Comment traiter la résistance à l’hypnose

 

Utilisation d’une technique déguisée

Si, comme nous l’avons vu, une des causes les plus fréquentes d’échec de l’induction hypnotique est la crainte du patient à l’égard de l’hypnose, il semble bien que, comme l’a souligné Fleischer, le moyen le plus simple de surmonter sa résistance est de ne pas l’hypnotiser, mais de lui faire ressentir tous les effets de l’hypnose grâce à la méthode déguisée.

En effet, depuis fort longtemps, on a cru qu’un sujet ne pouvait être hypnotisé que lorsqu’il s’attendait à l’être. Bernheim avait écrit :

« Il faut que l’idée d’être hypnotisé soit présente. »

William James lui-même affirmait : « La condition primordiale du succès est que le sujet s’attende en toute confiance à être plongé dans la transe hypno­ tique. » Pour sa part, Gindes, dans son livre Nouvelles concep­tions de l’hypnose publié en 1951, écrit : « Le sujet ne sera jamais hypnotisé à moins qu’il ne s’attende à l’être. Ces auteurs, dont l’autorité est mondiale, ont donc  décrété  que pour être hypnotisé il fallait s’attendre à l’être.

Or, Fleischer a effectué certaines expériences qui prouvent que lorsque l’on pro­met, non pas l’hypnose, mais la relaxation, les chances de succès sont nettement supérieures. Fleischer conseille donc d’avoir recours à la méthode déguisée qui, par le biais de la relaxation, permettra  d’induire  la  transe  hypnotique.  Voici  comment il recommande d’aborder un patient manifestement résistant. Lors­que vous êtes en présence d’un sujet qui de toute évidence résiste à l’hypnose, soit qu’il vous ait raconté les échecs déjà rencontrés chez lui par d’autres thérapeutes, soit qu’il vous ait dit qu’il sait ne pouvoir être hypnotisé, ou que d’autre part sa conduite, son comportement, vous donnent l’impression d’une coopération insuffisante, vous lui dites simplement :

« Mon­sieur, n’avez-vous jamais appris à vous relaxer ? » Il vous répond en général : ,, Non ! » Vous lui dites alors : « Voulez-vous que je vous apprenne une méthode simple et très efficace de relaxa­tion ? » Et vous enchaînez : « Tout ce que je veux vous apprendre c’est à vous relaxer. Souvenez-vous bien qu’il n’est absolument pas question de vous endormir. » Que faites-vous lorsque vous donnez toutes ces explications ? Vous .supprimez pratiquement toutes les craintes que votre sujet peut avoir. Il se peut qu’il ait peur du sommeil, il se peut qu’il ait peur de l’hypnose, il se peut qu’il ait peur de perdre conscience sans s’en rendre compte. Mais vos propos l’ont rassuré. Comme vous ne lui promettez qu’une simple relaxation, il sera prêt à jouer le jeu. Pour nous résumer, dans ces cas-là, vous insisterez sur le fait :

  • qu’il n’est pas question de mettre le sujet en état hypno­tique
  • qu’il n’est pas question de le faire dormir
  • qu’il se souviendra absolument de tout ce qui va se passer, qu’il gardera une conscience totale.

Une fois ces trois conditions remplies, vous pouvez commencer votre induction avec les plus grandes chances de succès. N’ou­bliez pas que le patient est là pour être aidé et que l’aspect le plus important de votre thérapeutique est de savoir jusqu’à quel point vous pouvez lui être d’un secours efficace.

La croyance que l’on peut obtenir des états hypnotiques en abordant le sujet par surprise persiste chez beaucoup d’hypno­thérapeutes modernes. Cette manière de procéder a été rejetée par la sophrologie.

 

Résistance à l’hypnose conventionnelle

Lorsque vous êtes en présence d’un sujet qui résiste aux techniques conventionnelles (fixation des yeux sur un point,  suggestion des paupières lourdes, etc.), un des moyens de surmonter cette résistance est d’entamer une discussion avec le patient sur ses sentiments, son attitude et ses croyances concernant l’hypnose.

