Allergie aux acariens: Traitement, Définition, Explications

Ils appartiennent à l’ordre des Arachnides, constitué d’arthropodes de très petite taille, comportant aussi des parasites tels que le sar­copte de la gale, les aoûtats ou les tiques.

Les acariens pyroglyphides, dont le rôle est reconnu en pathologie humaine depuis les années 60, sont responsables de la majorité des rhinites et des asthmes aller­giques per-annuels.

Acariens et allergies

Leur rôle au cours de la dermatite atopique n’a été documenté que tout récemment. Chez 9 patients atteints d’eczéma sur 20 (45%), les tests de provocation bronchique aux aca­riens entraînent l’apparition de lésions immédiates et/ou retardées de dermatite atopique. De façon anecdotique, l’ingestion de bei­gnets contaminés par de grandes quantités de Dennatophagoides farinae a pu entraîner une anaphylaxie aiguë ; cette possibilité vient d’être confirmée à plus grande échelle (16 patients) pour des aliments contaminés par les acariens (pizzas, légumes, poisson, sandwichs).

Une autre observation suggère qu’un environne­ment domestique extrêmement riche en acariens peut entraîner des symptômes d’allergie gastro-intestinale.

On admet que la prévalence des sensibilisations aux acariens dans la population générale se situe entre 10 et 20%, mais la fourchette des estimations est large (8 à 40%). Elle est plus forte en plaine à Marseille (27,5%) qu’en altitude à Briançon (10,2%) où, pour des rai­sons climatiques, le nombre d’acariens est réduit. Des faits comparables ont été enregistrés à Font-Romeu et en Cerdagne. Chez les asthmatiques, la prévalence des sensibilisations aux acariens est estimée entre 60 et 80%, mais elle varie avec l’âge : 11,4% au-dessous de 2 ans, 25% de 2 à 6 ans, 59,1% au-dessus de 6 ans . Après 10 ans, les prick-tests cutanés d’allergie sont positifs pour les aca­riens chez 70% des asthmatiques (ou plus). Tenue pour responsable de ces symptômes, la poussière de maison est en fait une mosaïque d’allergènes : les acariens représentent plus de 70% de son allergénicité, de sorte qu’il ne faut plus utiliser le terme « allergie à la poussière de maison ».

Les acariens de la poussière de maison (sous-ordre Acaridia) sont uni­quement visibles au microscope : leur taille varie de 200 à 500 microns. Il existe 5 familles, en particulier celle des Pyroglyphidae, elle- même subdivisée en sous-familles qui totalisent 18 genres et 48 espèces : les principaux sont Deimatophagoïdes pteronyssinus, Dennatophagoides jannae, Euroglyphus maynti, Acarus siro … etc. Dermatophagoïdes pteronyssinus vit dans la poussière de maison, Dermatophagoïdes jannae et Acarus siro dans les poussières de stocka­ge (boulangerie), Glycophagus domesticus et Tyrophagus putrescentiae dans les poussières d’épiceries et les pépinières… etc. Dans les mai­sons, les acariens se nourrissent de squames humaines et animales (débris de peau morte et d’ongles, poils, plumes, moisissures… etc.).

Ils sont abondants dans les lieux de repos de l’homme, se développant dans des conditions optimales d’humidité (hygrométrie > 70 à 80%) et de température (> 20°C). Les pièces de literie (matelas en laine, oreillers en plumes, sommiers tapissiers), les moquettes, les tapis, l’in­térieur des fauteuils et des divans, les plinthes, les jouets en peluche sont pour eux les repaires idéaux. Ils vivent 2 à 3 mois pendant les­quels ils effectuent un ou deux accouplements qui donnent lieu à une ponte de 20 à 40 œufs. Le moment le plus propice est la période chau­de et humide de l’année (d’août-septembre à début octobre).

