta vie de couple, ta visibilité sur les réseaux sociaux, …)
- Tu as de la valeur, seulement si tu me fais plaisir.
- Tu as de la valeur, seulement si tu es gentil.
- Tu as de la valeur, seulement si tu te fonds dans la masse et que tu évites les désaccords.
- Tu as de la valeur, seulement si tu fais toujours des efforts.
- Tu as de la valeur, seulement si tu travailles comme un forcené, parce que la vie ce n’est pas fait pour rigoler.
- Tu as de la valeur, seulement si tu possèdes une maison, un chien, une voiture, …
- Tu as de la valeur, seulement si tu as une femme/un mari, des enfants, et un chien…
- Tu as de la valeur, seulement si tu es comme un tel ou une telle…
- Tu as de la valeur, seulement si tu as beaucoup d’amis !
- Tu as de la valeur, seulement si tu es fort et que tu ne demandes de l’aide à personne !
Comment faire un reset et sortir de cette auto-manipulation ?
Le reset prend du temps, mais lorsqu’il est en cours, c’est une nouvelle aventure qui commence !
Cela impacte notre manière d’être mais aussi nos projets, nos relations, bref toute notre vie.
Dans le cadre d’une thérapie brève, comme la sophrologie, ou l’hypnose, voici des exemples de nouvelles croyances, donc de nouveaux drivers à installer :
- Je ne suis pas sur Terre, pour être aimé par tout le monde, personne n’est aimé de manière unanime, même les grandes célébrités.
- Seul moi, sais qui je suis, et tout ce que j’ai traversé. Ma foi est guidée par mes ressentis, mon intuition et mes expériences. J’apprends à reconnaître ma valeur inestimable, et à accroître ma confiance en qui je suis, et en mes actions.
- Le regard de l’autre n’est qu’un résumé de ses propres expériences et ses propres souffrances. S’il critique ou juge, cela veut dire qu’il se parle à lui-même de cette manière-là, et si je réagis c’est que j’ai moi aussi, une part qui souffre de ce manque d’estime. Autrement je n’entrerais pas en résonance avec cette personne. C’est donc à moi d’aller chercher ce qui entre en résonance avec cette critique et de répondre à mon besoin.
- Chaque jour, je réalise des exercices pour accroître mon estime de moi-même (le jeu du miroir de Louise Hay, apprendre à être fier de soi, même quand tout n’est pas parfait, réaliser un cahier d’estime dans lequel noter tous nos petits et grands exploits, se rappeler des moments forts et positifs de notre vie, identifier nos valeurs de vie et chaque jour réaliser des actions en cohérence avec ces valeurs, …).
- Prendre un temps d’introspection chaque matin et soir, méditer et noter sur un cahier « coach »* toutes nos prises de conscience et notre cheminement intérieur.
- S’entourer d’un groupe de personnes lumineuses, inspirantes, bienveillantes et soutenantes.
- Eviter de parler de nos projets et de demander l’avis à des personnes qui ne sont pas capables d’avoir une écoute bienveillante et empathique.
- Se rappeler que lorsque nous réalisons une action, nous le faisons pour nous-même, et non pas en attente d’un retour.
- Se demander chaque jour, quand nous entreprenons des actions : pourquoi je le fais ? Suis-je en attente d’un retour ? Si oui, lequel ? et c’est à moi de me donner ce retour, tout en me disant « Fous-toi la paix », tiré du titre de l’ouvrage de Fabrice Midal « Foutez-vous la paix ! ».
- Établissez et identifiez votre moteur d’épanouissement, votre mantra ! Martin Latulippe, coach de renommée internationale, dit par exemple : entreprendre des actions inspirantes imparfaites, autrement dit, peu importe si ce n’est pas parfait, au moins vous réalisez des actions qui vous inspirent et réveillent en vous votre énergie de vie.
Conclusion
Pour conclure, ce qui importe, c’est d’avancer chaque jour à son rythme, pour devenir encore plus qui nous sommes. Nous pouvons cheminer vers cette meilleure version de nous-mêmes, seulement si nous osons nous délester de ce qui ne nous nourrit plus, pour laisser place à ce qui nous fait nous sentir plein de vie, de potentialités et de créativité !
Sophrologue, formatrice, conférencière
https://www.therapeutes.com/sophrologue/paris/gokoglan-banu