Il est souvent utile, particulièrement en milieu hospitalier, d’aider un patient à passer en état sophronique grâce à des suggestions appropriées.
Hector Durville, le premier à notre connaissance, avait décrit une technique permettant de passer du sommeil à l’état sophronique et inversement. A la suite d’importantes recherches Fleischer a également mis au point une technique qui a pour elle la simplicité et l’efficacité.
On s’approche en silence du patient qui dort et, d’une voix très douce, on commence à lui suggérer :
« Détendez-vous, détendez-vous, détendez-vous, c’est le docteur X… qui vous parle. Vous pouvez m’entendre, même s’il vous est impossible d’ouvrir les yeux, vous m’entendez, mais vous ne pouvez pas ouvrir les yeux. »
Tous ces mots sont prononcés avec une très grande douceur, sur un ton confidentiel, très lentement pour ne pas déranger le sommeil du malade. On poursuit alors :
« Dès que vous entendrez ma voix, vous bougerez votre main droite, dès que vous entendrez ma voix, vous bougerez votre main droite. »
Dès que le sujet bouge la main, c’est qu’il est passé en état sophronique et l’on approfondit alors son état en lui suggérant une sensation de bien-être :
« Vous vous sentez de mieux en mieux, de mieux en mieux, vous vous sentez parfaitement bien. » Le point le plus délicat, dans cette méthode, c’est l’induction. Le praticien peut être amené à répéter sans cesse :
« Détendez-vous, détendez-vous, détendez-vous, c’est le docteur X… qui vous parle »
jusqu’à ce que le sujet lève sa main droite. Si le patient est accessible à ce type d’induction on obtient souvent un état sophronique profond.
Comment passer de l’état sophronique au sommeil
Le passage de l’état sophronique au sommeil résulte d’une manœuvre simple qui dépend du degré de suggestibilité du patient. Si celui-ci est capable de parvenir à un état sophronique profond, on pourra obtenir le sommeil sans grande difficulté. Fleischer insista sur un point important : il a constaté, de manière empirique, que la réponse à la suggestion de sommeil est beaucoup plus facile à obtenir lorsque le patient a été mis dans l’état sophronique le plus profond possible et qu’il a reçu, à ce stade, la suggestion postsophronique de sommeil. Quand le sujet a souffert d’insomnie chronique, il vaut mieux éviter d’employer le mot sommeil et se servir d’un autre terme, comme assoupisse ment par exemple, qui ne sera pas pour !ni une source d’anxiété. La suggestion peut se donner de la manière suivante : une fois le sujet en relaxation profonde, le praticien lui dira :
« Et maintenant respirez lentement, profondément, et à chaque inspiration vous sentez que vous vous assoupissez, vous vous assoupissez, vous vous assoupissez de plus en plus ; et maintenant vous ouvrez les yeux et vous vous installez confortablement ; puis vous éteignez les lumières, vous fermez les yeux et vous vous assoupissez. Avant de vous en rendre compte, le matin sera là et vous vous sentirez très bien. »
Il faut remarquer que l’on dit au sujet de rouvrir les yeux et de s’assoupir après s’être couché. Il semble en effet que le sommeil s’obtienne plus facilement après qu’il a ouvert les yeux pour ne répondre à la suggestion postsophronique que par la suite.