Vous essaierez de lui faire comprendre ce qu’est en réalité le phénomène hypnotique et de réformer ses erreurs de jugement. Dans certains cas, lorsque l’on a besoin d’un résultat rapide avec un patient résistant, sans qu’il soit nécessaire d’établir une rela­tion médecin-malade de longue durée, l’utilisation de la technique d’induction instantanée de Fleischer constitue une arme de choix. Elle s’adresse en effet au patient avec une vigueur et une auto­rité telles qu’elle les conduit à l’hypnose de façon si rapide qu’ils n’ont pas le temps de construire leur résistance.

 

Comment vaincre la résistance en la manipulant

Quelques sujets éprouvent le besoin de montrer qu’ils ne peuvent pas être hypnotisés. Cela peut être lié à un trait de leur personnalité, à leur structure caractérielle. Lorsqu’on est en pré­sence d’un sujet éprouvant le besoin d’afficher une telle supériorité vis-à-vis du thérapeute, il est bon tout simplement de faire repo­ser sur lui-même la responsabilité de l’induction hypnotique. Vous soulignez au sujet que vous n’essayez pas de l’hypnotiser, que vous êtes là pour essayer de lui apprendre certaines choses, mais que c’est lui seul qui a le pouvoir d’induire la transe hypno­tique. Vous ajoutez : « Vous me paraissez suffisamment intel­ligent pour pouvoir le faire » de manière que vos suggestions lui paraissent formulées par lui, parce qu’il a une imagination saine. Si, par exemple, vous voulez obtenir la catalepsie du bras, au lieu de dire : « Quand je compterai de un à trois votre bras deviendra rigide », vous dites : « Utilisez votre imagination et faites que votre bras soit tellement rigide qu’il vous semblera que vous ne pourrez plus le plier. > Vous lui transférez ainsi Je soin de l’opération ; si elle échoue, ce sera son échec et non Je vôtre, ce qui fait toute la différence. Vous dites : « Tendez votre bras droit, faites que votre bras droit soit rigide, que vous ne puis­siez plus le plier. » Vous ajoutez : « Vous le faites très bien. » Si le bras ne se plie pas, ce n’est pas vous qui avez obtenu ce résultat, c’est lui. En d’autres termes, vous utilisez et manipulez la résistance du sujet pour l’aider à atteindre l’état hypnotique.

En somme, vous demandez à votre patient de se faire croire qu’il est en état hypnotique et, chose curieuse, vous réussissez, comme l’a montré Fleischer. Cette technique donne chez l’enfant des résultats  extraordinaires.  On  apprend  aux  enfants  à faire « comme si » et c’est en jouant à s’hypnotiser qu’ils finissent par l’être. Comment le sujet, en jouant l’hypnose, parvient-il à l’hypnose ? Eh bien, parce que lorsqu’il joue comme si son bras se déplaçait tout seul en effectuant des mouvements auto­matiques que vous lui avez suggérés, il arrive à un point où il ne sait plus très exactement si le phénomène est réel ou imagi­naire, et sa faculté critique est alors dépassée : il ne peut plus rejeter les suggestions, il les accepte et l’état hypnotique s’installe progressivement.

 

Utilisation de la loi de l’effet inverse de Coué :

Comme nous l’avons vu, c’est en 1900 que Coué établit la loi de l’effet inverse (plus vous essayez de faire une chose, plus son exécution se révèle difficile). A partir de cette loi, le théra­peute peut utiliser une technique d’induction qui fait intervenir un effet physiologique perceptible par le sujet, même en l’absence de suggestion. Quand vous suggérez : « Il semble que vous ne puissiez plier votre bras » et ajoutez : << Plus vous essayez de le plier, plus il devient rigide » vous suggérez en fait que plus le sujet essaie de plier son bras, moins il est capable de le faire. Comme il faut mettre toutes les chances de son côté, Fleischer conseille, en même temps que vous administrez la suggestion, de maintenir le coude avec la main gauche alors que vous serrez la main du sujet et maintenez son bras en extension avec la main droite, le sujet n’étant pas conscient de l’effort léger que vous faites pour tendre son bras.