ginseng

Tous les incroyables bienfaits du Ginseng: Effets, Propriétés, Indications

Le Ginseng est une herbe vivace, pouvant atteindre 60-80 cm, avec une tige dressée, simple, non ramifiée, qui porte à son sommet un verticille de trois à cinq feuilles divisées elles-mêmes en cinq folioles (auinquefolium) finement denticulées. De la base des pétioles s’élève une modeste ombelle terminale de teinte vert grisâtre, rappe­lant celle du lierre, dont les fleurs, peu visibles, donnent naissance à de petits fruits charnus rouges contenant généralement deux graines. La racine tubérisée, bifurquée, blanc jaunâtre, mesure de 30 cm à plus de 1 m de long pour un diamètre de 5-8 cm à sa partie supérieure : elle possède une faible odeur aromatique et présente une saveur un peu sucrée — rappelant, d’après certains, celle de la Réglisse — qui s’accompagne d’une légère amer­tume.

  • Parties utilisées : racine.
  • Principaux composants: amidon, gomme, deux glucosides (panaquilon), une phytostérine, un consti­tuant chimiquement voisin des hormones sexuelles (l’expérimentation a montré qu’il agit comme la folli­culine : R. Paris).

Propriétés :

  • stimulant (du système nerveux, physique et intel­lectuel)
  • active les échanges (glycogenèse, diurèse avec éli­mination d’urée)
  • revitalisant
  • aphrodisiaque
  • tonique pulmonaire, cardiaque
  • vaso-moteur
  • apéritif
  • stomachique
  • fébrifuge
  • antalgique (douleurs rhumatismales).

Indications :

  • fatigue générale (physique et intellectuelle)
  • convalescences après maladies graves
  • impuissance
  • frigidité
  • affections pulmonaires (pleurésies)
  • inappétence
  • atonie gastrique
  • sénescence, tremblements séniles
  • artériosclérose (vertiges, éblouissements, cépha­lées, bourdonnements d’oreille)
  • syndromes vasculaires
  • affections fébriles
  • affections psychosomatiques.

Comment l’utiliser :

  • en 2e décimale : comprimés à laisser fondre dans la bouche, 4 ou 5 fois par jour, pendant 2 ou 3 mois
  • teinture-mère : 15 à 25 gouttes dans un peu d’eau, 3 fois par jour, pendant 4 à 6 semaines.

Le Ginseng : panacée ou illusion ?

 

Périodiquement, une drogue-panacée réapparaît sous diverses formes sur le marché, avec d’autant plus de suc­cès qu’elle est auréolée du charme mystérieux de son origine extrême-orientale. La vogue renouvelée du Gin­seng est-elle justifiée ?

Un peu d’histoire :

Si certains parlent de plusieurs millénaires, on sait de façon certaine que les Chinois utilisaient déjà il y a 1 500 ans les vertus de la racine de la plante connue sous l’appellation de Ginseng. Le nom originel provient de l’association de deux caractères chinois formant un voca­ble qui se prononce nhôn sâm en vietnamien (quoc ngu) et gin-seng dans la langue mandarine, cette dernière manière ayant prévalu. Cependant, la prononciation or­thodoxe serait celle de la langue pékinoise, jénsieng, d’où le mot de Gen-Seng parfois employé. Sans insister sur les
interprétations données par certains sinologues à propos des signes désignant le Ginseng, on peut dire que le nom de la plante traduit l’aspect de sa racine qui évoque (vaguement) la partie inférieure d’un corps humain, avec ses deux jambes. Le bénéfique Ginseng, comme la malé­fique Mandragore de nos ancêtres, fait ainsi partie de ces végétaux dits anthropomorphes dont on sait à quelles légendes ils ont autrefois donné naissance.

