Par Fériel Berraies, Sophrologue certifiée RNCP spécialisée dans l’accompagnement des enfants et des adolescents.
Il est vrai que la maternité a de tout temps été glorifiée et mise sur un piédestal. Être mère serait un don de Dieu, et il nous arrive souvent nous les mères, de taire notre désarroi de peur de passer pour une mère inapte et indigne.
C’est peut être la raison pour laquelle les mamans se sentent de plus en plus isolées de nos jours.
Avec les normes éducatives qui changent et où l’on valorise bien trop souvent l’enfant – éducation et apprentissage obligent – notre place de maman est souvent reléguée aux oubliettes. Tout est centré sur les besoins de l’enfance, et très peu sur les génitrices. Bien que l’on ait assisté a de beaux progrès sur les pratiques (l’implication des pères, l’activité professionnelle des femmes), le bien être maternel est encore sous valorisé.
En même temps, on attend tellement de nous les mères, que l’on se retrouve dans une relation de sur-responsabilisation qui engendre encore plus d’angoisse sur la performance maternelle.
Quand le système n’est pas tendre avec nous les mères, comment pouvons nous être bienveillante avec nous même ?
Je n’ai qu’à me rappeler le nombre de fois où j’ai été convoquée par la professeur principale d’un de mes jumeaux qui aurait fauté, pour me sentir « mère indigne ».
Et franchement la société ne nous fait pas de cadeau si « notre gosse dérape » !
Tant de fois je me suis dite, je suis thérapeute, et pourtant avec mon gosse c’est toujours aussi compliqué…
Ce billet je l’ai écrit à toutes les mamans du monde et je sais que beaucoup se reconnaîtront. Oui on parle beaucoup de la qualité de vie au travail (QVT) et du burnout, mais on ne fait pas grand cas de la qualité de vie de la maman, qu’elle soit au foyer, au travail…on pourrait parler de son burnout !
Et oui le Burn out maternel n’est pas un euphémisme, et je persiste et signe en disant que le boulot de maman est le boulot le plus dur au monde. J’ai fait des jumeaux et je peux vous assurer que les faire grandir aujourd’hui est un acte aussi périlleux que mes innombrables casquettes de femme caméléon activiste.
Car au fond, on ne nous donne pas de mode d’emploi, on apprend sur le tas, on rebondit, on se remet en question, on se sacrifie et surtout on continue de faire pas mal de maladresses à l’égard de nos enfants !
Et surtout on s’oublie trop vite…
Et que l’on soit thérapeute ou pas… on est logées à la même enseigne, car il ne s’agit que d’affectif !
Une de mes patientes est venue me voir un jour pour une de ses filles adolescente. Elle n’étais pas en présence de l’adolescente en question (sourires) et je me suis finalement retrouvée à faire l’anamnèse de la maman qui était complètement dans une remise en question totale de sa fonction de « maman »… «avez-vous une notice en Sophrologie pour faire grandir nos enfants ?! » m’a t’elle demandé.
Et non être parent, ça s’apprend pas à l’école et il n’y a pas de diplôme pour.
Heureusement, rien n’est définitif, rien n’est text book quand il s’agit d’élever nos enfants. Pour y arriver, il faut surtout savoir se ménager, prendre soin de soi, ne pas se laisser submerger par la culpabilité, les angoisses et les questionnements stériles.
Et vous l’avez deviné, ce billet est écrit pour les mamans cette fois ci.
Burnout maternel: comprendre ce que c’est
Le burnout maternel, c’est l’overdose de l’engagement physique psychique et émotionnel à l’égard de son enfant. Quand on veut tout faire, tout contrôler et que l’on ne sait pas déléguer, quand on se remet en question et que l’on fait tout à s’oublier…on se consume très vite mesdames les mamans.
Oui c’est un trop plein de tout, qui fait que l’on finit par user ses cartouches. Et si en prime on culpabilise, on n’est pas sortie d’affaire !
Casser le mythe de la bonne mère
Elle n’existe pas !
Socialement, nous sommes programmées pour ignorer nos besoins et nos envies, et c’est en tout cas ce que la société attend de nous, autant que les hommes aussi parfois…et les institutions aussi en rajoutent une louche.
