(Savoir dire Non c’est pouvoir dire Oui)
Pour l’essentiel d’entre nous, nous avons souvent du mal à dire « non ».
Les raisons pour lesquelles nous n’osons pas dire « non » sont multiples, mais les conséquences, elles, sont toujours les mêmes : stress, surcharge de travail, diminution supplémentaire de notre estime de soi, perception de nous-mêmes comme une personne faible et incapable de faire valoir son point de vue.
Cette difficulté se ressent en entreprise, où elle finit par poser pour certain(es) des problèmes insurmontables pouvant aller jusqu’au burn out, mais elle existe également dans notre vie quotidienne (le dîner auquel on n’a pas su dire non, la proposition de vacances en groupe que nous aurions dû refuser, etc.) où elle provoque d’innombrables conséquences pour nous-mêmes et pour notre entourage.
Pourquoi n’arrivons-nous pas à dire « non » ?
Il y a plusieurs causes au fait de ne jamais arriver à dire non. En voici quelques-unes. Parmi elles, vous en reconnaitrez peut-être certaines qui vous parlent :
• La peur de ne pas être aimé ou de décevoir.
• La hantise du conflit.
• L’envie de faire plaisir à tout prix.
• La peur de faire de la peine aux autres.
• L’envie de montrer qu’on est capable de faire plus que les autres en se surchargeant de travail ou de responsabilités.
• La peur de l’autorité.
• Le manque de confiance en soi et une estime de soi déficiente. Cette dernière cause est la base du processus qui conduit au fait de ne pas savoir dire « non ». Il est toutefois possible de traiter efficacement ce point en psychothérapie ou lors d’un coaching spécialisé.
Il est pourtant essentiel de savoir dire « non »
Pouvoir dire « non » simplement pour faire plaisir à une personne peut déclencher une série de conséquences négatives pour nous-mêmes ou pour d’autres personnes de notre entourage (désorganisation d’une équipe, surcharge de travail, problèmes personnels, difficultés de tous ordres). En disant « oui » tout en pensant « non », nous aurons alors fait plaisir à un seul, tout en en mécontentant plusieurs !…
Pouvoir dire « non » permet de se mettre en adéquation avec ses valeurs : il permet de nous sentir justes.
Ce point est très important et nous devons le garder en mémoire à chaque fois que nous sommes tentés de dire oui alors que nous pensons non.
Pouvoir dire « non », c’est apprendre à évaluer une situation.
Il y a des circonstances où il est important de dire non et d’autres où cela n’est pas nécessaire : l’évaluation de ces circonstances repose sur notre bonne appréciation du contexte dans lequel cette situation se produit.
Pouvoir dire « non », c’est prendre sa place dans un groupe ou dans un échange, sans brusquerie et sans violence (voir à ce sujet mon article sur l’assertivité : « Ni hérisson, ni paillasson »).
Pouvoir dire « non », c’est (peut-être) accepter de ne pas être aimé. Certains commentateurs proposent cette recommandation mais, à vrai dire, je ne l’apprécie guère. Elle est facile pour ceux qui ont déjà cette propriété de caractère (mais qui n’ont souvent que peu de souci d’autrui) mais elle est très difficile, voire impossible, pour les autres : ceux qui (comme moi ou comme vous) ont besoin de sentir l’amour que les autres leur portent. Je la cite néanmoins pour mémoire.
Savoir dire Non pour pouvoir dire Oui
Si vous apprenez enfin à dire « non » dans les circonstances qui s’y prêtent, votre « oui » futur n’en sera que plus apprécié par vos interlocuteurs.
Ainsi, pouvoir dire non c’est aussi pouvoir dire oui : un véritable « oui », non contraint et volontairement assumé. Les deux attitudes vont de pair : on ne peut pas exprimer un « oui » véritable sans être capable de dire « non » quand les circonstances le nécessitent.
Votre tante Jacqueline vous a invité(e) avec le reste de la famille pour un repas qui ne vous dit absolument rien ; votre chef(fe) vous a demandé(e) de rester plus tard pour terminer un travail alors que vous avez rdv pour une sortie avec des amis…
Nous connaissons tous ce genre de circonstances où le fait de dire « non » risque de vexer une personne ou de compromettre nos rapports avec des collègues ou des supérieurs hiérarchiques.
Néanmoins, il faut se tenir à cette règle simple : soit vous décidez que faire plaisir à votre tante (malgré l’ennui prévisible du repas) prévaut sur le fait de la décevoir, soit vous assumez le fait de lui dire « non », tout en lui proposant peut-être une autre solution (l’amener au cinéma ou au théâtre, venir prendre un thé avec elle toute seule et s’occuper de sa santé). De ce fait, votre acception potentielle pour un futur dîner n’en aura que plus de poids.
