cyber harcelement

Cyber harcèlement : protégez vos ados !

Par Fériel Berraies, Sophrologue certifié RNCP,

Le « tout numérique » fait des ravages auprès de nos enfants et adolescents. Je vous avais écrit plusieurs billets sur l’addiction de nos enfants au numérique et sur les dangers que cela pouvait représenter sur le développement cognitif de ces derniers. Mais également, sur la paupérisation de leur vie affective et sociale, découlant justement de cette forme de dépendance.

Très tôt, nous donnons à nos enfants des tablettes et des téléphones portables, histoire de leur « faire plaisir » ou de s’en débarrasser parfois quand on est à court de babysitting et d’énergie…

Avec le système éducatif en France, qui mise de plus en plus sur la formule numérique et internet, leur acheter des ordinateurs, et les laisser « surfer «  sur la toile, devient une quasi évidente nécessité.

Au-delà de l’impact «  aliénant » de cette addiction au numérique, d’autres dangers beaucoup plus perfides, sournois peuvent également s’installer…à votre insu la plupart du temps.

Il s’agit du harcèlement via le net et les conséquences désastreuses que cela peut engendrer.

Dans la planète « du like » où l’on se sent souvent en ligne de mire, difficile de ne pas souscrire à un effet de mode des plus enfermant. Entre selfies, et autocongratulations, histoire de s’inventer une vie, comment échapper à la vague ?

Comprendre le cyber harcèlement

Le cyber harcèlement implique une répétition intentionnelle, dans la durée, d’une ou de plusieurs formes de cyberviolence: propos diffamatoires et discriminatoires, humiliants, agressifs, injurieux, propagation de rumeurs, intimidations, insultes, menaces, incitation à la haine….

Et dans certains cas, les auteurs piratent le compte de leur victime ou usurpent leur identité et les font chanter.

Alerte danger  : certains « likes », sous des propos incitant à la haine et à la mort, peuvent tuer  votre enfant!

En Tunisie, mon pays d’origine, le taux de suicide alarmant des jeunes vers les années 2015 (quatre ans après la révolution du jasmin) avait interpellé les autorités publiques.

En effet, on avait enregistré que le taux de suicide des jeunes pendant le premier semestre 2015 équivalait au nombre enregistré lors de toute l’année 2014″, selon Moez Chérif, président de l’association tunisienne de défense des droits de l’enfant (ATDDE).

Des statistiques officielles en la matière provenaient essentiellement d’études faites par l’association auprès des hôpitaux. Faits glaçants…

C’est le gouvernorat de Kairouan qui aurait enregistré le taux le plus élevé de suicides, suivi par le gouvernorat de Bizerte. Quand on maltraite moralement un gamin, qu’on le cible, qu’on le terrorisme, qu’on l’humilie, qu’on apprend à le déstabiliser, le dérapage est bien souvent une question de quelques semaines… votre enfant est prise au piège, il sait qu’il ne pourra plus en sortir, il a peur de votre regard et de votre jugement, il culpabilisera et se dira que c’est sa faute …

Un phénomène de société qui se met en place sournoisement

Ces phénomènes sont inquiétants, ce ne sont plus des cas isolés et ils rongent nos sociétés. C’est d’autant plus consternant que pour nous, adultes, parents et ou autorités, cela reste un mal difficilement détectable (à temps) . C’est un mal invisible, qui nous dépasse du fait des progrès du numérique et des nouveaux modes de fonctionnement et d’expression.

Internet nous a colonisé… mais on le veut bien.  Internet a pris nos identités, nos vies, nos envies, nos souffrances et nos peines. Internet se nourrit de nos failles, de notre besoin d’exister de se sentir important et utile.

Ce monstre qui vient de l’extérieur nous ronge de l’intérieur

Il est en effet consternant de réaliser que pour nos enfants, le dérapage et ou le basculement vers le néant est si facile. Notre génération des quarantenaires et plus ne connaissait pas la culture du nihilisme. Et aujourd’hui le 21e siècle, nous renvoie une image terrible pour nous parents, à savoir que la santé physique de nos mômes,  n’est plus suffisante pour propager la culture de la vie et l’envie de vivre pour eux.