Naïvement, on nous dit qu’être mère est une chance, un état de grâce continu et que certaines femmes pleurent les larmes de sang car elles n’ont pas pu être mères. C’est exactement ce genre de message et de discours qui nous fait penser que nous sommes «des mères indignes » !
Il n’y a pas de mère « idéale », de mère moins méritante ou pas, de mère courage… il y a simplement une Mère qui essaye de faire du mieux qu’elle peut !
Reconnaître les signes alerte de danger
Notre quotidien est jonché de contraintes et la fatigue physique et l’épuisement moral sont notre quotidien. Si en prime nous travaillons, il nous faut également cumuler cela.
Le plus consternant, c’est qu’il est souvent bien difficile de le faire savoir à ses proches, car l’on se sent illégitime, on a honte de nos faiblesses, on se dit que l’on n’y arrive pas.
Mais des signes doivent vous alerter avant de basculer vers la dépression et le burnout maternel !
Les oublis
Si vous oubliez des choses à faire, la casserole sur le feu, le rendez vous chez le pédiatre, une sortie, une activité, de fermer la porte à clés (ce ne sont ici que quelques exemples), il y a un début de signe d’épuisement. Attention si vous prenez la voiture et que vous êtes épuisée ou que vous avez la tête dans les nuages.
Asthénie le syndrome de la fatigue chronique
Que vous dormiez 7 heures d’affilées ou que vous vous réveilliez toutes les 2 heures, vous êtes épuisée dans votre corps et votre tête, comme si vos batteries sont déchargées dès votre réveil. Attention à l’asthénie.
Vous n’arrivez plus à assurer le minimum vital
Par exemple dans le cadre des repas. Vous commencez à faire du fast food, à réchauffer, à improviser. Vous vous couchez mal et en culpabilité mais vous n’avez plus la force et c’est la débrouille qui prend le pas. C’est un signe fort d’épuisement: vous n’avez plus d’énergie pour vous-même et encore moins pour les autres. Et cuisiner vous semble trop compliqué.
Vous êtes au bord de la crise de nerf et pleurez tout le temps
Votre seuil de tolérance de patience est limite, et vous criez beaucoup après enfants et conjoint. Mais vous vous sentez coupable, c’est « horrible d’être une mauvaise mère », et une spirale de culpabilité s’enclenche alors.
Les thérapies brèves peuvent vous aider
Faites appel à un thérapeute, il est crucial de trouver une solution au plus vite.
Apprenez à dire non, à écouter les limites de votre corps. En parler avec un thérapeute pour ne pas culpabiliser du non, et surtout comprendre les limites à ne plus franchir.
Apprenez à déléguer avec votre conjoint, avec une aide externe ou un membre de votre famille. Arrachez du temps pour vous, être mère n’est pas la panacée, vous n’êtes pas qu’une génitrice, vous êtes une personne à part entière qui a besoin de souffler et de se faire plaisir.
Ne jouez pas le jeu de votre enfant, car plus vous donnez, plus il demandera. Apprenez à vous donner des temps de pause et à lui dire non. Ce n’est pas un acte de désamour.
Stop au cumul des activités
C’est souvent le cumul de responsabilités qui conduit à cet état d’épuisement. Apprenez à refuser, c’est essentiel pour vous préserver. Reportez à plus tard, mais essayez en tout cas de ne plus tout faire dans l’instant.
Impliquez votre partenaire: c’est important de partager les taches et d’en discuter à tête reposée sans confrontations.
Mettez-vous à la méditation ou à la Sophrologie : c’est prendre un temps précieux pour vous. Vous allez apprendre par exemple les postures ou les méthodes de respiration afin de réduire considérablement le niveau de stress et d’anxiété.
Faites accompagner votre enfant par un spécialiste
Si le burnout maternel est directement lié au comportement de votre enfant ( hyper actif, nerveux, insomniaque, caprices, problèmes émotionnels) , parlez en à votre pédiatre et aux professeurs. Ne fermez pas les yeux sur les éventuelles difficultés de développement physique ou émotionnel. Obtenir des réponses et de l’aide permet de réduire les risques d’épuisement pour vous.
