6 incroyables effets de l’hypnose sur le corps humain

Les hypnotiseurs, qui ont hérité pour une large part les idées du magnétisme, ont maintenu la croyance en l’existence d’une corrélation étroite entre la profondeur de l’hypnose et le degré de suggestibilité de l’hypnotisé.

Les hypnotiseurs ont toujours défendu l’existence de phénomènes propres à certains niveaux de profondeur. Caycedo et son école ont démontré qu’il n’existe en réalité aucune corrélation directe de ce type.

Nous essaierons cependant d’aborder ici quelques phénomènes qui furent décrits à cette époque de transition. Erickson a noté qu’il est possible d’en obtenir deux types chez l’homme au cours de la transe : les phénomènes psychologiques et les phénomènes physiologiques. Cette distinction est quelque peu arbitraire. En effet, comme Moll le fait remarquer très justement, les troubles de certaines fonctions sont uniquement liés, le plus souvent, à des modifica­tions de l’état psychique du sujet.

Prenons l’exemple d’un sujet pris sous un bombardement et paralysé par la peur : il est cloué sur place, ses membres refusant d’obéir. Cette impossibilité à se mouvoir est causée par une inhibition liée au traumatisme psychique, à la peur qui lui coupe bras et jambes et non pas due à une cause musculaire quelconque.

Pendant la sophronisa­tion, on assiste, parallèlement à la modification de l’état de conscience du sujet, à des altérations importantes touchant la musculature striée ou lisse, les organes des sens, l’activité men­tale et les émotions, la mémoire.

En établissant une échelle de profondeur de l’hypnose, les hypnotiseurs ont rattaché certains phénomènes à des niveaux de profondeur, ceux-ci leur servant de points de repère pour apprécier le degré de profondeur de la transe. Ce faisant, ils ont codifié l’erreur. En réalité, tous ceux qui ont manipulé les techniques sophroniques savent qu’il n’en est rien : certains phénomènes qui sont réputés ne s’observer que lors de la sophronisation profonde peuvent fort bien appa­raître en hypnose légère.

Tous les sophrologues-odontologues savent que bien souvent l’anesthésie du maxillaire peut s’obtenir facilement au cours d’une transe légère ou moyenne. De même que, si théoriquement l’anesthésie complète n’est obtenue au cours de l’accouchement sans douleur qu’en sophronisation pro­fonde, les obstétriciens ont pu constater que les parturientes accouchaient sans la moindre douleur en sophronisation légère.

1) La motricité

Parmi les altérations qu’est capable d’induire l’hypnose sur les fonctions motrices, les plus importantes sont celles touchant l’activité des muscles striés qui peut être à volonté augmentée, diminuée, inhibée.

Catalepsie rigide

Ce phénomène, qui se produit pendant la transe hypnotique, est essentiellement caractérisé par une contracture rigide suggérée de certains groupes musculaires. C’est ainsi qu’un bras ou une jambe peuvent être placés dans une position et y rester long­temps sans que le sujet présente le moindre signe de fatigue appa­ rente.

On peut même lui suggérer la catalepsie de tous ses muscles et réaliser ainsi un numéro fort spectaculaire, cher aux hyp­notiseurs de music-hall, mais non dépourvu de danger : la plan­che humaine. Le corps du sujet, ayant été rendu complètement rigide par des suggestions appropriées, est placé sur deux chaises, la tête reposant sur la première, les pieds sur l’autre. On fait asseoir une ou même deux personnes sur l’abdomen du sujet sans que celui-ci éprouve la moindre gêne

Certains sujets peuvent ainsi supporter des poids considérables. Spécifions qu’il est impossible d’obtenir de telles performances avec le même sujet par suggestions à l’état de veille. Tout se passe donc comme si l’hypnose entraînait, comme le signalait Rigers dès 1884, une augmentation de la résistance physique à la fatigue et un certain degré d’analgésie à la douleur musculaire. Charcot et Bernheim eux-mêmes avaient remarqué que le trem­blement musculaire déclenché par la fatigue pouvait être consi­dérablement influencé par la suggestion.

