Nous appréhendons la peau uniquement sous l’angle de la beauté, mais nous savons désormais qu’elle est également essentielle à notre santé globale. Notre peau, c’est le plus grand organe de notre corps et c’est aussi la principale interface entre nous et toutes les agressions extérieures (pollution, UV, virus, allergènes…). Notre peau abrite également un large éventail de microbes. La recherche commence tout juste à comprendre le rôle important que ces bactéries jouent pour notre santé…
Microbiome : Définition
Le microbiome (du grec micro, « petit », et bios, « vie ») est l’« aire biotique » (aire de vie correspondant à une niche écologique) du microbiote, le mot microbiote désignant ici les espèces autrefois regroupées sous le terme « microflore », c’est-à-dire celles qui prédominent ou sont durablement adaptées à la surface et à l’intérieur d’un organisme vivant1. (source: wikipedia.org)
La recherche a permis d’identifier jusqu’à 1 000 espèces bactériennes différentes et jusqu’à 80 espèces de champignons différentes sur notre peau. Certaines d’entre elles sont également des résidents de votre microbiome intestinal, notamment les espèces de staphylocoques, de streptocoques et de Candida. On trouve également quelques espèces de Bifidobacterium et de Lactobacillus sur certaines zones de la peau, mais beaucoup moins que dans l’intestin.
Bien que ces bactéries ont toujours été présentes sur la peau, elles n’ont été visualisés que récemment grâce à des avancées technologiques comme les outils d’imagerie moléculaire et le séquençage du génome de nouvelle génération. Nous pouvons maintenant visualiser ces entités microbiennes au fur et à mesure qu’elles opèrent et exécutent des tâches vitales.
Le microbiome de la peau change en fonction des zones. Les bactéries varient également selon la quantité de lumière et selon la situation de la zone, notamment si celle-ci est humide, sèche, poilue ou grasse. Le microbiome diffère aussi selon l’âge et le sexe. Par exemple, un adolescent aux hormones et à la transpiration abondante a un microbiome très différent de celui d’une femme sédentaire et ménopausée.
L’équilibre du microbiome
Notre microbiome repose sur un équilibre fragile, et son déséquilibre peut entraîner diverses complications comme des rougeurs, des inflammations ou même des pathologies comme l’acné ou la dermatite. Les barrières de notre peau peuvent être endommagées par le stress, la pollution, une mauvaise hygiène de vie ou même par certains produits cosmétiques particulièrement agressifs. Le gel hydroalcoolique notamment, ou les lavages de mains fréquents sont de nature à perturber cet équilibre. C’est pourquoi de nombreux produits apparaissent maintenant sur le marché visant à préserver ou à rééquilibrer le microbiome de notre peau. Ces produits ont pour vocation d’entretenir et prendre soin de notre peau au fil du temps.
Ne vous lavez pas excessivement
Une nouvelle étude suggère qu’une exposition prolongée aux bactéries et microbes courants de la vie quotidienne pourraient jouer un rôle utile dans le développement des systèmes anti-inflammatoires de l’organisme, et jouent ainsi un rôle crucial dans la lutte du système immunitaire contre les infections.
Une dose de saleté pourrait ainsi être le meilleur remède pour prévenir le développement d’allergies chez les enfants d’après l’étude.
Si le fait d’éviter un contact excessif avec les germes peut contribuer à prévenir la propagation des infections, l’excès de propreté pourrait être au moins en partie responsable de l’augmentation des allergies chez les enfants.
« Nous avons développé un mode de vie plus propre, et notre corps n’a plus besoin de combattre les germes autant que par le passé », a déclaré Marc McMorris, allergologue pédiatrique à l’University of Michigan Health System. « En conséquence, le système immunitaire s’est détourné de la lutte contre les infections pour développer davantage de tendances allergiques. »
Le plus important est peut-être que le bain perturbe le microbiome de notre peau : le délicat écosystème de bactéries, de champignons, d’acariens et de virus qui vivent sur (et dans) le plus grand organe de notre corps. La plupart de ces microbes sont considérés comme des parasites bénins ; ils se nourrissent de notre sueur et de nos huiles sans nuire à notre santé.