Arrêtez de culpabiliser
Prendre du temps pour soi, ce n’est pas être mauvaise !
Et s’épanouir dans son travail ou dans son couple, c’est important aussi pour vous, et donc par répercussion sur vos enfants. Et si vous n’êtes pas le prolongement de votre enfant, que vous êtes plus carriériste que maman poule, c’est votre droit !
Vous éprouvez de la colère ? Vous en avez le droit mais en toute bienveillance
Arrêtez le tiraillement, arrêtez de croire que vous êtes fragile, non vous ne l’êtes pas, vous avez enfanté dans une méga douleur et si vous avez survécu à ça, le reste est possible.
Vous avez le droit de pas vous sentir au top, d’être fragile, de craquer, de fauter, de tout recommencer pour faire mieux la prochaine fois.
Les enfants, ça pousse tout seul, il faut juste leur donner le quota d’amour et de bienveillance, les respecter dans leur différence aussi.
Arrêtez le contrôle total et arrêter de vouloir façonner votre enfant comme vous
Il n’est pas vous. Et même si vous êtes en droit de vous poser des questions, de vous sentir perdue et triste parfois, voire frustrée – car il est pas comme vous voudriez qu’il soit – alors, oui une demande implicite de réconfort, d’encouragement, est permise. Faites-vous accompagner par les bonnes personnes ( psychanalyste, Sophrologue etc) .
Vous n’êtes pas super woman
Il n’y a pas de contrôle total, vous ne pouvez pas tout gérer, et vos enfants ont leur vie à eux. Ils font des erreurs et tombent et se relèvent comme vous, alors arrêtez le sentiment d’échec et la culpabilité, s’ils ne sont pas et ne font pas comme vous.
Arrêtez de transférer vos peurs sur votre enfant
Si l l’inquiétude est normale, ne polluez pas votre enfant avec vos insécurités. Il est sage de se faire épauler, aider, accompagner, par le conjoint et à défaut le thérapeute. Priorisez les démarches. La sophrologie peut aider et soutenir les mamans épuisées !
Arrêter de couver et de trop materner. Il faut parfois couper le cordon ombilical, en particulier quand c’est un ado…
Mieux écouter les mamans
Les mamans doivent être soutenues dans leurs fatigues physique et émotionnelle. Elles doivent pouvoir mettre en mot qu’elles sont débordées et qu’elles ont le sentiment de perdre pied et d’être dépassées, ce quelque soit l’âge de nos enfants. Elles ont le droit à leur espace aussi.
Faites vous confiance, c’est naturel d’être maman
Soyez à l’écoute de vos sentiments, de vos valeurs, de la personne que vous êtes et de ce qui vous semble bon. Même pour Freud, « éduquer est un métier impossible…»
In fine, donnez à votre enfant un sentiment de sécurité.
Il a besoin d’un parent stable, fiable et cohérent, et d’amour. C’est cela qui le fera grandir.
Il n’y a pas de mère parfaite et même Donald W. Winnicott, pédiatre et psychanalyste britannique, expliquait que la mère doit être «suffisamment bonne», c’est-à-dire ni trop, ni trop peu. Pour que l’enfant devienne autonome, il s’agit de l’aimer, mais de ne pas le combler totalement. Lisez ce petit ouvrage accessible: (Payot, Petite bibliothèque : la mère suffisamment bonne ).
La Sophrologie peut vous réconcilier avec vous-mêmes en vous apprenant à :
- Prendre du temps pour vous
- Partager avec d’autres mamans vos peurs
- Vous reconnecter avec vos ressources de confiance, de joie et de motivation
- Mieux gérer émotions, angoisses et stress
- Apprendre à gérer un quotidien sans s’oublier
- Prendre plaisir à être avec son enfant et valoriser le statut de mère
- Découvrir et devenir la maman que l’on souhaite être !
Retrouvez les conseils de Fériel Berraies Thérapeute :
www.feriel-berraies-therapeute.com
Contactez Fériel: fbsophro@gmail.com
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Crédit photo: Alexander Dummer