L’épilepsie est une maladie vieille comme le monde. Elle connaît trois formes principales : le Grand mal 2a, le Petit mal 2b, et les Crises psychomotrices 2c (crises du lobe temporal). L’épilepsie n’est pas une maladie mentale mais résulte d’une anomalie du système nerveux central se manifestant sous la forme de crises épisodiques. Près d’un quart des malades souffrant d’épilepsie présentent une cause spécifique – tumeur ou lésion cérébrale. Dans les autres cas, on ne trouve aucune origine précise. Cette maladie comporte cependant une certaine notion liée à l’hérédité. Les enfants de deux personnes ayant des tendances à l’épilepsie dans leur hérédité auront une probabilité plus forte de devenir épileptiques.
En dehors des périodes de crises, le patient est mentalement et physiquement normal, et il peut mener la vie de tout le monde.
Il existe d’autres maladies présentant des crises convulsives épileptiformes, mais les convulsions y sont d’une nature différente et le traitement de la maladie causale entraîne leur disparition. Elles ne sont pas chroniques. Toutes les affections du système nerveux central peuvent être à l’origine de crises convulsives : la méningite, l’encéphalite, l’abcès du cerveau, le tétanos, la rage, la syphilis nerveuse, l’attaque, l’éclamp- sie et le coup de chaleur, ainsi que les troubles liés au sevrage (chez les toxicomanes) et l’intoxication par un grand nombre de substances et médicaments tels que le camphre, la strychnine et le plomb.
L’épilepsie peut apparaître clairement à l’encéphalographie. Elle existe à tous les âges, mais frappe plus particulièrement les sujets jeunes.
Danger : Dans un faible nombre de cas, l’épitepsie peut entraîner une détérioration mentale aggravant considérablement l’état du malade. L’une des évolutions les plus sérieuses de la maladie est l’état de mal épileptique, dans lequel plusieurs crises se succèdent à très court terme. L’état de mal peut être mortel.
Grand mal 2a
Le grand mal (crises motrices majeures généralisées) est la plus importante et la plus commune des formes de l’épilepsie. La crise peut y débuter par une période prémonitoire, l’aura, au cours de laquelle le patient ressent certaines modifications particulières. Les signes avant-coureurs peuvent être une nausée, la perception d’éclairs lumineux, des bourdonnements d’oreille, des troubles sensitifs, olfactifs ou gustatifs : odeur de brûlé, de pluie, picotements ou sensation de chaleur en certains points du corps. Ces signes peuvent apparaître quelques heures ou quelques secondes avant la survenue de la crise.
La crise est parfois annoncée par un cri profond (le cri épileptique) associé à une perte de conscience simultanée suivie d’une chute. Tous les muscles sont tendus, contractés ; les mains sont crispées, les yeux révulsés. Cet état dure quelques secondes, puis vient une phase de convulsions musculaires avec des secousses des membres ; les yeux roulent dans tous les sens, de l’écume apparaît à la bouche. Le patient semble véritablement possédé. Les convulsions s’accompagnent de phénomènes d’incontinence embarrassants (urines ou selles). La fréquence des secousses diminue, puis le malade tombe dans un coma profond, à l’issue duquel il se réveille souvent hébété, courbatu et souffrant d’un mal de tête sévère ; s’il y arrive, il peut dormir pendant une durée prolongée. La teinte sombre qu’avait prise son visage s’éclaircit. La crise dure de deux à cinq minutes.
Petit mal 2b
Observé surtout chez l’enfant, il se manifeste par des crises durant entre cinq et dix secondes, rarement plus d’une demi-minute. Il débute et cesse brusquement, se traduisant par une brève dissolution de la conscience. Le malade devient pâle, ses yeux sont fixes et inexpressifs ou clignent rapidement. L’activité qu’il avait avant la survenue de la crise s’interrompt, puis reprend aussitôt que l’accès est passé. Le petit mal affecte très rarement des sujets âgés de plus de vingt ans. Les crises peuvent se succéder rapidement plusieurs fois par jour.
Crises psychomotrices 2c (crises du lobe temporal)
Ces crises sont loin d’être aussi graves que le grand mal. Généralement, le patient ne chute pas, mais il ne comprend pas ce qu’on lui dit et est complètement déconnecté de tout ce qui l’entoure. Parfois il chancelle, marche sans but, profère des sons inintelligibles, mâchonne, se livre à des mouvements sans objet. Il peut être dans un état d’engourdissement ou de stupeur, ou au contraire manifester une émotivité et une violence incontrôlables. La crise dure de deux minutes à une demi-heure, parfois même – mais rarement – une journée entière.
Epilepsie Traitement :
La mise au point du Dilantin, de la Mysoline et du Zarontin, associés au phénobarbital, a représenté un progrès considérable dans le traitement de l’épilepsie, permettant de contrôler la maladie et de réduire la fréquence des crises. Lorsque celles-ci surviennent, il faut s’efforcer de diminuer les risques, pour le patient, de se blesser dans sa chute. Une fois que la crise a débuté, rien ne peut l’abréger ou en diminuer l’intensité. Les premiers soins consistent à étendre le patient sur le dos ou sur le côté, la tête repliée pour l’empêcher d’avaler ses vomissements, et à desserrer ses vêtements.
Dans beaucoup de cas, la crise est déclenchée par certains facteurs connus, tels qu’une profonde fatigue due à une tension physique ou émotionnelle. Il va sans dire qu’il faut s’efforcer de les éviter.
Le patient doit s’attacher à mener une vie aussi normale que possible, en s’abstenant simplement de certaines activités pouvant être dangereuses pour lui ou pour son entourage – par exemple, conduire une voiture ou piloter un avion. Toute forme de détente lui est autorisée, il peut pratiquer à peu près tous les sports, y compris la natation (jamais seul).
Le malade se trouve confronté essentiellement à un problème psycho-social – il est conscient de son handicap, et souvent en a honte. Une protection excessive de la part de ses proches, trop d’attention à son égard peuvent lui être néfastes. Il lui faut surmonter lui-même ses difficultés et vivre avec les contraintes qu’elles lui imposent. Il doit lutter pour préserver ses droits d’être humain, en dépit des crises dont il est l’objet, et comprendre que s’installer dans une forme d’invalidité revient à une défaite non seulement devant la société, mais aussi vis-à-vis de lui-même.
Prévention : Il n’en existe pas pour les formes d’épilepsie dont on ignore l’origine ; dans le cas des crises convulsives dues aux maladies mentionnées plus haut, un traitement précoce de la cause peut contribuer considérablement à en prévenir l’apparition. (Voir Troisième partie. Signes précurseurs, Épilepsie 2a.)
Pronostic : Les nombreux médicaments à présent disponibles permettent de contrôler les manifestations épileptiques et d’éviter de façon souvent durable leur répétition. Ce résultat ne peut être obtenu qu’à la condition d’une application rigoureuse du traitement prescrit.