De même en ce qui concerne votre collègue ou votre responsable hiérarchique : ici encore, il s’agit d’évaluer avec précision les circonstances de la demande.
Cette demande est-elle trop récurrente ? Serait-elle une forme de harcèlement déguisé ? Si c’est le cas, vous devez dire non. Votre « non » sera perçu comme un trait de caractère que ces personnes ne vous connaissaient pas et vous serez tranquille pour la suite.
Si, par contre, il s’agit simplement de donner un coup de main à l’équipe lors d’un coup de pression inattendu, alors vous déciderez de dire oui à cette demande. Et tout se passera pour le mieux… Dans tous les cas, votre « oui » présent ou futur aura une force qu’il ne peut pas avoir si vous êtes considérée comme une personne qui dit « oui » en permanence.
Dix conseils pour pouvoir dire non
Savoir dire « non » est une compétence. Et, comme toute compétence, elle peut être apprise (en réalité, nous pouvons tous l’apprendre plutôt très bien, pourvu que nous la pratiquions régulièrement).
Voici dix conseils pour travailler votre aptitude à dire « non » :
1. Entraînez-vous à dire « non ». C’est la stratégie des petits pas progressifs, celle qui donne les meilleurs résultats : commencer par les situations les plus simples et abordez ensuite les plus compliquées. Vous pouvez même vous entraîner seul(e) en imaginant des situations de demandes auxquelles vous aurez à dire « non ».
2. Autorisez-vous à différer (même de quelques minutes) la réponse donnée à une demande pressante, afin d’évacuer le stress de l’urgence. Une demande n’est jamais urgente au point de ne pas pouvoir attendre quelques instants de plus.
3. Profitez de ce court diffèrement pour peser le pour le contre. Qu’engage le « Oui » et que va générer le « Non » ? Prenez le temps d’évaluer la situation en termes de conséquences matérielles, humaines et organisationnelles pour vous, vos proches ou votre équipe ; mais également par rapport à la personne qui a fait cette demande.
4. Distinguez la demande de la personne qui l’a faite. Il est plus facile en effet de dire non à la proposition faite par une personne qu’à cette personne elle-même. Et la bonne nouvelle, c’est que nous pouvons dire non à la proposition et oui à la personne, en tâchant d’être le plus empathique possible avec elle. Si nous appréhendons la situation de cette manière, la personne à qui nous venons de dire « non » le comprendra sur le même mode, et probablement mieux que si nous en faisons involontairement un sujet « personnel ». N’oubliez pas cette petite phrase du « Parrain », si utile quand il s’agit de dire non : « It’s not personal, it’s business » !…
5. Déculpabilisez-vous. Même si la personne à qui l’on vient de refuser une demande semble déçue, il faut relativiser et se dire qu’il y a bien pire dans la vie !…
6. Montrez-vous le plus diplomate possible. N’offensez pas votre interlocuteur. Essayez d’être empathique sans pour autant céder sur une demande impossible.
7. Argumentez votre refus en quelques mots, sans que cela puisse ressembler à des excuses mal ficelées.
8. Usez d’humour et encouragez positivement l’autre.
9. Proposez une solution alternative, si cela est possible.
10. Soyez sincère et aimable. On gagne toujours à être gentil, même quand on dit non (une fois encore, dire non, ce n’est nullement être méchant).
Conclusion : les écueils d’un sevrage trop rapide
En conclusion, j’aimerais évoquer le risque qu’il y a à vouloir passer trop vite d’une impossibilité de dire « non » à une tendance irrépressible à le dire à tout bout de champ !… L’expérience montre que c’est souvent ainsi que les timides qui ne savent pas dire « non » se mettent un beau matin (quand ils « décident » de devenir plus agressifs après une humiliation supplémentaire) à refuser tout ce qu’on leur propose.
Passer brusquement d’une attitude à l’autre peut entraîner en effet des conséquences négatives pour vous et pour votre entourage. La plupart de temps cette nouvelle attitude sera mal comprise. Vous n’aurez donc rien gagné à ce changement brutal et qui surtout ne repose pas sur une véritable modification de votre approche du monde. Un jour ou l’autre, vous reviendrez à votre ancien « oui » systématique et votre estime de vous-mêmes n’en aura baissé qu’un peu plus.
Je vous conseille donc, une fois encore, de procéder par paliers progressifs. On ne se réveille pas un matin en devenant une personne capable de dire de « non » : il s’agit au contraire d’un processus, un processus qui prendra le temps nécessaire pour mûrir.
Mais à la fin de ce processus, vous serez enfin devenu un individu capable de dire « non » – mais également « oui » – dans les circonstances qui le nécessitent.
Article rédigé par Stéphane Gasparini,
Coach personnel à Paris 16