Gras saturé : 5 études qui contredisent les idées reçues

Depuis les années 1950, les gens pensent que le gras saturé est mauvais pour la santé.

Cela s’explique par le fait que des études d’observations ont montré que les pays qui consommaient de grandes quantités de gras saturé avaient un taux de décès causé par des maladies cardiaques plus élevé.

L’hypothèse avancée déclare que le gras saturé augmente le taux de cholestérol LDL dans le sang, qui viendrait se loger dans les artères et causerait ainsi des maladies cardiaques.

Bien que cette hypothèse n’ait jamais été prouvée, la plupart des recommandations diététiques officielles se sont basées dessus (1).

De nombreuses études récentes n’ont trouvé aucun lien entre la consommation de gras saturé et l’apparition de maladies cardiaques.

L’article suivant analyse 5 des plus importantes, complète et récentes études sur la question.

1.Hooper L et coll. Réduction de l’apport en gras saturé dans le cadre des maladies cardiovasculaires. Revue systématiques de la base de données Cochrane, 2015.

Détails : Il s’agit d’un examen systématique et d’une méta-analyse d’essais randomisés contrôlés, effectués par la collaboration Cochrane – un organisme de scientifiques indépendant.

C’est probablement la meilleur revue que vous pouvez trouver actuellement. Elle comporte 15 essais randomisés contrôlés avec plus de 59 000 participants.

Chacune de ces études comportait un groupe témoin, réduisait l’apport en gras saturé ou le remplaçait par d’autres types de graisses, a duré au moins 24 moins, et s’est intéressée aux critères d’évaluations comme les maladies cardiovasculaires et les décès.

Résultats : L’étude n’a trouvé aucun effet statistiquement signifiant de la réduction de l’apport en gras saturé sur l’apparition de maladies cardiovasculaires, d’AVC ou de toute cause de décès.

Bien que la réduction de gras saturé n’ait eu aucun effet, le remplacer par des graisses polyinsaturées a entraîné une diminution des risques d’événements cardiovasculaires de 27% (mais pas de l’apparition de maladies cardiovasculaires, d’AVC ou de décès).

Conclusion : Les participants ayant réduit leur apport en gras saturé ont présenté les mêmes probabilité de décès, ou de développer une maladie cardiovasculaire ou un AVC, par rapport aux participants en ayant consommé plus.

Cependant, remplacer partiellement le gras saturé par des graisses polyinsaturées peut réduire le risques d’événements cardiovasculaires (mais pas de décès, ou de développement d’une maladie cardiovasculaire ou d’un AVC).

Ces résultats concordent avec ceux trouvés lors d’une précédente revue Cochrane, effectuée en 2011 (2).

 

2. De Souza RJ et coll. De l’apport en gras saturé et acides gras trans non saturés, et de tout risque de décès, maladie cardiovasculaire, et diabète de type 2 : revue systématique et méta-analyse d’études d’observations. BMJ, 2015.

Détails : Cette revue systématique et méta-analyse analyse des études d’observations sur le lien entre le gras saturé et les maladies cardiovasculaires, les AVC, le diabète de type 2 et les décès causés par des maladies cardiovasculaires.

Les données comportent 73 études, avec 90 500 à 339 000 participants pour chaque critère d’évaluation.

Résultats : Aucun lien n’a été trouvé entre l’apport en gras saturé et le développement de maladies cardiovasculaires, d’AVC, de diabète de type 2 ou tout type de décès.

Conclusion : Les personnes consommant plus de gras saturé n’avaient pas plus de chance de développer une maladie cardiaque, un AVC, du diabète de type 2 ou de décéder, par rapport aux personnes qui en consommaient moins.

Cependant, les résultats de chaque étude individuelle étaient très divers, il est donc difficile d’établir une conclusion définitive d’après ces données.

Les chercheurs ont défini la certitude du lien comme « faible », en soulignant le besoin d’effectuer plus de recherches sérieuses sur le sujet.

 

3. Siri-Tarano PW, et coll. Méta-analyse d’études de cohortes prospectives évaluant le lien entre gras saturé et maladies cardiovasculaires. American Journal of Clinical Nutrition, 2010.

Détails : Cette méta-analyse examine les données des études d’observations sur le lien entre le gras saturé alimentaire et les risques de maladies cardiovasculaires et d’AVC.

Les études comportent un total de 347 747 participants, suivis sur une période de 5 à 23 ans.

Résultats : Pendant le suivi, environ 3% des participants (11 006 personnes) ont développé une maladie cardiovasculaire ou subi un AVC.