Passage à l’acte et causes du suicide chez l’enfant

Selon différentes enquêtes, la principale cause de suicide chez l’enfant est la violence familiale. Les mineurs en souffrance psychique sont souvent des victimes d’abus sexuels, émanant parfois des membres de leur propre famille. Il y a ensuite la violence dans le milieu scolaire puis dans l’environnement général. Et dans certains cas,  la situation économique dégradée de certains foyers (notamment dans les pays du Sud) concourant au phénomène.

Attention le mal être ne concerne pas uniquement les pauvres !

Les mobiles d’un suicide chez le jeune sont multifactoriels et il y a des personnalités plus vulnérables que d’autres. Il faut rester dans la nuance. Il importe surtout de rester dans la vigilance et de détecter précocement les signes.

En France, 40% des 13-17 ans seraient aujourd’hui concernés par le cyber harcèlement. Un phénomène qui impacte considérablement l’équilibre  psychique de votre enfant.

C’est dire l’importance de ce phénomène et la nécessité de pouvoir les accompagner à temps !

Médias : alerte danger 

Les médias renforcent le phénomène car ils sont à la recherche d’un sensationnalisme cru qui provoque souvent des ravages sur les familles endeuillées et ou les enfants « survivants »  et donne un effet de mimétisme sur les autres…

Une médiatisation excessive par exemple des cas de suicides ou « une mauvaise information ( intox) » aurait un effet tout aussi pervers, car cela contribuerait à l’amplification de nombre de passage à l’acte (et aux pensées morbides du jeune) pour peu qu’il soit en désespérance sociale et affective.

Il y aurait comme un effet d’entrainement, quand des médias ou des séries télévisés évoquent le suicide des mineurs, il a été constaté souvent que des mineurs auraient fait une tentative de suicide, le lendemain.

Facebook, médias, feuilletons télévisés, films… tout encourage… au mal être des jeunes et aux dérapages numériques.

Une augmentation de l’anxiété et de la dépression chez nos jeunes a en effet été constatée.

 La dépression et l’anxiété ont beaucoup augmenté depuis dix ans depuis la crise financière mondiale, l’instabilité géopolitique dans certaines régions , la précarité, le divorce etc. Les enfants sont le reflet des souffrances adultes, il faut se l’avouer. Mais la médiatisation demeure encore et toujours un « facteur de précipitation au passage à l’acte. »

Et c’est aussi sur cela que nous devons agir, nous parents, institutions…

Les chaînes de télévision doivent, et ce du Nord au Sud, toujours respecter certaines règles telles que les mentions (-12) ou (-18) lorsqu’elles évoquent des sujets sensibles. En France cela est acquis, pas dans les pays du Sud !

Sensibiliser les parents sur la souffrance de leur enfant

Dans le Nord, la souffrance psychologique de l’enfance est une chose acquise non jugée (et prise en charge naturellement).  Mais dans le Sud, le gap est toujours là. Bien souvent, nous sommes face à des sociétés et des mentalités qui continuent d’assimiler la maladie psychique à une déviance honteuse et qui perçoit la consultation auprès d’un professionnel en la matière comme « une honte à cacher » un tabou… «  Mon enfant n’est pas malade, il n’est pas fou etc. »…

Libérer la parole face à la terreur numérique

Sortir de la honte et du tabou mais aussi de la culpabilité est crucial pour espérer la résilience de votre enfant. Mais le pire ennemi pour votre jeune, restera encore et toujours le silence de sa souffrance. La peur du jugement est un carcan solide à cette période de l’adolescence, et très souvent, votre adolescent a peur de s’ouvrir et de se confier, il est pris au piège. Et si nous adultes ne sommes pas réceptifs, que nous sommes de mauvais « modèles », alors il  n’y a pas beaucoup d’espoir.