Le marché des soins pour le microbiome
De nouvelles gammes de produits de soins de la peau visent à rééquilibrer notre microbiome cutané, comme c’est de plus en plus en le cas pour les produits anti-âge, pour les peaux sèches, pour les rougeurs, pour les imperfections ou les anti-irritations, ainsi que les produits anti-épiderme.
Par exemple, Lancôme a développé une ligne anti-âge appelée « Advanced Genetic », qui vise à stimuler le microbiome de la peau. D’autres marques telles que La Roche Posay et Pierre Fabre ont également mis au point des produits » microbiome friendly » – pour traiter des dermatoses telles que l’acné (Effaclar Duo (+) de La Roche-Posay) ou la dermatite atopique (gamme XeraCalm A.D d’Avène et baume Lipikar AP+ de La Roche Posay).
Des offres de produits capillaires pour le microbiome
Le microbiome n’est pas seulement une question de soins de la peau. Les shampooings et autres produits de soins capillaires sont également concernés. Les industriels s’y sont mis et l’on peut citer par exemple les shampooings antipelliculaires de Vichy, formulés avec la Selenium DS Microbiome Technology – qui rééquilibre le microbiome capillaire et combat les pellicules- ou la ligne de soins pour cheveux et poils de Gallinée, enrichie d’un mélange de prébiotiques et de postbiotiques.
3 catégories d’ingrédients qui influencent le microbiome
Il existe 3 grandes catégories d’ingrédients » favorables au microbiome » que l’on retrouve désormais couramment dans les produits de soins personnels et de beauté :
1) Les prébiotiques, qui » nourrissent » le microbiome de manière potentiellement sélective et les 2) probiotiques, micro-organismes vivants qui améliorent l’équilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries.
Les bactéries représentent l’un des principaux défis de l’industrie cosmétique, alors comment utiliser des bactéries vivantes dans les formulations tout en limitant les risques de contamination bactérienne ?
Actuellement, les marques proposent des produits contenant des bactéries désactivées, des fragments de bactéries ou des alternatives végétales.
Par exemple, Gallinée utilise des lactobacilles désactivés par la chaleur qui agissent comme des « probiotiques fantômes ». Chez Biosme, on utilise des fractions bactériennes via la fermentation des Lactobacilles, suivie d’une filtration pour récupérer des ferments aux propriétés antibactériennes et hydratantes. Enfin, Bio-Beauté by Nuxe a créé en 2015 un complexe végétal » probiotique like « , Organic Cranberry Extract, Specific Hyaluronic Acid, qui permet de rééquilibrer la flore cutanée sans utiliser de probiotiques à proprement parler.
Il reste encore des défis techniques à relever lors de l’utilisation de formulations à base de bactéries vivantes, la micro-encapsulation de ces principes actifs, la réfrigération du produit, l’utilisation d’alternatives aux actions des bactéries spécifiques ou la déshydratation du produit pour optimiser sa stabilité.
3) Les post-biotiques sont des sous-produits métaboliques des probiotiques et assurent des fonctions transversales telles que l’immunité. Ces post-biotiques peuvent être d’origine naturelle ou biotechnologique. Par exemple, l’ingrédient I-modulia est un actif biotechnologique issu de la bactérie Aquaphilus dolomiae présente dans l’eau thermale d’Avène, qui stimule la synthèse de peptides antimicrobiens et équilibre la flore microbienne des peaux atopiques.
Le microbiome de la peau est spécifique à chaque personne, comme une empreinte digitale, et évolue en fonction de l’âge, du mode de vie, de l’alimentation, etc. Les nouvelles offres de produits agissant sur le microbiome sont donc susceptibles de jouer un rôle majeur dans les tendances de personnalisation afin de fournir un produit adapté au mode de vie et aux prédispositions du consommateur.
Crédit photo : redit: Darryl Leja, NHGRI.