L’histoire moderne du Ginseng est liée, comme c’est aussi le cas pour de nombreuses plantes originaires de contrées lointaines,, à celles des pères jésuites, grands voyageurs devant l’Eternel. L’un d’entre eux, le père Jar- loux avait été chargé par l’empereur de Chine Lang-Hi d’établir la carte de la Tartarie. Dans une lettre de Pékin datée de 1711, il fut ainsi à même d’établir une très remarquable monographie sur le Ginseng, qu’il avait vu à cette occasion aux frontières du royaume de Corée en 1709. C’est églement vers cette époque, en 1718, que le père Lafiteau, missionnaire des Iroquois, publia son Mé­moire concernant la précieuse plante du Ginseng de Tar­tarie découverte au Canada (Panax quinquefolius, Linn.), celle-ci ayant d’ailleurs été précédemment décrite, en 1704, par le médecin québécois Sarrazin. Introduit en France, le Ginseng suscita un engouement dû sans doute au fait que Louis XIV en aurait usé, grâce, dit-on, à un cadeau de l’ambassadeur du Siam. Par la suite, le Gin­seng américain, d’un prix moins élevé, se trouva bientôt en abondance chez les apothicaires, mais l’intérêt porté à la drogue ne dura qu’un temps et, à partir du xixe siècle, « cette racine délaissée se vermoulut dans les officines », selon l’expression imagée d’un auteur de l’époque.

La plante et sa culture

Sans entrer dans des considérations botaniques super­flues, nous nous contenterons de rappeler que le terme Ginseng a longtemps désigné deux espèces du genre Panax, que l’on croyait bien distinctes : P. ginseng, Meyer, d’Asie et P. quinquefolium, Linné, d’Amérique, dont on fait actuellement une seule et même plante.

La variété asiatique est originaire de Corée et de Mand- chourie où elle croît à l’état spontané sur les versants méridionaux des montagnes humides, au bord des ravins, dans d’épaisses forêts, au milieu d’une abondante végé­tation ; sa rareté et la difficulté de sa récolte expliquent les sommes exorbitantes payées par les Chinois pour s’en procurer. Les plantes dites « de cueillette » avaient une valeur inestimable, aussi étaient-elles traitées avec un maximum de précautions. La pratique traditionnelle voulait que la racine soit nettoyée, brossée, puis ébouil­lantée durant quelques minutes, et enfin séchée, de pré­férence à la fumée ; elle était alors placée à l’abri de l’humidité dans une boîte réservée à cet effet. La variété américaine, elle aussi hôte des bois frais, est native d’une région s’étendant depuis le Québec et le Manitoba jusu’à l’Arkansas, la Louisiane, l’Alabama et la Floride : es tonnes de ses racines furent expédiées vers la Chine dès le début du xvme siècle.

Il faut plusieurs dizaines d’années pour qu’un pied sau­vage puisse fournir une racine suffisamment intéressante par son poids et sa qualité, d’où le prix prohibitif des produits de cueillette. Devant une demande accrue et les impératifs économiques én découlant, l’obtention de plantes « de culture » fut naturellement envisagée pour l’une et l’autre sorte. C’est ainsi que le Ginseng fut cul­tivé en Corée dès le début de xixe siècle, de même qu’en Chine, au Japon et en U.R.S.S. où il jouit d’une excellente réputation. Aux États-Unis, la culture du Ginseng, entre­prise aux environs de 1870, s’est poursuivie avec des for­tunes diverses : une grande partie des récoltes passe par

Hong Kong d’où les racines sont largement distribuées dans le Sud-Est asiatique. En culture, quelques années suffisent pour obtenir des racines de bonnes dimensions et bien pourvues en principes actifs. Le Ginseng d’Asie a conservé sur certains marchés, à tort ou à raison, une réputation prééminente et les produits offerts sont en général importés de Corée, ce qui traduit cette préférence.

Propriétés pharmacologiques et composition chimique

Sans parler des histoires fantastiques rapportées à son sujet, le Ginseng, depuis des siècles, jouit d’une extraor­dinaire réputation en Chine et en Corée où il passe pour un reméde quasi universel. On lui attribue une action dépurative, eupeptique, tonique, stimulante qui le fait uti­liser notamment contre les états dépressifs et l’asthénie. C’est le médicament de choix pour les personnes fati­guées, les convalescents et surtout les vieillards, auxquels il passe pour donner une nouvelle jeunesse. Il est consi­déré comme un des meilleurs aphrodisiaques et il n’est pas douteux que cette réputation a grandement contribué à servir son prestige. Le père Jartoux qui l’a essayé, affirme à propos de la racine de Ginseng : « Ce qui est certain, c’est qu’elle subtilise le sang, qu’elle le met en mouvement, qu’elle réchauffe, qu’elle aide à la digestion et qu’elle fortifie d’une manière sensible. » Et il conclut en disant que la drogue produit les meilleurs résultats en tant que tonique et comme excitant. En Extrême-Orient, la façon la plus habituelle de procéder consiste à débiter de petits copeaux de racine que l’on place dans un réci­pient de grès. On verse de l’eau bouillante et on main­tient au bain-marie pendant environ six heures. Ce pro­cédé empirique est tout à fait judicieux si l’on considère que les solvants aqueux se sont révélés, sur le plan expé­rimental, particulièrement indiqués pour l’extraction des principes contenus dans la plante. La décoction finale, concentrée, a la couleur du thé foncé et ne doit être préparée que pour quelques jours : on l’absorbe le matin au lever et le soir au coucher. Les doses varient selon les cas, ainsi que la durée de la cure qui, pour être efficace, peut aller de sept jours à plusieurs mois. Il existe égale­ment divers mixtures et élixirs à base de Ginseng com­posés avec d’autres produits végétaux que l’on ajoute pour améliorer l’effet ou, comme la racine de Bac-ky