Toute une série de travaux, en particulier ceux d’Eysenck, ont montré, grâce à l’uti­lisation de mesures dynamométriques, une amélioration de 43% du rendement musculaire chez les sujets en état d’hypnose. De même en est-il de Hiller, Muller-Hegemann et Wendt de Leipzig, qui ont étudié les performances sur bicyclette crgométriqucs ; ils ont mesuré la consommation d’oxygène et l’élévation du pouls chez les sujets soumis avant l’effort à un repos normal ou à des exercices d’auto-hypnose (training-auto­ gène de Schultz). Ils ont constaté une nette amélioration des performances musculaires des sujets ayaut pratiqué préalable­ ment des exercices d’auto-hypnose. Enfin, Povers, Calamera et Narvatz de Kanter, ont montré récemment que la suggestion en état d’hypnose d’une activité physique déterminée, si elle atteint un degré suffisant, est capable de provoquer certaines variations chimiques dans les muscles en particulier de la lacta­ cidémie, qui sont comparables à celles que produit l’activité réelle.

2) Contractures et mouvements automatiques

La suggestion peut réaliser des phénomènes moteurs du même ordre que la catalepsie.

Par exemple, si l’on suggère à un sujet en état d’hypnose de fermer sa main fortement, et si on lui dit qu’il lui est impossible de l’ouvrir, sa main restera fermée en contracture. Au lieu de la contracture, on peut suggé­rer certains mouvements automatiques. On fait lever les deux bras horizontalement, les avant-bras pliés à angle droit ; on fait tourner les avant-bras l’un autour de l’autre et, spontanément, le sujet continue à les tourner ; c’est l’automatisme rotatoire. Ce phénomène peut se produire sans aucun commandement, par la simple impulsion donnée ; nous avons affaire alors à une suggestion non verbale ; elle peut se produire en disant au sujet :

« Vos bras tournent, vous ne pouvez plus les arrêter. »

Cet automatisme plus ou moins irréversible peut servir, comme nous l’avons vu, à approfondir la transe hypnotique.

3) Paralysies

Les suggestions de relaxation, d’hypotonie, de paralysie, en­traînent chez les sujets une véritable impossibilité de mobiliser les groupes musculaires concernés. On sait que la suggestion de relaxation entraîne en général un sentiment de paresse, d’inhi­bition des mouvements.

Au fur et à mesure que l’état s’appro­fondit, le tonus musculaire diminue considérablement, au point de rendre parfois tout mouvement impossible. C’est ainsi que si l’on a suggéré à un sujet que ses membres inférieurs étaient paralysés, il se trouve daus l’impossibilité de s’en servir, et ce pour deux raisons : soit qu’il se trouve dans un état profond où il est tellement bien qu’il n’a aucune envie d’essayer de bou­ ger, soit qu’il essaie effectivement de bouger mais qu’à ce mo­ment-là, comme l’a remarqué Weitzenhoffer, son mouvement est bloqué du fait de l’activation simultanée des muscles antago­nistes neutralisant toute activité motrice. Remarquons que la pa­ralysie suggérée peut toucher des groupes musculaires peu impor­tants tels que les muscles des paupières dans leur catalepsie, ou des groupes musculaires beaucoup plus importants (bras, jam­bes) ; qu’elle n’a pas une topographie radiculaire, mais qu’elle est basée essentiellement, comme l’a noté Wolberg, sur la conception que le sujet se fait lui-même de la paralysie.

4) Fréquence cardiaque

Le cœur : en règle générale, l’induction hypnotique n’a pas d’effets notables sur la fréquence cardiaque. Cependant, lorsque l’on donne sous hypnose des suggestions convenables, on peut parfaitement accélérer ou ralentir le rythme cardiaque. Dans la méthode de Schultz, le sujet peut obtenir une augmentation ou une diminution de cette fréquence après concentration passive sur des formules correspondantes ; par exemple : « mon cœur bat lentement, calmement », ou « mon cœur bat plus vite, plus vite » . Nous-même, en pratiquant le training-autogène sous sophronisation, avons toujours constaté un ralentissement plus ou moins net du rythme cardiaque chez tous nos sujets. Binswanger et Stockvis avaient déjà signalé cette possibilité.