Aucun lien n’a été trouvé entre l’apport en gras saturé et une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires, d’infarctus ou d’AVC, même chez les personnes ayant un apport élevé.

Conclusion : Cette étude n’a trouvé aucun lien entre l’apport en gras saturé et le développement de maladies cardiovasculaires.

 

4. Chowdhury R, et coll. Du lien entre acides gras alimentaires, circulants, et sous forme de compléments, et les risques de maladies coronariennes : revue systématique et méta-analyse. Annals of Internal Medicine Journal, 2014.

Détails : Cette étude analyse des études de cohortes et des essais randomisés contrôlés visant à établir un lien entre les acides gras et le risques de maladies cardiovasculaires ou de mort cardiaque subite.

L’étude comporte 49 études d’observations, effectuées avec plus de 550 000 participants, et 27 essais randomisés contrôlés, effectués avec plus de 100 000 participants.

Résultats : L’étude n’a trouvé aucun lien entre la consommation de gras saturé et les risques de maladies cardiovasculaires ou de décès.

Conclusion : Les personnes consommant plus de gras saturé ne présentaient aucun risque accru de développer une maladie cardiovasculaire ou de mourir subitement.

De plus, les chercheurs n’ont trouvé aucun bénéfice à la consommation de graisse polyinsaturées plutôt que de gras saturé. Les acides gras oméga 3 à longue chaîne étant l’exception, en raison de leur effets protecteurs.

 

5. Schwar U, et coll. De l’effets de la quantité et du type des graisses alimentaires sur les facteurs de risques de maladies cardiovasculaires, et les risques de développer du diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires, et le cancer : revue systématiques. Food and Nutrition Research, 2014.

Détails : Cette revue systématique évalue les effets de la quantité et du type des graisses alimentaires sur le poids et les risques de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de cancer.

Les participants comptaient des personnes en bonne santé ainsi que des personnes présentant des facteurs de risques. Cette revue comporte 607 études, dont des essais randomisés contrôlés, des études de cohortes prospectives et des études cas-témoins.

Résultats : Aucun lien n’a été trouvé entre la consommation de gras saturé et une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires ou de diabète de type 2.

Les chercheurs ont découvert que remplacer partiellement le gras saturé par des graisses polyinsaturées ou monoinsaturées peut réduire le taux de cholestérol LDL et réduire les risques de maladies cardiovasculaires, et particulièrement chez les hommes.

Cependant, remplacer le gras saturé par des glucides raffinés peut augmenter les risques de maladies cardiovasculaires.

Conclusion : Consommer du gras saturé n’augmente pas le risques de maladies cardiovasculaire ou de diabète de type 2. Cependant, remplacer partiellement le gras saturé par des graisses polyinsaturées peut aider à réduire les risques de telles maladies, et particulièrement chez les hommes.

 

Résumé

  1. Réduire la consommation de gras saturé n’a aucun effet sur les risques de maladies cardiovasculaires ou de décès.
  2. Remplacer le gras saturé par des glucides raffinés semble augmenter les risques de maladies cardiovasculaires.
  3. Replacer le gras saturé par des graisses polyinsaturées peut réduire les événements cardiovasculaires, mais les résultats quant aux infarctus, AVC et décès ne sont pas concluants.

 

Il est peut-être temps de se débarrasser des idées reçues

Les personnes atteintes de certaines pathologies ou de problèmes de cholestérol peuvent avoir besoin de surveiller leur apport en gras saturé.

Cependant, les études s’accordent sur le fait que pour un individu moyen en bonne santé, le gras saturé n’a aucun lien significatif avec les maladies cardiovasculaires.

Néanmoins, remplacer le gras saturé par des graisses polyinsaturées peut être bénéfique.

Cela ne signifie pas que le gras saturé est « mauvais », simplement qu’il est « neutre », tandis que certaines graisses insaturées sont particulièrement bonnes pour la santé.

En remplaçant un élément neutre par un élément très positif, vous obtenez de clairs bienfaits.

Parmi les sources équilibrées de graisses insaturées, on trouve les fruits à coques, les graines, les poissons gras, l’huile d’olive et les avocats.

Au final, il semblerait qu’il n’y ait aucune raison de s’inquiéter du gras saturé.

D’autres problème méritent bien plus qu’on s’y intéresse, comme éviter les boissons sucrées et la malbouffe, et faire de l’exercice et manger équilibré.

 

Source et crédit photo :

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