 

Les croyances empiriques relatives aux légendaires ver­tus curatives du Ginseng ne sont plus de mise et l’on commence à avoir des données valables à propos de l’action physiologique réelle de la plante. Le Ginseng agit principalement sur le système nerveux central et mani­feste un effet marqué sur les fonctions cérébrales, notam­ment en ce qui concerne les processus d’excitation et de relaxation qui se déroulent dans la région du cortex ; des expériences effectuées sur l’homme et sur l’animal auraient montré qu’il améliore la mémoire. En outre, en activant certaines synthèses dans l’organisme, il augmen­terait le nombre des globules rouges ainsi que la quantité d’hémoglobine et favoriserait la spermatogenèse. De plus, il aurait une action détoxicante pour le foie et abais­serait le taux de cholestérol en cas d’hypertension. Enfin, il exercerait une action favorable sur le rythme cardiaque et les fonctions respiratoires. Peu toxique, il n’est pas à proprement parler un excitant et ne trouble pas le som­meil : il ne semble pas créer d’accoutumance. On notera d’autre part que ses effets ne sont pas extemporanés et ne se manifestent que progressivement, comme c’est sou­vent le cas pour les drogues végétales.

Cette pharmacodynamie complexe peut-elle s’expli­quer par la composition chimique de la drogue, c’est une question à laquelle il est difficile de répondre. On sait que la racine de Ginseng contient des produits banals : amidon, résine, essence, stérols ; des vitamines du groupe B, la riboflavine et la thiamine, ont été également identifiées. On y connaît aussi l’existence des saponines, les ginsénosides, dont la constitution commence à être bien élucidée et qui jouent un rôle prépondérant. Mais de nombreuses obscurités persistent qui ne permettent pas pour le moment une réponse entièrement satisfai­sante. Sans doute peut-on parler de synergie renforça- trice — on dit aussi potentialisation — termes qui s’appliquent lorsque l’effet global de plusieurs principes actifs est supérieur à la somme de leurs effets respectifs. Le phénomène est courant avec les plantes, ce qui fait que, d’une manière générale, elles gagnent à être utilisées sous forme d’extraits totaux ou partiels (infusés, teinture, préparations galéniques concentrées…), plusieurs subs­tances médicamenteuses s’y trouvant associées en un pool thérapeutique d’activité renforcée. Remarquons d’ailleurs à ce sujet que le renouveau actuel de l’emploi des végétaux à des fins curatives est tout à fait judicieux puisque fondé sur une donnée scientifique bien établie. Conclusion

L’activité physiologique du Ginseng n’est pas un leurre, ne serait-ce qu’à cause de certains de ses composants — comme les saponosides, principes ayant une activité mar­quée — dont la présence justifie pleinement l’inscription de la racine à la Pharmacopée française, sous le nom de Panax de Chine, ce qui implique que les formes destinées à l’usage interne ne peuvent être vendues que par les pharmaciens, à l’instar des spécialités, avec toutes les garanties que cette disposition apporte aux utilisateurs.

Dire que le Ginseng constitue une panacée est certes exagéré, mais dire qu’il est une illusion ne l’est pas moins. En stimulant certaines activités hormonales et en réactivant de nombreux processus métaboliques, il agit effectivement comme un stimulant et un défatigant. Mais encore ne faut-il pas en abuser, des doses trop importan­tes ou une utilisation trop prolongée étant susceptibles de provoquer certains inconvénients. Quant à ses vertus aphrodisiaques, sans les nier a priori, il reste à en prou­ver le bien-fondé, mais ceci est une autre histoire…

 

Crédit photo: t1.uccdn.com