5) Tension artérielle et vaisseaux sanguins

Il est certain que la sophronisation avec des suggestions de relaxation, de calme, entraîne non seulement une diminution de la fréquence cardiaque mais encore une baisse de la tension artérielle de 10 à 30%. Klembies et Eberhardt, au IV’ con­grès mondial de Psychiatrie, ont rapporté des observations rela­ tives à vingt-six sujets, de quatorze à soixante-quatre ans, présen­tant une tension artérielle excessive ; celle-ci, en moyenne, était de 165/ 100 ; après quatre mois de traitement par training­ autogène, c’est-à-dire par une méthode d’autosophronisation, la tension artérielle moyenne était descendue à 130/90.
Lloyd Tuckey, en 1921, avait signalé que les petites artères et les capillaires se maintenaient toujours en état de constriction pendant la transe hypnotique profonde, de telle sorte que même des blessures profondes ne saignaient que très peu. Cette obser­vation fut confirmée par de nombreux odontologues qui cons­tatèrent une absence de saignement, ou des saignements très peu importants, lors des extractions pratiquées en état sophroni­que profond. De nombreuses investigations ont montré que la suggestion peut, dans une certaine mesure, influencer nettement la circulation artérielle au niveau d’un membre ou d’un organe.

Il est facile de provoquer une hyperhemie des téguments avec transpiration, par suggestion de chaleur ; de même, la suggestion de froid provoque une vaso-constriction. On sait que, pendant le training-autogène de Schultz, la vaso-dilatation commence lorsque le sujet ressent la pesanteur. Plus la sensation de pesanteur est ressentie, plus la vaso-dilatation est importante. Langen a montré que les sensations de chaleur suggérées en état sophronique ne déterminaient pas une vaso-dilatation aussi rapide et aussi impor­ tante que celle obtenue pendant l’état autosophronique, même si la sensation de chaleur semblait être plus importante.

6) La respiration

De nombreux enregistrements pnemnographiques pratiqués par Flcischcr ont prouvé que, chez la majorité des sujets, l’in­ duction de l’état sophronique ne produit aucun changement nota­ ble du rythme respiratoire. Ce n’est qu’en faisant au malade la suggestion de sommeil que se déclenchera le ralentissement du rythme respiratoire qui s’observe normalement au cours du sommeil.

C’est la raison pour laquelle la suggestion de respiration calme et profonde constitue une excellente méthode d’approfon­dissement car, par le biais du ralentissement respiratoire, vous suggérez inconsciemment le sommeil à votre patient.

7) Digestion

En 1933, Platonov et Beztcbinskia étudièrent les modifica­ tions radiologiques de l’estomac chez dix sujets, sous l’influence de suggestions sophroniques d’émotions diverses positives (joie, enthousiasme) et négatives (ennui, horreur). En état sophronique, l’estomac s’abaissait, le péristaltisme diminuait. Ils constatèrent que la suggestion de joie entraînait une ascension de l’estomac, une accélération du péristaltisme et de l’évacuation. La suggestion de peur provoquait une ascension plus grande. Chez certains sujets, le péristaltisme était très vif, chez d’autres il s’arrêtait complètement. Lorsqu’on suggérait à des sujets la sensation de faim, on notait une augmentation du péristaltisme et une ascen­ sion de l’estomac ; la satiété, lorsqu’elle était suggérée, entraînait une dilatation de l’estomac avec diminution du péristaltisme.

 

Platonov a fait une étude remarquable des modifications de la sécrétion gastrique en état sophroniquc. Selon lui, la suggestion d’émotions négatives entraîne des modifications importantes du chimisme gastrique, l’acide chlorhydrique libre pouvant complè­ tement disparaître. La suggestion d’émotions positives normalise au contraire la composition du suc gastrique. Heyer, de son côté, en 1925, avait déjà observé des phénomènes identiques. Chez des sujets en état sophronique, il avait suggéré l’absorption d’aliments divers. Les analyses du suc gastrique montrèrent que, d’une part, le volume de suc gastrique sécrété était directement proportionnel à la puissance des suggestions et que, d’autre part, l’activité protéolytique était caractéristique de l’aliment suggéré.