Comme pour le harcèlement scolaire que j’évoquerai prochainement dans mes billets, votre ado a peur du jugement, de « vous faire de la peine » il est contrit, honteux, peu fièr de lui-même, bourré de complexes. Il continuera à vivre le harcèlement plutôt que de le dénoncer… jusqu’à l’issue fatale.

Prévention encore et toujours

Il est important de libérer la parole pour déceler précocement la souffrance de nos jeunes: en constituant par exemple des groupes de paroles pour déceler les attentes des enfants ainsi que des clubs d’animation artistique afin de les aider à s’exprimer de façon ludique pour dédramatiser la chose.

Une première action, une idée qui amènerait une première prise de conscience sur le terrain et qui ferait surement bourgeonner d’autres initiatives comme le fait de lancer une documentation et un plaidoyer dirigés vers les différents ministères concernés (ministère de la Culture, de la Santé…) pour mettre en place un programme national complet visant à contrer le mal-être chez les mineurs.

En France, plusieurs campagnes de sensibilisation sont en cours, et on ne fait qu’entendre les spots publicitaires dans différents canaux de médias, depuis la rentrée… et on fait intervenir les jeunes dans les écoles qui parlent justement de l’impact des réseaux sociaux dans leur vie.

Que faire en cas de cyber harcèlement ?

Un nouveau guide de prévention des cyberviolences a été mis en place en milieu scolaire en France. Il est destiné aux équipes pédagogiques et éducatives,  afin de mieux repérer et comprendre ce phénomène, d’entreprendre des démarches préventives, et d’assurer la prise en charge des victimes. Un partenariat avec l’association e-Enfance permet en effet de lutter contre ces cyberviolences., Mis en place par le ministère de l’Education nationale. A travers le numéro vert Net Ecoute: 0800 200 200, des moyens techniques juridiques et psychologiques permettent désormais d’accompagner les victimes de cyberharcèlement.

Grâce aux différents partenariats avec les réseaux sociaux, le harcèlement en ligne peut ainsi cesser, notamment en supprimant plus facilement un contenu ou un compte en ligne usurpé.

Au delà des questions « techniques », réparer le mental de votre jeune est aussi crucial.

Médecines alternatives et complémentaires

Pour aider les jeunes victimes à traverser cette épreuve et à renouer avec leur bien-être, des méthodes alternatives existent et les parents peuvent envisager d’avoir recours à un professionnel de la sophrologie, par exemple.

Apaiser l’angoisse et renouer avec la sécurité

Un adolescent victime de cyber harcèlement est généralement anxieux et aux abois. Son mécanisme de défense sera en hyper vigilance, il sera susceptible, à fleur de peau, sensible à tout, sa réactivité sera exacerbée (sursauts, pleurs, crises d’angoisse, etc.).

Le harcèlement, les agressions endémiques vont le pousser à s’auto exclure du monde, qu’il percevra comme dangereux et hostile. Dans les cas les plus extrêmes, il développera de grosses angoisses et ou une phobie sociale.

Renouer avec la bienveillance

Il est important de prendre en charge au plus tôt ce type de réactions et surtout renouer avec les notions de bienveillance pour retrouver un meilleur être. La sophrologie offre une boite à outils à votre enfant qui lui permettra de canaliser stress et d’anxiété en toute autonomie, avant pendant et après nos séances. Afin de reprendre le contrôle de son corps et de ses émotions. Une étape importante pour qu’il puisse retrouver pleinement confiance en lui. C’est réellement un accompagnement dans la durée, un travail sur soi mais dans la bienveillance, sans analyse, sans jugement et sans chimisation !

Article écrit par Fériel Berraies,
Criminologue chercheur en Sciences Sociales (spécialisée sur les jeunes et les déviances)
Thérapeute et sophrologue
Prix Sanitas 2018 Tunisie
Prix UFA 2015 Belgique
Retrouvez ses conseils sur : www.feriel-berraies-therapeute.com
Ecrivez lui: fbsophro@gmail.com