Les allergènes des acariens sont très étudiés. Les antigènes majeurs sont Der pl (Dermatophagoïdes pteronyssinus), Der fi (Dermatophagoïdes farinae), Eur ml (Euroglyphus maynei). L’acquisition d’une sensibilisation aux acariens est étroitement corrélée à un taux d’antigène Der pi > 2 pg/gramme de poussiè­re de maison. Chez le nourrisson, l’étude prospective de SPORIK et coll. démontre qu’une exposition précoce à plus de 10 pg d’antigène Der pl/gramme de poussière expose à l’ap­parition d’un asthme pendant la première décade. L’exposition à plus de 10 pig de Der pl/gramme de poussière provoque des crises nécessitant une hospitalisation chez 65% des enfants asthma­tiques sensibilisés aux acariens. C’est pourquoi les pro­grammes de prévention chez les nouveau-nés et les nourrissons à risque allergique doivent tenir compte non seulement des facteurs alimentaires mais aussi de l’environnement domestique, du taba­gisme passif et des acariens.

Allergie aux acariens traitement

La prise en charge de l’allergie respiratoire aux acariens repose d’abord sur l’éviction par des mesures physiques et chimiques. Dès 1974, on a montré qu’un ménage régulier entraînait une chute signi­ficative du nombre des acariens, allant de pair avec une réduction du score clinique (de 9 à 2) et du taux des IgE sériques totales (de 739 à 529 Ul/ml) en quelques mois. L’aération quotidienne des chambres, l’exposition de la literie à l’air et au soleil, son changement toutes les semaines, le traitement régulier de toutes les surfaces à l’ai­de d’un aspirateur efficace demeurent les mesures de base : elles font partie intégrante de l’éducation sanitaire. Le maintien de l’hygromé­trie au-dessous de 60% et de la température au-dessous de 18-19°C réduit le nombre des acariens de 80 à 40%. Les mesures physiques doivent être évaluées par l’estimation des symptômes (scores cliniques) et du nombre d’acariens (comptage ou Acarex- test).

Toute pièce de literie qui recèle plus de 1000 acariens ou plus de 30 (Xg d’antigène Der pi (ou Der fl) par gramme de poussière doit être changée. Si les mesures physiques ne sont pas suffi­santes, il faut associer les acaricides dont l’efficacité a été scientifi­quement reconnue. Selon la récente étude critique de LAUR et coll., une mesure isolée a peu de chances d’être efficace et, par conséquent, la prévention doit être globale. Parmi les moyens dont l’efficacité est éprouvée, cette analyse dégage : les housses anti-aca­riens en polyuréthane, les mesures d’hygiène, aération par temps froid et sec, le nettoyage fréquent avec lavage à 60° des pièces de lite­rie. En revanche, les déshumidificateurs, les ioniseurs d’air, les purificateurs, les aspirateurs munis de filtres HEPA (efficaces dans l’allergie au chat) et la ventilation mécanique ne sont pas recom­mandés actuellement. L’éviction des acariens procurée par la cure d’altitude améliore les symptômes de rhinite et d’asthme aux acariens et entraîne une diminution statistiquement significative des IgE sériques totales et spécifiques des acariens.

  • Maintien d’une atmosphère sèche à l’intérieur des maisons
  • Humidité relative (50-60%), chauffage (18-20°C)
  • Aération fréquente des pièces et des éléments de literie
  • Proscrire les humidificateurs et le séchage du linge dans les pièces
  • Assurer une bonne isolation thermique
  • Suppression des foyers d’acariens (surtout dans la chambre de l’allergique)
  • Surfaces lisses (carrelage, parquet vitrifié)
  • Suppression des « nids à poussière »
  • Penderies ouvertes plutôt qu’armoires
  • Adoption d’une literie « hypoallergénique »
  • Ménage hors de la présence de l’allergique
  • Éloigner les animaux domestiques
  • Évaluer l’efficacité des mesures d’éviction

Les mesures physiques pour l’éviction des acariens.

Les jouets en peluche contiennent rapidement une grande quantité d’acariens, mais après lavage à l’eau additionnée de détergents leur concentration chute significativement : il faut répéter ces lavages tous les 7 à 10 jours. Le dosage des acariens par ELISA dans les lieux publics (hôtels, hôpitaux, maisons de repos, églises, écoles pri­maires, crèches) révèle des concentrations plus faibles que dans les maisons (26,27). Ils sont plus élevés dans les hôtels, surtout munis de moquettes, que dans les autres lieux publics. Il en est de même dans les crèches (28) et dans les transports en commun (29,30).

L’hyposensibilisation spécifique est indiquée si le patient est mono- sensibilisé et si les symptômes cliniques ne sont pas contrôlés par l’éviction et le traitement pharmacologique des symptômes.