Il a été démontré par ailleurs que les suggestions d’anxiété, de tristesse ou de joie, peuvent augmenter la sécrétion de la bile, ou la diminuer. Boule et Preobrajenskaia ont étudié la fonction vésiculaire du sujet normal sous état sophronique, sur des sujets âgés de quinze à soixante ans. Quatorze à quinze heures après l’absorption de la substance de contraste, ils étaient placés en état sophronique profond, tout en restant debout ; on leur sug­ gérait une sensation de satiété consécutive à l’absorption d’un repas gras et copieux. Ces auteurs découvrirent que cette sug­ gestion produisait une modification très nette de la forme et de la situation de la vésicule. L’état sophronique par lui-même entraîne un abaissement de la vésicule qui peut être expliqué par l’hypotonie de ses parois. La suggestion de l’absorption d’une nourriture grasse et savoureuse produit une modification de la forme et de la situation de la vésicule biliaire dont le pôle inférieur a tendance à dévier à droite. Cette réaction s’explique par le fait qu’elle subit un début d’évacuation dû à la contraction de ses parois qui amène une réduction de son volume. Cette diminution régulière et progressive a été constatée par Boule et son collaborateur chez tous les sujets d’expérience. Ils ont également montré qu’une émotion négative pouvait déclencher un spasme vésiculaire avec stase biliaire consécutive. Comme le fait remarquer Boule, ces constatations constituent une preuve directe et formelle de l’influence des traumatismes psychiques sur les spasmes des sphincters et la stase biliaire consécutive.

8) Les sécrétions

On peut augmenter très nettement la sécrétion salivaire par des suggestions appropriées. Il en est de même de la sécrétion lacrymale, si l’on suggère au sujet qu’il pèle uu oignon, ou encore une très forte émotion négative. Bowels et Pranko ont démontré que, lorsque l’on donne de l’eau à un sujet, la salivation peut être modifiée selon qu’on lui suggère que cette eau a une saveur douce ou acide. La lactation peut être augmentée très sensiblement par suggestion en état sophronique. Par contre, il ne semble pas que l’élimination urinaire puisse être modifiée. Farris, Garrison et Hayns ont recherché s’il était possible d’amé­ liorer par la suggestion la production des spermatozoïdes chez certains hommes stériles et, après examens quantitatifs de huit échantillons, ils sont parvenus à la conclusion que la suggestion n’avait amené aucun changement.

9) Métabolisme

Il est possible de déclencher chez des sujets en état sophro­nique profond des modifications nettes de la glycémie. Des résul­tats apparemment contradictoires, publiés par certains auteurs, tiennent uniquement au fait que les expériences n’ont pas été faites dans un état suffisamment profond.

Stein a montré que l’on pouvait augmenter ou diminuer la glycémie de sujets nor­maux ou diabétiques, en état sophronique, en leur suggérant que leur pancréas sécrétait davantage ou moins d’insuline. Cette étude a été confirmée par celle de Gigon, Aigner et Broche. Ces auteurs, suggérant à des diabétiques en état sophronique que leur pancréas allait sécréter davantage d’insuline et qu’il s’ensuivrait une diminution de la glycémie et de la glucosurie, observèrent une baisse nette de la glycémie. Nilsen a démontré que l’on pouvait même bloquer les effets d’une injection d’insu­ line ou d’adrénaline par des suggestions appropriées. Kretschmer et Krugger ont démontré qu’il est possible de modifier la calcé­ mie, soit par des suggestions de relaxation qui ont pour effet de la diminuer, soit par des suggestions d’agitation qui, au con­ traire, l’augmentent. Alnaes et Skaug ont étudié les modifications de la cortisone plasmatique au cours de la sophronisation et de l’autosophronisation.

En état d’hétérosophronisation, le taux de cortisone sanguine diminue lentement et atteint des valeurs nettement inférieures à celles obtenues au cours d’un repos normal. Les auteurs ont déterminé la concentration des dix-sept hydroxi-corticostéroïdes par la méthode de Petterson. Chez les sujets entraînés à la pratique dn training-autogène de Schultz, le taux de cortisone plasmatique baisse davantage et cette baisse persiste après la fin de l’exercice. Pour fixer les idées, disons que les auteurs ont obtenu chez un sujet une diminution, en vingt minutes, du taux de cortisone de 33,7 à 15,4 gammas pour 100. Polzien a étudié les modifications du métabolisme de base chez des sujets présentant un certain degré d’hyperthyréose. Ces sujets pratiquaient le training-autogène de Schultz, et Polzien leur de­ mandait de se concentrer pendant un quart d’heure sur la sensa­tion de pesanteur. Il nota une diminution du métabolisme de base d’une moyenne de 5,2%. Ces faits ont été confirmés par une étude de Luthe qui étudiait les variations de l’iode pro­téïque et de l’iode total sérique au début et pendant des traite­ments autosophroniques.